Tout ce qui entoure la publication des Mémoires d’une jeune fille triste (Saudades, História de Menina e Moça en portugais) ainsi que le mystère entourant son auteur, Bernardim Ribeiro, vous a été raconté dans un billet remarquable d’Armando il y a quelque temps. Inutile donc que je le fasse à mon tour. Mais je me permettrai tout de même d’ajouter ces mots de Cécile Lombard, la traductrice, afin de bien situer l’auteur dans le contexte littéraire : « Car Bernardim Ribeiro, souvent appelé le premier des romantiques est aussi considéré comme le dernier des troubadours. »
Nous sommes donc au XVIe siècle, dans un pays indéterminé qui pourrait bien être le Portugal à cause de certains détails. À une jeune fille sont racontées trois histoires. Celles de trois femmes dont les destins tragiques finissent par s’entremêler et auxquels elle s’identifie, ce qui alimente sa propre saudade, ce sentiment qui se vit mais qu’on a toujours du mal à décrire, tant les expressions pour définir celle-ci sont nombreuses.
Chevaliers, belles dames, amours tourmentées, il y a là tous les éléments propres au romantisme, ainsi que quelques poèmes, ce qui confère à ce roman une saveur qui n’est pas loin de celle des romans de Chrétien de Troyes auquel, d’ailleurs, la traductrice fait souvent référence.
Incontournable pour qui s’intéresse à la littérature portugaise, le roman de Bernardim Ribeiro est ici servi par une traduction remarquable. Et ce n’est pas parce que je l’ai lu dans sa langue d’origine que je permets d’affirmer ceci mais à cause des notes de Cécile Lombard qui viennent éclairer la lecture avec finesse et souci du détail alors qu’elle nous livre de plus les difficultés auxquelles elle a dû faire face.
Et pour vous donner le ton, ce court extrait qui termine le chapitre précédant « La chanson du berger » : Revenons donc au conte. Celui-ci achevé, nos tristesses feront de nous ce qu’elles voudront, car elles aussi demandent à être contées comme les joies.