Lali

3 mai 2015

Porte dérobée 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

OSCAR-CLAUDE

Heure après heure, je compte hallucinée les visages qui ne sont pas le tien.

Ne le seront jamais,

Comme si cela n’avait pas de fin : cette lumière qui fuit, s’éteint et prive l’amour de son chemin.

Louise Deschênes, Porte dérobée

*choix dela lectrice d’Oscar-Claude

Les chats du dimanche 10

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 20:01

WESSELMAN (Frans) - 2

Entrechat

Longue oreille, des crocs intacts, des vrais ivoires,
Le corps svelte quoique râblu,
Son beau pelage court et gris à barres noires
Lui faisant un maillot velu;

Des yeux émeraudés, vieil or, mouillant leur flamme
Qui, doux énigmatiquement,
Donnent à son minois le mièvre et le charmant,
D’un joli visage de femme.

Avec cela rôdeur des gouttières, très brave,
Fort et subtil, tel est ce chat,
Pratiquant à loisir le bond et l’entrechat,
Au grenier comme dans la cave.

Maurice Rollinat, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Frans Wesselman

Les chats du dimanche 9

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 18:01

WESTENDORP (Fiep) - 5

La maison

Sur la marche tiède un chat dort en boule.
Un frelon se cogne aux vitres ternies,
Où la vigne vierge et les araignées
Ne laissent passer que l’ombre des nuits.

Georges Chennevière, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*illustration de Fiep Westendorp

Les chats du dimanche 8

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 16:01

WILSON (Janet)

Douceur féline

Rien n’est plus doux
Rien ne donne à la peau une sensation
Plus délicate
Plus raffinée
Plus rare
Que la robe tiède et vibrante d’un chat.

Guy de Maupassant, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Janet Wilson (dont toute trace a disparu)

Les chats du dimanche 7

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 14:01

WISE (Judy) - 2

Sonnet à Ménine

Ménine aux yeux dorés, au poil doux, gris et fin,
La charmante Ménine, unique en son espèce;
Ménine, les amours d’une illustre Duchesse
Et dont plus d’un mortel enviait le destin.

Ménine, qui jamais ne connut de Ménin,
Et qui fut de son temps des chattes de Lucrèce
Chatte pour tout le monde, et pour les chats tigresse :
Au milieu de ses jours en a trouvé la fin.

Que lui sert, maintenant, que dédaigneuse et fière
Jamais d’aucun Matou, sur aucune gouttière,
Elle n’ait écouté les amoureux regrets!

La Parque étant ses droits sur tout œ qui respire
Et de ne rien aimer tout le fruit qu’on retire,
C’est une triste vie, et puis la mort après.

Joachim Du Bellay, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Judy Wise

Les chats du dimanche 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 12:01

WONG (Nicole) - 14

Frissons

Aux becs de gaz éteints, la nuit, en la maison,
Il prolongent souvent des plaintes éternelles;
Et sans que nous puissions dans leurs glauques prunelles
En sonder la sinistre et mystique raison.

Parfois, leur dos aussi secoue un long frisson,
Leur poil vif se hérisse à des jets d’étincelles
Vers les minuits affreux d’Horloges solennelles
Qu’ils écoutent sonner de bizarre façon.

Émile Nelligan, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Nicole Wong

Les chats du dimanche 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 10:01

ZELTZER (Milla) - 1

La ballade des chats

Il en est de tout noirs, des chats d’Andalousie
Exubérants d’amour et fous de jalousie :
Des chats à la peau brune, au pelage soyeux,
Sortant au moindre appel de leur douce paresse
Pour se rendre à la main d’où leur vient la caresse,
Et se cambrer joyeux !

Il en est de tout roux, des grands chats d’Allemagne,
Importés sur le Rhin du temps de Charlemagne :
Des chats très froids, très mous que chacun peut saisir,
Sans les tirer de leur état soporifère,
Des chats qu’on flatte en vain et qui se laissent faire
Sans plainte et sans plaisir !

Il en est de tout blancs comme un bloc de Carrare,
Des chats immaculés, le chat vierge – très rare –
Farouche au premier qui les frôle de près ,
Égratignant leur maître aussitôt qu’il fait mine
D’effleurer de ses doigts leur délicate hermine…
Mais se calmant après !

Il en est de petits, de moyens et d’énormes,
D’obèses, de fluets et de toutes les formes .
Certains bâillent d’ennui, certains autres sont gais;
Certains ont par moments des ardeurs érotiques,
Certains sont, au contraire, hébétés, chlorotiques,
Tristes ou fatigués.

Mais comme dans l’Eden , les chats et l’Ève humaine,
Sont soumis de naissance au même phénomène,
Qu’ils soient noirs,blancs ou roux, dodus ou rabougris,
Dès que la nuit s’abat sur les toits et les tentes
Toutes les femmes ont des ivresses latentes,
Et tous les chats sont gris!

Henry de Fleurigny, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*illustration de Milla Zeltzer

En vos mots 421

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

OHIKA (Magaly)

L’univers de Magaly Ohika m’a tellement plu que j’ai eu envie de vous offrir quelque chose venant de ses cahiers. Et comme le printemps semble avoir décidé de rester, pourquoi pas une scène qui soit une sorte de clin d’œil à la saison des fleurs?

À vous maintenant! À vous de nous raconter en vos mots ce que vous inspire cette scène livresque comme vous l’avez fait avec enthousiasme avec celle de la semaine dernière.

Évidemment, pour que le plaisir soit entier, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps de déposer quelques lignes tout en profitant des beaux jours.

Sur ce, bon dimanche et bonne semaine à tous!

Les chats du dimanche 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 6:01

PENSINI (Lori) - 4

Le sphinx

Ô mon beau chat frileux, quand l’automne morose
Faisait glapir plus fort les mômes dans les cours,
Combien passâmes-nous de ces spleeniques jours
À rêver face à face en ma chambre bien close.

Lissant ton poil soyeux de ta langue âpre et rose
Trop grave pour les jeux d’autrefois et les tours,
Lentement tu venais de ton pas de velours
Devant moi t’allonger en quelque noble pose.

Et je songeais, perdu dans tes prunelles d’or
– Il ne soupçonne rien, non, du globe stupide
Qui l’emporte avec moi tout au travers du Vide,

Rien des Astres lointains, des Dieux ni de la mort?
Pourtant!… quels yeux profonds!… il m’intimide
Saurait-il donc le mo ? – Non, c’est le Sphinx encore.

Jules Laforgue, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Lori Pensini

Les chats du dimanche 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 4:01

PARKINSON (Tascha)

Sensations

Des cils roides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Élargit sur son front ses oreilles dressées.

Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs; il distingue, il pressent;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.

Des craquements de feu courent sur son poil roux;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.

Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre l’or aux mains d’un grand poète.

Hyppolite Taine, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Tasha PArkinson

Page suivante »