Si tous les tubes de peinture éclataient de rire… Si toutes les ailes se donnaient la plume…Si toutes les maisons se donnaient la fenêtre… Si toutes les rues se donnaient la planète…Si tous les livres, dans toutes les langues, se donnaient la page… Si tout cela était possible, si tout cela arrivait… C’est ce propose ce magnifique album écrit par Alain Serres et illustré par Aurélia Fronty.
Chaque proposition ouvre des perspectives qui font rêver à un monde meilleur. Et pourquoi ne pas rêver que tout est possible? Pourquoi se l’interdire? Je ne vois pas pourquoi. Je vous invite donc, peu importe votre âge, car il n’y a pas d’âge pour rêver, à vous offrir cet album et à l’ouvrir à n’importe quelle page. Vous sourirez, vous vous envolerez, vous oublierez les soucis, vous aurez un sourire grand comme ça. Si, si, je vous l’assure.
Quel album réjouissant! Quel bonheur d’aller d’une page à l’autre afin de monter dans le célèbre Eléctrico 28 de Lisbonne, conduit par Amadeo, qui a à cœur d’aider les timides amoureux.
Pour susciter un premier baiser, il a imaginé trois manœuvres de freinage qui réussissent à coup sûr. Pour notre plus grand bonheur et celui des protagonistes qui n’osaient pas aller de l’avant.
Mais c’est bientôt pour Amadeo l’heure de la retraite. Il ne sera plus celui qui donnera un coup de pouce au destin. Et en plus, il n’a pas eu le temps de s’occuper de sa propre vie amoureuse, trop pris par celles des passagers du tram. Mais si le destin s’en chargeait?
Coup de foudre pour cet album écrit par Davide Cali et illustré par Magali Le Huche. Ou plutôt, énorme coup de foudre. Cet album est tout simplement charmant!
On a toujours besoin d’albums qui nous font sourire. C’est le cas de Partis, les bobos!, qui nous raconte où se retrouvent les bobos que lancent à bout de bras les parents de Renaud pour se débarrasser d’eux.
Écrit par Dominique de Loppinot et illustré par Anne-Marie Bourgeois, cet album fait le tour des bobos, des plus petits aux plus douloureux. On fait la connaissance du bobouffe du garçonnet qui vit dans la cabane de jardin et qui attend avec appétit le moindre bobo pour satisfaire sa faim. Et l’on y apprend que tous les enfants ont leur bobouffe personnel, prêt à avaler tout ce qu’on leur servira.
Amusant, oui. Plein de tendresse, oui aussi. Un album qui m’a beaucoup, beaucoup plu.
J’ai toujours eu un faible pour les albums jeunesse dont le sujet est la lecture. Je ne pouvais donc qu’être attirée par le titre de cet album de l’illustrateur et auteur jeunesse Rocio Bonilla.
Et je n’ai pas été déçue par La montagne de livres. Cet album n’est rien de moins qu’un petit bijou.
Dès que vous ferez connaissance avec Lucas, le héros de cette histoire amusante qui est une invitation à peine déguisée à se plonger dans les livres, vous vous prendrez d’affection pour ce dévoreur de livres à qui sa mère a conseillé la lecture parce qu’il souhaitait voler.
Devenu insatiable, il n’a de cesse de demander des livres à tous et à toutes si bien qu’on lui en apporte de partout, car son histoire a fait le tour du monde. Cela donne lieu à des images extraordinaires, je vous laisse les découvrir.
Petit bonheur que cet album illustré par Manon Gauthier, dont le travail me séduit depuis des années! Chaque page est un véritable plaisir.
Et quelle belle idée que celle d’Angèle Delaunois de faire le tour de ces mots magiques qu’on nous apprend à utiliser à la moindre occasion, du simple Merci au Je t’aime en passant par S’il-te-plaît et Bravo!
J’avoue. Je suis conquise. Et si ma filleule avait encore entre 3 et 6 ans, il est certain que je lui offrirais cet album sans aucune hésitation. S’il y a des enfants de cet âge dans votre entourage, vous savez ce que vous avez à faire!
Il y avait longtemps que je n’avais eu en main un conte de fées contemporain mettant en vedette une princesse.
Et je suis tombée sous le charme de La princesse aux mains blanches dès la minute où elle a retiré les gants de dentelle blanche qu’on lui imposait afin de la « protéger des souillures de ce monde ».
Elle commença par toucher son propre corps, ses joues comme ses chevilles. Puis, ce furent ses poupées, ses oursons, ses livres. Mais cela ne lui suffit pas. Il lui fallut toucher le gazon, les sculptures, les animaux de toutes sortes, et même la boue. Et c’est la robe déchirée, les mains sales, qu’elle s’endormit avec un sourire qu’elle n’en avait jamais eu un auparavant.
Et je me suis rappelée la petite Lali qui n’avait pas peur d’être couverte de grains de sable. Et je me suis souvenue d’une amie, maman de deux garçons, qui passait son temps à leur laver les mains, à récurer le comptoir, à faire reluire le parquet. Je suis certaine qu’ils n’ont jamais mangé de brin d’herbe, caressé une chenille ou sauté à pieds joints dans de la boue toute fraîche, en raison de sa peur des microbes sous prétexte qu’ils étaient asthmatiques. Je crois que j’ai été une enfant plus heureuse qu’eux. Beaucoup plus heureuse qu’eux. Heureuse comme l’a été la Princesse aux mains blanches quand on a cessé d’avoir peur pour elle.
