Elle a tourné les pages. Sans conviction, d’abord. Mais Ronsard a fait mouche. La lectrice de Johann Ernst Heinsius est séduite.
Mon Dieu, que j’aime à baiser les beaux yeux
De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche
De ses cheveux l’or fin qui s’escarmouche
Si gaiement dessus deux petits cieux!
C’est à mon gré le meilleur de son mieux
Que ce bel œil, qui jusqu’au cœur me touche,
Dont le beau nœud d’un Scythe plus farouche
Rendrait le cœur courtois et gracieux.
Son beau poil d’or, et ses sourcils encore
De leurs beautés font vergogner l’Aurore,
Quand au matin elle embellit le jour.
Dedans son œil une vertu demeure,
Qui va jurant par les flèches d’Amour
De me guérir; mais je ne m’en assure.