En vos mots 936

Déjà le dernier dimanche de mars… Comme il semblait loin il y a peu de temps. Les semaines filent décidément à vive allure. Pour terminer le mois, je vous propose de découvrir l’univers de l’artiste Mao Hamaguchi et de faire vivre un de ses tableaux en vos mots.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la toile de la semaine. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bon dimanche, bonne semaine et bon début de mois à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Quand leurs parents sortaient le soir les laissant à leur sort, elles avaient coutume de s’habiller toutes trois de sombre, officialisant par là le deuil de leurs coeurs endurcis. Obscurité tout en accord avec la couleur du décor. Quant au noir de leurs habits, ainsi que le rouge dont elles se fardaient, ils faisaient ressortir singulièrement la pâleur plutôt maladive de leur teint. Rouge foncé aussi le vin dont elles s’enivraient à ces occasions. Et rouges leurs bouches, pas seulement du fard, mais encore des fruits qu’elles mordaient goulûment puis laissaient s’abîmer sur la table chargée d’une lourde nappe en tapisserie retombant jusqu’au sol.
Les chats, créatures réputées pour leur mystère, posaient assez bien dans ce genre de scène. Pourtant ils auraient ô combien davantage aimé pouvoir envelopper les trois soeurs de cette tendresse qui faisait tellement défaut dans cette maison. Et ils se demandaient avec tristesse et mortification en quoi ils pouvaient être utiles à cette famille qui n’en était pas vraiment une, et ce qu’ils étaient venus faire dans cette galère.
Comment by anémone — 2 avril 2025 @ 13:35
Il me vient comme une larme. Une douleur qu’on avait oubliée. Effacée du cahier de nos mémoires. Ou presque.
Puis on pense à ceux que nous avons tant aimés. Du mieux qu’on savait le faire. Parce qu’il n’y pas d’école pour apprendre à dire à tous ceux qu’on aime combien on les aime.
Et le temps qui passe s’arrête sur une broutille d’un souvenir qu’on ne connaîtra jamais. Un souvenir né dans nos rêves avant l’heure. Qu’on savoure déjà à la seule idée de le vivre plus tard. Dans un rendez-vous sur nos agendas. Dans trois mois, on s’en ira dans les jardins verts de la ville. On s’amusera des écureuils taquins et des chiens qui courent, comme des fous. Rn liberté. Et les filles allongées sur l’herbe, un bouquin sous les yeux. Et puis ce vieux piano au coin d’un square, qu’un promeneur caresse du bout des doigts. Mozart?… peut-être pas. C’est joli. On s’attarde. Un peu. Heureux. La musique est un dieu ignoré qui réunit les êtres dans un même silence.
On s’arrêtera aussi chez un brocanteur, le frisson des vieux bouquins, le bonheur de quelques mots anciens et de babioles inutiles qui s’accrochent au temps qui passe. Parce que. Une trêve. Deux sentiments. Heureux. Malheureux. Un répit. Un pont entre deux rives.
Puis, on se reverra. Promis. Des mots tendres et des envies de revenir. Bientôt. Ne pas laisser l’absence faire son nid. Et les souvenirs du temps qui viendra. Une caresse sur un visage. Écouter fredonner son cœur. Se réjouir d’être ce que nous sommes. Malgré nous.
Il me vient comme un sourire. Des pensées qui s’envolent aux premières lueurs du jour. La nuit je dessine des souvenirs que l’aube déchire.
Comment by Armando — 5 avril 2025 @ 12:48