Les vers de Ronsard 4
La lectrice de Jan Lievens s’est elle aussi laissée séduire et bercer par les mots de Ronsard. Jusqu’à ce qu’elle s’arrête ici :
Sonnet pour Hélène
L’autre jour que j’étais sur le haut d’un degré,
Passant tu m’avisas, et me tournant la vue,
Tu m’éblouis les yeux, tant j’avais l’âme émue
De me voir en sursaut de tes yeux rencontré.
Ton regard dans le cœur, dans le sang m’est entré
Comme un éclat de foudre alors qu’il fend la nue :
J’eus de froid et de chaud la fièvre continue,
D’un si poignant regard mortellement outré.
Et si ta belle main passant ne m’eût fait signe,
Main blanche, qui se vante être fille d’un Cygne,
Je fusse mort, Hélène, aux rayons de tes yeux;
Mais ton signe retint l’âme presque ravie,
Ton œil se contenta d’être victorieux,
Ta main se réjouit de me donner la vie.