Les vers de Ronsard 5
La lectrice d’Ethel Walker n’avait pas tout à fait oublié Ronsard. Il était là, quelque part dans sa mémoire, dans ses souvenirs de jeunesse et c’est avec bonheur qu’elle a retrouvé ce poème :
Prends cette rose, aimable comme toi
Qui sers de rose aux roses les plus belles,
Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moi.
Prends cette rose, et ensemble reçois
Dedans ton sein mon cœur qui n’a point d’ailes,
Il est constant, et cent plaies cruelles
N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.
La rose et moi différons d’une chose
Un soleil voit naître et mourir la rose,
Mille soleils ont vu naître m’amour.
Ah ! je voudrais que telle amour éclose
Dedans mon cœur qui jamais ne repose,
Comme une fleur, ne m’eût duré qu’un jour.