Lali

Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
Dis, combien l’absence, même d’un jour,
Attriste et attise l’amour,
Et le réveille, en ses brûlures endormies?

Et je voudrais baiser leurs doigts qui t’ont touchée,
Et leur crier des mots qu’ils ne comprendraient pas,
Et j’écoute longtemps se cadencer leur pas
Vers l’ombre où les vieux soirs tiennent la nuit penchée.

Émile Verhaeren, Les heures claires

*choix de la lectrice de Joshua Johnson

Sauver les enfants, leitmotiv et raison d’être de Vivette Samuel, qui en a fait le combat de toute une vie et dont elle trace les grandes lignes dans un récit publié en 1995 chez Liana Lévi.

Celle qui a consacré la plus grande partie de son existence à l’OSE (Œuvre de secours aux enfants) — elle en a même été directrice de 1979 à 1983 — est née à Paris en 1919 de parents originaires d’Odessa et est étudiante en philosophie à la Sorbonne lorsqu’est déclarée la guerre. Déjà sensibilisée au sort des enfants, car elle s’était rendue en janvier 1939 à Barcelone afin d’apporter du lait aux enfants des républicains espagnols, elle s’engage très vite dans ce combat qui l’animera toute sa vie et qui débute en 1941 alors qu’elle est envoyée au camp de Rivesaltes. C’est là une des nombreuses missions qu’on lui confiera et dans chacune d’elles elle mettra toute son énergie afin que des enfants puissent être sauvés. Et nombreux sont ceux qu’elle épargnera de la déportation et de la mort.

Mais ce n’est pas pour mettre en lumière son propre travail que Vivette Samuel a écrit Sauver les enfants, mais bien pour qu’il reste des traces, car pendant près de dix ans, elle s’est appliquée à reconstituer les archives de l’OSE, constatant que celles-ci étaient éparpillées ici et là suite aux déménagements et aux décès des personnes impliquées. Et c’est à ces dernières qu’elle rend hommage tout comme elle nous montre le courage de ces enfants arrachés parfois de force à la mort sans qu’ils n’aient vraiment conscience de ce à quoi ils étaient destinés.

Vivette Samuel s’est éteinte en 2006. Le témoignage qu’elle a laissé est un message d’espoir. Si l’OSE et les nombreux organismes dédiés aux enfants n’ont pu et ne peuvent toujours pas sauver tous les enfants, ils existent et ils mettent tout en œuvre pour le faire et pour cela méritent notre respect et notre admiration.

Le temps d’une promenade en compagnie de Chantal, ces quelques photos qui respirent la paix et la tranquillité.

Et si je proposais à la lectrice peinte par Marie Laurencin un de mes premiers billets au pays de Lali? Même s’il date de plus de cinq ans, il me semble toujours d’actualité!

C’est ce que nous offre Armando grâce à cette photo…

Ce n’est pas dans la nouveauté, c’est dans l’habitude que nous trouvons les plus grands plaisirs. (Raymond Radiguet)

*toile de Lilian Westcott Hale