Sur les traces de Pessoa 6
Elles viennent soir après soir parcourir quelques pages des Poèmes païens de Fernando Pessoa et repartent dans la nuit avec les mots ancrés au plus profond d’elles. Voici ce que la lectrice de Robert Home a laissé pour nous.
Dans ce monde confus nous n’accomplissons rien
Qui donc, ou pour le moins, s’il dure, rien qui vaille;
Bien plus même que ce qui nous sert nous le perdons
Si tôt, si tôt, en nous perdant.
Lors préférons le plaisir du moment
À l’absurde souci du futur, dont
L’unique certitude est tout le mal présent
Dont nous achetons ses bienfaits.
Demain n’existe pas. À moi il n’est rien d’autre
Que le moment, et je ne suis que l’être qui existe
En cet instant, lequel peut être le dernier
De cet homme que je feins d’être.