Lali

10 juin 2008

Ce qui est né une nuit d’été

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:56

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Le livre est resté ouvert et les roses ont séché dans le pot où il les avaient disposés avec amour. Traces de lui, dans le décor de Brian Ballard, traces de lui pour que fleurisse chaque jour ce qui est né une nuit d’été. Parce que la vie avait rendez-vous avec eux.

Porte ouverte sur un jardin

Filed under: Vos traces — Lali @ 8:01

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Une porte ouverte sur un jardin. On dirait une invitation, non? Pour en savoir plus, il faudra suivre Denise, c’est elle la photographe et la guide au pays des jardins. Tu nous racontes un peu, chère amie?

Anton

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 7:35

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Anton était arrivé tard dans la vie de Charlotte. À l’âge où on n’attend plus de tels cadeaux de la vie. À l’âge où on s’est fait une raison. Où on se dit que le temps est passé.

Tard. Trop tard pour porter leurs enfants, elle qui n’en avait jamais voulu avec quiconque. Mais qui, à cinquante ans, réalisait qu’elle aurait aimé en avoir. Avec lui.

Tard. Si tard. Mais pas trop tard. Pas trop tard pour qu’à deux ils créent quelque chose qui s’apparentait à une forme de progéniture.

Anton avait toute sa vie traduit des textes du russe à l’anglais. Et griffonné ici et là quelques billets. Souvent en russe, mais aussi en français. Une langue qu’il disait ne pas maîtriser à son goût, mais qui la ravissait, elle, avec des tournures bien à lui, des mots inventés, des images vivantes et savoureuses. Bien sûr qu’il s’égarait dans les virgules et le pluriel. Et puis, était-ce si important? Elle les arrangeait, privilège de première lectrice.

Et les livres avaient défilé au fil de vingt ans de vie commune. Parfois salués avec éclat. D’autres fois passant inaperçus. Et les livres étaient venus à eux, comme viennent des enfants. Dans l’amour. Dans la complicité. Dans la joie de les voir grandir.

Et chaque fois qu’il doutait, il prenait tous ses livres, les carnets barbouillés de sa calligraphie stylisée et même les plumes qu’il collectionnait pour les ranger dans le bas d’une armoire. Et chaque fois qu’il faisait ce geste, elle restait là, impuissante. Tout ce qu’ils avaient en dehors de leur amour c’était ça. Des mots. Des mots qu’il punissait, comme on aurait puni des enfants en les enfermant dans leur chambre.

Puis, il ouvrait l’armoire, comme on glisse la tête à l’intérieur de la chambre de l’enfant. Et il se remettait à jouer avec les mots comme il aurait fait une partie d’échecs avec son fils aîné.

Mais chaque fois qu’il faisait ce geste, elle tremblait. Et si cette fois, il n’ouvrait plus jamais le bas de l’armoire? Et si cette fois, il ne regardait plus les oiseaux pour décrire leur vol? Et si cette fois, il s’enfermait avec ses doutes parce que d’autres écrivaient, selon ses dires, mieux que lui, alors qu’il écrivait tout simplement autrement? De sa manière à lui. La seule qu’il connaisse. La seule qu’elle lui connaisse.

Et si cette fois, il ne laissait plus les mots aller jusqu’à lui puis à elle? S’il freinait ce désir et cette sève qui jaillisssait de lui? Et elle tremblait, là, tout au fond de la pièce.

Elle qui n’avait pu lui donner d’enfant autre que des virgules ou des majuscules, elle dont on n’avait jamais caressé le ventre arrondi par l’amour, était fière de ces enfants bien rangés sur un rayon de la bibliothèque. Les leurs.

Mais si les livres ne retrouvaient plus l’endroit où ils s’agglutinaient côte à côte depuis vingt ans?

Elle se dira que tout a été vain pour que le père rejette ainsi ses enfants. Leurs enfants. Les seuls qu’ils auront jamais. Et elle posera la main sur ce ventre qui sera plus stérile que jamais.

*sur une toile de Mabel Hill

Le mot glissé au fond du tiroir

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:46

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Et puis, un matin, elle ne se réveilla pas. Elle en avait fini avec son parcours inutile et stérile. Où elle a fait ce qu’on a attendu d’elle. Où elle a été jour après jour fidèle aux règles établies. Un parcours qui l’avait rendue muette et appliquée. Une vie où elle ne dérangeait plus personne.