J’ai été séduite de la première à la dernière illustration de Gabrielle Guimard et par l’addition des découvertes de Gilles Tibo, à la manière de cette comptine de mon enfance qui commençait par Lundi matin… Ça vous rappelle quelque chose?
Il y a des albums qui séduisent à un point tel qu’on se demande si on ne devrait pas les offrir à tous ceux qu’on aime et pas juste aux enfants. Surtout s’il s’agit de personnes qui apprécient les arts. S’ils ont un faible pour Matisse, c’est encore mieux.
J’ai eu un véritable coup de cœur pour l’album Le jardin de Matisse qui raconte comment l’artiste, après avoir découpé un oiseau dans une feuille de papier, créa un univers qui nous émerveille tant aujourd’hui.
Animaux et formes diverses se déploient dans huit reproductions de collages qu’on connaît, dont trois sur deux pages. Notamment La perruche et la sirène, un de mes collages préférés.
Le texte de Samantha Friedman et les illustrations de Cristina Amodeo nous présentent un artiste radieux, ravi de ses découpages et collages. Et nous tournons les pages avec enthousiasme, qu’on ait 6 ans ou bien davantage.
Et nous reprenons du début. Une fois, deux fois, trois fois.
À offrir. à s’offrir, à mettre entre toutes les mains. Sans modération.
Il est fort possible que je ne me fasse pas des amis avec ce compte rendu, car l’album de Sophie Dabadie, illustré par Agnès Ernoult, ne m’a pas vraiment plu.
Les critiques à son égard sont pourtant élogieuses, tant sur les blogues et les forums que dans la presse. Mais je n’ai pas été en mesure de me laisser séduire par cette sorte de farce où des princesses ne prennent rien au sérieux malgré la bonne volonté de leur précepteur à leur montrer les bonnes manières et le savoir-vivre.
Je manque sûrement d’humour, j’en suis bien consciente. Et s’il y avait là un message, je ne l’ai pas saisi, étourdie par les images où la pitrerie prend toute la place.
Dommage. J’aimais l’idée. Mais cela s’est arrêté là. Heureusement, il y a bien d’autres albums jeunesse qui m’attendent et qui me feront oublier celui-ci.
J’ai tout de suite été attirée par le titre. Probablement parce que nous avons tous dans la famille un amour inconditionnel pour les éléphants. Un tel amour que pendant des années, nous avons rapporté de nos voyages mes parents, ma sœur et moi des éléphants de toutes sortes qui remplissent aujourd’hui un curio. Il n’y a plus de place pour en ajouter un seul, c’est tout dire.
Mais le mot interdit a aussi retenu mon attention. Probablement parce que j’ai beaucoup de mal avec tout ce qui est interdit, pour une raison ou pour une autre, et souvent en invoquant des prétextes qui se résument souvent à parce que c’est comme ça.
C’est en quelque sort le cas de l’album Interdit aux éléphants, qui interdit aux éléphants l’accès au club, peu importe leur taille, et sans véritable raison. Ce qui chagrine grandement le narrateur, qui nous raconte à quel point son mini-éléphant est important pour lui, et lui-même pour son ami pachyderme. Car les amis sont là pour s’aider les uns les autres.
Et surtout, les amis ne laissent jamais personne derrière eux. Putois, girafe, pingouin, porc-épic et narval seront admis à ce nouveau club qu’il a choisi de créer. Et même les chiens et les chats.
Un album tout simple, coloré, plein de chaleur et d’amitié, où il est question d’exclusion et de tolérance, dans un monde qui en a bien besoin.
Avec Papa, pourquoi t’as voté Hitler?, Didier Daeninckx pose une question grave et importante, voire nécessaire. Car Hitler ne s’est pas retrouvé à diriger l’Allemagne sans l’appui de la population, laquelle a vu en lui celui qui allait sauver le pays de la crise économique dans laquelle le pays, comme le reste du monde, s’était enlisé. Hitler a été élu démocratiquement et a pu accéder au pouvoir grâce à une alliance parce que son parti ne possédait pas la majorité.
Mais ce qu’il a fait avec le pouvoir en mains n’a rien à voir avec les promesses qu’il avait faites, même si elles en avaient parfois un peu la couleur pour ceux qui espéraient tant un changement à leur situation.
Très rapidement, le narrateur a compris que voter Hitler était une erreur, puisque ses parents, pour la première fois à sa connaissance, ne s’entendaient pas quand il était question du choix du candidat pour cette élection qui serait déterminante pour l’Allemagne et le reste du monde. Et il le comprend encore davantage quand il voit la violence monter, la dictature s’installer, la guerre se déclarer et prendre de l’ampleur.
Où tout cela va-t-il mener Rudy et sa famille? Et qu’adviendra-t-il de sa petite sœur, différente en raison de sa lenteur intellectuelle? Devra-t-elle être exterminée pour cette raison?
Cet album destiné aux 8 à 11 ans, illustré pat Pef avec un regard qui n’appartient qu’à lui, est ponctué de documents historiques afin d’éclairer les jeunes lecteurs, sans que cela n’alourdisse le texte ni ne les éloigne de l’histoire de Rudy. La grande sensibilité de Didier Daeninckx fait le reste.
Un album remarquable qui devrait être dans toutes les bibliothèques scolaires. Pour comprendre, pour que ne s’effacent pas les traces de l’Histoire, et pour que plus jamais cela n’arrive.