Lali

31 janvier 2006

Incursion au pays de la liberté

Filed under: Qui est Lali? — Lali @ 18:04

colville

J’aime beaucoup cette toile de Colville.
Une reproduction achetée au Musée des beaux-arts de Montréal en 1984 est accrochée dans ma chambre, mon pays de la liberté, depuis que j’ai vu cette exposition.
J’aime la regarder, j’aime ce qui se dégage des bleus et cette impression de plénitude qui occupe la toile.

Je la regarde comme on contemple un rêve. Un rêve auquel j’ai longtemps aspiré, que j’ai sûrement attendu, voulu. Mais il est des tableaux dans lesquels on n’entre jamais, desquels je serai exclue. Je dis cela sans regret, car les regrets, ça ne sert à rien. Mais je sais que la complicité que je vois dans la toile d’Alex Colville, je ne la vivrai jamais avec quiconque.

Il y a trop de choses que je n’ai pas vécues à l’âge où on les vit pour les attendre et les espérer. Je n’ai aucune idée de ce que c’est de marcher dans la rue main dans la main avec quelqu’un. Je ne sais pas à quoi ça ressemble quelqu’un qui prend soin de moi alors que oui, le contraire, je sais très bien.

J’ai aimé, je sais ce que c’est. Et je me suis trompée au nom de l’amour, et oubliée. Mais il y a eu des moments magiques où le cœur a cogné si fort que quand j’y pense, je me retrouve dans le même état. Mais je ne veux plus le revivre, ni me retrouver ensorcelée. Ou prisonnière. Ni y croire toute seule.

Je sais tellement tout ce que je ne veux plus que je comprends très bien que je n’aimerai plus, que j’ai perdu ma naïveté et mes élans. Que je me suis créé un tel univers qu’il n’y a plus de place pour un homme dedans, même de passage. Que l’idée d’aller prendre un café avec l’un ou l’autre ne me dit rien. Mais rien du tout. Ce seront des heures enlevées à mes lectures, à ma musique, à mes amis. Et pourquoi faire? Me faire jauger des pieds à la tête comme de la marchandise? Me faire juger sur mes choix? Non, je n’ai vraiment pas besoin de ça.

Je regarde la toile de Colville et je me dis qu’une jeune femme de 22 ans a cru un jour pouvoir vivre cette scène. Mais c’était sans compter sur la vie qui en a fait autrement. Une vie qui l’a changée, une vie qui lui a redonné ses 17 ans, où elle ne rêvait que de voyages et d’écriture.

Je suis redevenue la citoyenne du monde que j’étais, libre et ne voulant jamais en changer. Je suis peut-être juste un peu plus cynique. Mais je ne jalouse ni n’envie aucunement le bonheur des autres, qui seraient bien malheureux de mener une vie comme la mienne.
Mais qu’on ne me dise pas que ce n’est pas normal de vivre ainsi, que l’homme est fait pour vivre par paires, que je n’ai pas trouvé le bon, et toutes les conneries du même genre.

Je ne supporte pas de partager mon lit. Je ne veux pas calquer ma vie sur celle d’un autre. Voilà plus de deux ans que je le dis, même si depuis j’ai laissé mon cœur s’ouvrir. Mais cette fois, je crois que c’est la bonne. Il est arrivé trop de choses ces derniers mois pour que je ne passe pas mon temps à réfléchir. Ce n’est pas une conclusion hâtive, mais bien mûrie. Et quiconque m’a vue à l’œuvre ces dernières semaines, voire davantage, tous ces beaux parleurs, ces spécialistes de la séduction, ces dragueurs affamés, ces imbéciles bien intentionnés, ces chercheurs en quête de sensations, tous ceux-là, auront bien compris que plus rien ne m’atteint et que je reste totalement froide aux compliments ou aux invitations.

Je préfère une soirée à bouquiner à un rendez-vous galant. Car simplement, ça ne m’amuse plus. Mais la bonne nouvelle dans tout ça, c’est que ça en amuse d’autres que moi!!

30 janvier 2006

Prendre le thé avec Sonia

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 19:48

thé

Chaque fois que je me fais du thé, c’est à Sonia que je pense. Et à ce soir de septembre 1985 où je suis allée la cueillir à la gare centrale en sortant du boulot.
Je vois encore sa jupe rose et un tas de sacs à ses pieds. C’était hier, c’était il y a vingt ans. Notre première tasse de thé, prélude à combien d’autres, je ne les ai pas comptées. Chaque fois pour suspendre le temps, pour nous raconter, pour partager.

