Les vers de Sophia 17
La lectrice de George Kars attend son tour depuis des semaines. Depuis ce premier jour, il y a déjà un moment, où une lectrice a ouvert le recueil de Sophia de Mello Breyner, Malgré les ruines et la mort. On lui avait parlé de la poète bien avant qu’elle ne la lise ici. On lui avait même un jour donné à lire un poème dont elle se rappelait quelques phrases. Si bien que c’est celui-là qu’elle a cherché, celui-là qu’elle voulait partager avec nous.
Parce que les autres se déguisent et toi non
Parce que les autres évoquent la vertu
Pour acheter ce qui ne mérite pas pardon
Parce que les autres ont peur et toi non.
Parce que les autres sont des tombeaux chaulés
Où en silence la pourriture fermente.
Parce que les autres se taisent et toi non.
Parce que les autres s’achètent et se revendent
Et leurs gestes produisent encore des dividendes.
Parce que les autres sont habiles et toi non.
Parce que les autres marchent à l’ombre des abris
Et avec le danger main dans la main tu marches.
Parce que les autres calculent et toi non.









