En vos mots 928
![](https://lalitoutsimplement.com/wp-content/uploads/2025/01/GENN-Robert.jpg)
Alors que février vient tout juste de débuter, je vous propose cette semaine de faire vivre en vos mots ce tableau de l’artiste canadien Robert Genn.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc amplement le temps d’examiner la scène sous tous les angles avant d’écrire quelques lignes, et même de lire les textes déposés sur la scène livresque de la semaine dernière. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bon début de mois, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Qu’il le sirote tranquillement chez lui ou dans un bar voisin de son travail, Robert n’aurait manqué sous aucun prétexte son café du matin accompagné de la lecture du journal. Il recevait ce dernier très tôt dans sa boîte aux lettres, et n’imaginait pas commencer sa journée sans l’avoir épluché à l’aise et avec circonspection. Pour cela, il se levait de bonne heure. Et son petit déjeuner du matin était sacré.
Bien sûr, les nouvelles étaient rarement bonnes. Et il se permettait de douter de certaines informations, ainsi que de la manière dont elles étaient présentées. C’est pourquoi il achetait parfois sur son chemin l’un ou l’autre quotidien d’un bord différent, afin de pouvoir confronter les points de vue. Surtout les pages politiques l’intéressaient. Il survolait ensuite très rapidement les publications culturelles, pour passer plus vite à la rubrique sportive. Et s’il disposait encore d’un peu de temps, il s’essayait à la résolution des mots croisés et autres jeux proposés à la perspicacité des lecteurs. Honnêtement, il arrivait souvent qu’il doive attendre le lendemain pour compléter certaines réponses.
Dire que son café et sa gazette suffisaient amplement à rendre agréables ses débuts de matinée ne serait cependant pas tout à fait exact. Car à ces agréments s’ajoutait un autre plaisir, et pour lui non des moindres: celui de la première cigarette du jour. C’est ainsi que, entouré d’un écran de fumée installant peut-être entre lui et les désastres de l’actualité une certaine distance, Robert se préparait à affronter les longues heures de labeur qui le ramèneraient chez lui le soir en général harassé.
Comment by anémone — 5 février 2025 @ 17:38
Bistro du Temps Perdu. Drôle d’endroit. On entend des gazouillis. Comme des confidences. Une pinte. Rousse à l’érable. Je lis mon journal.
Page deux. Un homme ivre zigzague sur le trottoir. Une enfant le suit. Des gens ricanent. Comme les hyènes. L’homme, amer, grogne de vulgarités. L’enfant est seul, le regard hagard, il semble chercher sa mère. En vain.
Page trois. Un jeune homme découvre le monde comme un enfant découvre les premières images d’un livre d’Hector Malot. Sans famille. En couleurs. L’espoir.
Pleine page. L’avion. Montréal et Québec en quelques jours. Et les yeux fermés. Images que l’imaginaire embellit. Un jour peut-être. Pleine page rêveuse. Encore.
Page dix. Rubrique musicale. Julien. Daniel. Rapsat. Révélations. Puis. Quelques mots jetés dans la nuit: « Il suffirait d’une colombe »… Et coup de cœur.
Pages suivantes. Découvertes. Espoirs. Le temps passe. En musiques.
Bistro du Temps Perdu. Drôle d’endroit. On entend des gazouillis. Comme des cicatrices. Mauvais rêve. Foutue pleine page. L’avion. Montréal et Québec en quelques jours.
Tourner la page. Se relever. Confucius avait peut-être raison. « La gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever après chaque chute. »
Pleine page encore. L’affiche: À vous, le Canada en mieux. Vols directs. Air Transat. L’envie qui renaît. Rêveur funambule. La crainte du vide.
Page vingt. On n’efface rien. On rallume les rêves. Et « quelques lueurs d’aéroport, l’étrange fille aux cheveux d’or… »
Semer la trace des mots nouveaux. Comme des graffitis. Couleurs vives. Au delà du mauvais temps.
Page vingt-quatre ou vingt-cinq. L’affiche noir et blanc. « La Compagnie Paquet. Une fée distribuera des bonbons à tous les petits qui feront un tour de traîneau. »
Une fée?… Sourire malicieux. Les fées n’existent pas. À mon âge, on le sait très bien. Puis soudain, l’image de l’homme qui zigzague. Et l’enfant qui traîne, derrière, tête basse, honteux, comme son ombre.
Une fée?… Je reviens. Et si la publicité de la Compagnie Paquet, Le Soleil, 12 décembre 1953, disait vrai. Une fée. Rien de mieux pour effacer les blessures. J’y crois. Cette fois-ci envie d’y croire.
Bistro du Temps Perdu. Drôle d’endroit. On entend des gazouillis. Comme des tendresses.
S’il vous plaît. Une pinte. Rousse à l’érable.
Je lis mon journal.
Heureux.
Comment by Armando — 5 février 2025 @ 20:52