Bien sûr qu’elle avait tout raté. Elle le savait. Depuis longtemps. Depuis longtemps avant le jour du grand sommeil qu’elle attendait depuis longtemps.

***

Quelqu’un s’asseoira à sa place, ouvrira ses tiroirs. Et celle qui sera assise là trouvera peut-être le mot que la lectrice de Vladimir Vasicek a glissé au fond d’un de ceux-ci. Nul n’est irremplaçable. Je ne dois jamais l’oublier.

9 juin 2008

Les vers de Sophia 11

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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La lectrice d’Otto Herschel a retrouvé Malgré les ruines et la mort, le recueil de Sophia de Mello Breyner que quelques lectrices avaient tant aimé il y a quelques semaines. Et au fil de sa lecture, elle a choisi quelques vers pour nous.

Terreur de t’aimer…

Terreur de t’aimer en ce lieu si fragile qu’est le monde.

Souffrance de t’aimer sur cette terre d’imperfection
Où tout casse et tout nous rend muets
Où tout nous ment et nous sépare.

Le printemps du verbe aimer

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:58

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Elle serait femme. Elle serait livre. Elle serait fleurs. Elle serait à elle seule l’univers. Et il se perdrait en elle comme on renaît à la vie, comme on retrouve ses sens perdus, comme on reconnaît la direction du vent. Et la lectrice de Charles Vincent se perdrait en lui, elle connaîtrait enfin le printemps du verbe aimer.

Les conseils

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:09

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On ne peut prétendre connaître le Québec tant qu’on ne l’a pas vécu, et j’insiste sur le mot vécu. Vécu de l’intérieur, vécu sur place, vécu à l’extérieur, c’est-à-dire dehors, par grand froid, avec cet hiver qui n’en finit pas de finir et une chaleur accablante, digne des tropiques, qui nous tombe dessus d’un seul coup de façon épisodique. Parlez-en à la lectrice d’Adeline Golminc-Tronzo. Elle vous mentionnera cette humidité qui colle à la peau en fines gouttelettes. Elle vous dira combien le moindre vêtement devient trempé de sueur dès qu’il est enfilé. Elle vous dira elle aussi qu’il faut avoir vécu les extrêmes de ce pays pour comprendre. Pour comprendre cette phrase qui dit que les Québécois sont faits forts. Car il faut une certaine force, j’en suis convaincue, pour être en mesure de supporter le grand froid et la chaleur qui donne parfois la nausée.

Elle vous dira aussi de bouger le moins possible, de ne pas porter de vêtement et de sortir un ventilateur. Règles de base pour ceux qui n’ont pas l’air climatisé ou qui n’en veulent pas. Et elle vous dira aussi que rien ne vaut de l’eau bien fraîche avec une tranche de lime, et un livre.

Se pourrait-il que le bonheur ait un goût?

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:37

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Elle rentrera. Elle se fera un café. Peut-être ouvrira-t-elle le courrier. Peut-être pas. Il est des semaines où elle peut le laisser s’accumuler pour ouvrir toutes les enveloppes d’un seul coup.

Elle attendra que le café soit moins chaud. Puis, tranquillement, le boira. Et peut-être une minute pensera-t-elle aux cafés bus avec lui. Qui goûtaient autre chose que le café. Se pourrait-il que le bonheur ait un goût? pensera la lectrice de Denis Ichitovkin. Peut-être bien, lui dirai-je.

Le clin d’œil complice des fleurs

Filed under: Signé Armando,Vos traces — Lali @ 8:18

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Je crois bien qu’elles lui ont souri pour que les fleurs qu’Armando a prises en photo aient l’air de nous faire un clin d’œil complice en ce début de semaine. Vous le voyez aussi?

Elle est là, n’ayez crainte

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:13

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Ce n’est pas parce qu’il n’y avait que des livres hier et que j’ajoute maintenant ceux peints par David McCosh que tous ces bouquins m’ont fait perdre la tête. La toile pour le En vos mots de la semaine a été accrochée, n’ayez crainte. Elle est là, elle est à vous pour la semaine. Comme nous en avons pris l’habitude.

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