Lali

15 décembre 2024

En vos mots 921

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Bientôt Noël… Offrirez-vous des livres? En recevrez-vous? Choisissez-en un dans le sapin de l’illustratrice de Sarah Wilkins et racontez-nous en vos mots une histoire de Noël.

Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Cela vous laisse le temps de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, de les commenter si vous le souhaitez et d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons dans sept jours.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Lisboa, 22 décembre 2024

    Ma chère B.,

    Par un hasardeux chemin que je ne m’explique pas, il m’est venu à l’esprit que « l’enfance c’est de croire qu’avec le sapin de Noël et trois flocons de neige toute la terre est changée. »

    Ces mots ne sont, évidemment, pas de moi mais de l’écrivain montréalais André Laurendeau. Depuis des années que je me suis promis de trouver son livre. Il faut absolument que je note quelque part : Voyages au pays de l’enfance, André Laurendeau, Editions Beauchemin, 1960, avant de m’en aller traîner un peu du côté de chez Henri-Julien, L’échange, L’insoumise ou ailleurs… dans une brocante, à sa recherche. Pourquoi pas. En tout cas, je ne désespère pas de le trouver. Un jour. Reposant paisiblement dans une quelconque étagère caressée par la poussière et déformée par le poids des livres qu’elle soutient.
    Je ferme la parenthèse.

    L’enfance c’est de croire… Ces mots sont venus remplir tout l’espace de mes pensées et, je l’avoue, je me suis demandé pourquoi maintenant. Pourquoi m’assaillent-ils maintenant, alors que je les ai lus il y a quelques années déjà et, comme tant d’autres choses lues ou vécues, je les avais rangés dans un tiroir lointain de mes souvenirs.

    L’enfance c’est de croire… Je t’avoue que l’imaginaire d’un sapin de Noël et de trois flocons de neige m’a arraché l’esquisse d’un sourire heureux. Avant qu’une rivière d’images ne viennent se promener paisiblement dans ma tête. Entre imaginaire et réalités. Entre souvenirs et espérances, c’était comme un tas de brol secret qui sommeille au fond de moi et qui se réveille pour me permettre de redécouvrir ce que nous enfouissons au plus profond de nous. Malgré nous.

    Puis, il m’a semblé entendre une voix venue de je ne sais où, me murmurer : trois flacons de neige… un sapin… qui peut nous dire à quel âge l’enfance s’arrête dans nos cœurs?…

    C’est vrai. Qui peut le dire? Peut-être que jamais je ne le saurai.

    Je t’embrasse.

    A.

