Les vers de Luuk 1
Le recueil du poète belge Luuk Gruwez, né en Flandre Occidentale, attendait la lectrice peinte par George Richmond. Un recueil intitulé Poèmes dissolus, publié en 2005 dans la collection « Escales du Nord » au Castor Astral, qui traite entre autres thèmes de la solitude avec une grande puissance d’évocation et duquel la lectrice de ce soir a extrait ce texte :
Le perdant magnifique
J’aimais la gaze la plus fine du désir
comme le zéphyr le corps de la baigneuse
et partout où j’allais, me ceignait l’angoissant
agrément d’un voile de flétrissure.
Et tout au long d’une saison tombait le soir.
Et lorsque — le haut sur le vent —
le désir de blessa à la convoitise,
combien n’aimai-je pas cette perte magnifique,
comme si le souffle d’une passion me perdait,
encore qu’à peine on embrassait
l’ostensoir d’une seule bouche.
Et chaque soir venait l’automne.
Et chaque fois que le plus gracieux des automnes
m’offrait un gîte dans le vent,
je trouvais dans un bruissement, un tremblement,
une maison pour être sans abri.