
On se demande dès les premières pages quelles raisons a poussé l’éditeur à écrire roman plutôt que récits sur la couverture. Serait-ce parce que le mot roman est plus attirant pour un lecteur potentiel? Et pourtant, le mot récits pour désigner L’épingle à chapeau, la première publication de Michèle Constantineau, me semble plus appropriée et n’enlève rien à ce fort joli livre qui fera sourire les lecteurs qui voudront bien partager certains épisodes vécus par Simone au cours de sa longue vie.
Si la plume est habile, la construction l’est beaucoup moins. Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas (volontairement?) écrire une histoire de façon chronologique qu’il faille pour cela nous donner à lire deux ou trois fois un même détail sur certains personnages. Quand l’auteur fait court, le lecteur n’a pas le temps d’oublier ce qu’il a déjà lu plus tôt. Et ces répétitions assez nombreuses peuvent être agaçantes, voire très agaçantes, même si Michèle Constantineau a un véritable talent de conteuse et qu’il se déploie ici avec sensibilité et sens des images.
Je demeure donc hésitante à affirmer qu’il s’agit là d’un très bon livre, malgré l’enthousiasme évident de certains critiques. Je ne peux en dire autant. Et pourtant, dès les premières pages, j’ai véritablement été conquise par certaines scènes, par le regard allumé d’une petite fille sur les choses de la vie. C’est plus loin que cela s’est gâté, au fil des répétitions, alors que Simone a pris moins de place au profit d’autres personnages beaucoup moins intéressants qu’elle.
« De grande amoureuse, elle était devenue grande démêleuse, se nouant le cœur à dénouer le fil de laine qu’elle n’arrivait plus à tricoter », écrit l’auteure pour décrire ce qu’est devenue la vie de Simone avec l’âge et le poids des années, alors que ses yeux brillants et pétillants de petite fille (presque) sage se sont éteints.
L’épingle à chapeau se veut donc une jolie suite de récits qui met en scène une époque qui n’est plus avec des images qui rappelleront à ceux qui l’ont vécue les leurs, qui ne sont peut-être pas si différentes de celles qu’on trouve ici et qui, j’en suis certaine, les feront sourire.
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Titre pour le Défi Premier Roman 