Lali

26 janvier 2025

En vos mots 927

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Déjà le dernier dimanche de janvier! Décidément, le mois a filé à la vitesse grand V sans que je trouve le temps de répondre au courrier des dernières semaines. Est-ce le cas aussi pour la jeune femme peinte par Bénédict Masson?

À vous de nous le dire, en vos mots, comme vous le faites si bien semaine après semaine depuis des années. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans sept jours et pas avant, lorsque les commentaires seront dévoilés. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes afin de faire vivre la toile de la semaine, de lire les textes déposés sur l‘illustration de dimanche dernier, et même de les commenter si vous le souhaitez.

D’ici là, bon dimanche et bonne dernière semaine de janvier à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Comme il est difficile d’écrire une lettre à la personne qu’on aime! Pas moyen de traduire les intonations, les inflexions, qui sont pourtant si importantes. Pas moyen de transcrire les moues, les sourires, les rires et leur éclat cristallin. Louise a de plus toujours la crainte de commettre sur le papier, par ignorance ou par mégarde, quelque erreur d’orthographe, de syntaxe, ou de grammaire. Elle manie plutôt bien la langue française, mais Georges est un intellectuel, et une faute de langue ne lui échapperait pas. La langue parlée est plus aisée à Louise, plus coutumière. Ah s’ils pouvaient se parler à distance! Comme elle le fait chaque jour dans son coeur pour conter à son bien-aimé les menus faits de la journée, et lui dire combien il lui est cher précieux. Pour lui exprimer combien cet amour lui rend les journées plus lumineuses. Et lui partager combien elle souhaiterait l’avoir à ses côtés, au lieu de le savoir si loin pour si longtemps encore, tant que ses études ne sont pas terminées.
    Un jour viendra, elle en est sûre, où tout cela deviendra réalité. Un jour où nous prononcerons des paroles et où notre interlocuteur nous entendra à des kilomètres, et pourra nous répondre. Elle croit beaucoup aux progrès techniques et scientifiques. Qui eut cru au siècle passé qu’on pourrait vous tirer le portrait ou fixer sur papier un paysage autrement que par la peinture? Elle ne serait pas étonnée d’ailleurs que quelqu’un trouve d’ici quelques années le moyen de rendre ces images animées. Elle a assisté aussi avec passion à l’évolution des transports. Ses parents ont connu le début des chemins de fer. Et la vitesse des locomotives s’est déjà bien accrue en quelques décennies. Encore un petit effort, et Georges et elle pourront se voir beaucoup plus facilement car les déplacements s’effectueront encore bien plus rapidement.
    Ils sont nés trop tôt, voilà tout. Nous sommes début 1870, et Louise est certaine que les temps qui suivent seront décisifs concernant une série d’innovations. Entre autres celle de pouvoir communiquer sans être en présence. Elle a entendu dire que certains peuples d’Afrique utilisent le tamtam depuis belle lurette pour entrer en relation. Pourquoi serions-nous moins avancés qu’eux? Parfois elle rêve aussi que se développe la faculté d’échanger des informations sans même passer par la parole. En utilisant nos dons intuitifs. Cela aussi, elle le sent, se concrétisera un jour.
    Mais aujourd’hui, elle en est réduite à écrire sa lettre. Sans pouvoir percevoir autrement qu’en imagination la tendre voix de son fiancé.

    Comment by anémone — 30 janvier 2025 @ 13:18

  2. Je sens encore sur ma peau le chant de l’eau chaude. Le bonheur d’une douche. Il me semble que c’est la première douche de toute mon existence. Il ne me vient pas le souvenir d’autres. Aussi reconstituante.

    Et dire que j’ai failli ne jamais t’écrire ces mots si inutiles. Tellement inutiles. Et pourtant.

    Tout me ramène à cet instant où soudain plus d’air. L’apnée. La parenthèse du vide.

    Comment être en mesure de dire à ceux que j’aime que je ne verrai plus leurs visages sourire en ma présence. Comment apprendre à leur dire que je voudrait les aimer encore, même quand les mots et les gestes affectueux ne seront plus là pour le leur dire. Comment basculer dans un ailleurs sans sentir le manque d’eux. De leurs mots. De tout ce qui fait que nos vies, malgré les fils cassés, tiennent encore. Un peu.

    Puis, la grosse claque d’oxygène dans la gueule. Déflagration intérieure. On revient. Quel chahut… Et une voix de femme, inlassablement : regardez-moi… regardez-moi… regardez-moi… Alors que regard hagard. Perdu. Ailleurs. Épuisé. Enfin le sommeil. Le sommeil des vivants. Le cœur qui tient bon.

    On rouvre les yeux aveuglés par les néons. L’odeur du café. Le pain froid. De petites bouchées.
    Il faut que je reprenne de toutes petites bouchés. Je les entend. Et quelques larmes intimes et silencieuses.

    Et me dire qu’il s’en est fallu de si peu pour que je ne puisse plus vous dire combien je vous aime.

    Comment by Armando — 1 février 2025 @ 6:31

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