    Comment by Armando — 16 décembre 2024 @ 0:09

  2. Je n’ai pas eu envie cette année de me noyer dans la foule des fêtes. Et mes pas m’ont portée vers la boutique de Monsieur Jacques. Monsieur Jacques va prendre sa retraite le mois prochain. Il va beaucoup me manquer. J’aime bavarder avec lui de la vie, de l’actualité, du temps qui passe. Et des livres, bien sûr. J’apprécie toujours ses conseils avisés.
    En ce mois de décembre, sa librairie est décorée comme d’habitude d’un très joli sapin. Mais quand je m’approche je vois que ce n’est pas du tout un arbre de Noël ordinaire. Constitué de livres multicolores, il offre à chaque client de se servir d’un volume de son choix.
    Je m’arrête longuement, touchée par ce dernier cadeau que nous offre notre cher libraire. Et j’essaie de sentir quel livre est là spécialement pour moi. Quelle belle histoire m’attend? Laquelle a-t-il en quelque sorte choisie pour moi, en la déposant parmi les autres. Je prends mon temps, et je respire.
    Enfin, sans hésitation, j’en saisis un. Mon coeur bat plus vite. Ai-je fait le bon choix? Puis-je me fier à mon intuition?
    Et tout à coup, je me sens envahie de chaleur. Oui, j’ai choisi le bon ouvrage! La page à laquelle j’ai ouvert le recueil transmet une sorte de conte de Noël relaté par l’actrice Katharine Hepburn lorsqu’elle était jeune. Je vous le laisse lire telle qu’elle nous le raconte, en vous exprimant à toutes et tous mes voeux pour de très belles fêtes, et en remerciant mon cher Monsieur Jacques (que j’espère encore revoir même quand son magasin sera fermé!), tout en lui souhaitant une magnifique retraite.
    « Une fois, lorsque j’étais adolescente, mon père et moi faisions la queue pour acheter des billets pour le cirque. Devant nous, il ne restait qu’une seule famille entre le guichet et nous. Cette famille m’a profondément marquée. Ils étaient huit enfants, tous âgés de moins de douze ans. Leurs vêtements, bien que simples, respiraient la propreté. Ils formaient une petite troupe disciplinée, alignés deux par deux derrière leurs parents, se tenant la main avec une douce innocence. On devinait leur excitation à l’idée des clowns, des animaux, et des merveilles qu’ils allaient découvrir ce soir-là. C’était sans doute leur première fois au cirque, une soirée qui marquerait à jamais leur jeune vie.
    Le père et la mère étaient en tête du groupe, droits et fiers. La mère tenait la main de son mari, son regard brillant de gratitude, comme pour lui dire : « Tu es mon héros, mon chevalier en armure. » L’homme souriait, rayonnant de bonheur en voyant l’excitation de ses enfants.
    Arrivés au guichet, l’homme, d’une voix pleine de fierté, déclara :
    — Je voudrais huit billets pour enfants et deux pour adultes.
    La caissière annonça le prix, et soudain, l’atmosphère changea.
    La main de sa femme glissa doucement de la sienne, sa tête s’inclina, et lui-même perdit son sourire. Sa lèvre trembla légèrement, comme s’il essayait de cacher sa détresse. Il s’approcha du guichet, hésitant, et murmura :
    — Combien avez-vous dit ?
    La caissière répéta le montant, et à cet instant, l’homme comprit qu’il n’avait pas assez d’argent. Comment pouvait-il se tourner vers ses enfants, si pleins d’espoir, pour leur dire qu’ils ne pourraient pas aller au cirque ce soir-là ?
    Mon père, observant la scène, fouilla dans sa poche et sortit un billet de vingt dollars. Sans dire un mot, il le laissa tomber discrètement au sol, se pencha pour le ramasser, puis posa une main légère sur l’épaule de l’homme :— Excusez-moi, monsieur, je crois que vous avez laissé tomber ceci.
    L’homme comprit immédiatement. Ce n’était pas une aumône, mais un geste de dignité, une aide discrète dans un moment de détresse. Ses yeux se remplirent de larmes. Il saisit la main de mon père, serra le billet avec force, et, d’une voix tremblante, murmura :
    — Merci, monsieur. Merci infiniment. Cela signifie tellement pour moi et ma famille.
    Mon père et moi retournâmes à notre voiture. Nous n’avions plus de quoi acheter nos propres billets, mais ce sacrifice n’avait pas d’importance. Nous sommes rentrés chez nous, le cœur rempli d’une joie profonde, bien plus grande que celle qu’aurait pu offrir le spectacle du cirque.
    Ce jour-là, j’ai appris une leçon inoubliable : la vraie grandeur réside dans l’acte de donner.
    Le donateur est toujours plus grand que le receveur. Si tu veux être véritablement grand, plus grand que la vie, apprends à donner. L’amour ne se mesure pas à ce que tu espères recevoir, mais à ce que tu es prêt à offrir, à donner tout entier.
    Le pouvoir de donner, de bénir les autres, est inestimable. Il y a une joie ineffable dans l’acte de rendre quelqu’un heureux, dans ces gestes simples qui illuminent une vie. Apprends à donner, sans attendre. »
    Joyeux Noël à toi chère Lali! Monsieur Jacques n’existe pas vraiment, il fait partie de mes personnages imaginaires. La bonne nouvelle est donc que je pourrai continuer à entretenir notre amitié, et à converser délicieusement avec lui autant que je le désire!

    Comment by anémone — 21 décembre 2024 @ 4:33

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