Sonia débarquait à Montréal. La petite Parisienne, envoyée par Olivier, que nous avons si bien parrainée qu’elle appelle mes parents ses parents adoptifs, sera restée cinq ans parmi nous. Bien plus longtemps que le temps de sa maîtrise.

Et le thé me fera toujours penser à elle. À ce premier soir. Aux autres, rue Saint-Hubert, dans l’appartement-cagibi qu’on avait trouvé ensemble, où le balcon servait de frigo et deux plaques chauffantes de camping à la cuisine. À ceux chez moi, boulevard Saint-Joseph, appartement que nous avions aussi trouvé ensemble. Et puis aux fêtes, sur Parc La Fontaine, puis bien après, rue de l’Esplanade. Aux réunions de famille qu’elle n’a jamais manquées. Quand on parlait de Philippe et de François, on disait « nos » cousins.

Une telle complicité, ça ne se trouve pas souvent. Et je me demande si ce n’est pas la seule personne chez qui, en dehors de mes parents, je pouvais débarquer à n’importe quelle heure, sept heures du matin comme minuit. Chez So, il n’y avait pas d’heure, mais il y avait du thé. Comme il y en avait aussi chez Jasmine, sa sœur, à Boulogne-Billancourt, où je me suis arrêtée bien souvent.

So m’a appris beaucoup. Plus qu’elle ne peut l’imaginer. Qu’on peut vivre n’importe où; qu’il suffit de peu si on a du thé et des pâtes; que tous les jours sont des non anniversaires dignes d’être soulignés, voire même fêtés avec éclat; que la distance n’altère pas les liens quand ce sont ceux du cœur.

Je vois dans ma tasse un pique-nique sous la pluie au Parc La Fontaine, une cabane à sucre, son couscous moitié algérien moitié breton, le meilleure de tous parce que celui des siens. Je vois ses yeux qui pétillent et son amour pour la vie. Oui, tout ça dans ma tasse de thé.

Je nous vois aussi assises dans le gazon, juin 2005, à regarder l’éclairage de la tour Eiffel, à raconter les bouts d’histoire qui manquent. Je vois aussi Sonia arriver en retard au mariage de ma sœur, les fêtes chez Monique, une autre exilée, qui aura droit à sa page, et toutes ces images, ce sont celles du bonheur.

Et pourtant, nous aurons eu des moments de tristesse l’une comme l’autre, des déceptions et des désillusions. Mais ce soir, les moments heureux prennent toute la place. Comme ça devrait toujours être. Ce soir, le thé goûte les souvenirs et aussi tout ce qui s’inscrira car, je le sais, Sonia ne sortira jamais de ma vie. Il y a encore tellement de pages à écrire.

29 janvier 2006

Un peu de silence, j’en rêve!

Filed under: Revendications et autres constats — Lali @ 17:50

banc

Faut-il quitter l’appartement et trouver un banc de parc pour avoir la paix? Ou suis-je devenue trop sensible aux bruits parce que davantage chez moi? Ce que je sais, par contre, c’est que je vis dans un immeuble de six logements. Et que, pendant des années, j’ai vécu dans le calme. Alors que, désormais, ce sont les portes qui claquent à cœur de journée, les gens qui montent les escaliers en trombe en faisant un boucan à tout casser, les voisins de palier qui discutent à haute voix sur le palier comme si c’était une autre pièce de leur logement.

Je ne pratique pas la loi de Talion, je ne leur servirai donc pas la même médecine. Mais comme j’aimerais ne pas me réveiller en sursaut en pleine nuit parce que mon voisin a la bonne idée de recevoir des appels sur son téléphone cellulaire, dans le passage qui unit nos logements. Ou qu’ils apprennent, ces mêmes voisins à entrer chez eux sans déranger tout l’immeuble. En plus qu’ils sont si nombreux que ce sont des allers et venues continuelles.

J’ai besoin de calme, pas d’une tornade permanente. Moi qui ne marche jamais avec des chaussures parce que j’ai un plancher de bois, moi qui fais attention à ne pas mettre la musique à plein volume, moi qui ne claque jamais la moindre porte et qui, lorsque je rentre tard, me glisse en douce pour ne réveiller personne, je trouve ce comportement inadmissible.

Je ne cherche pas la guerre, mais bien une solution pour que nous puissions tous vivre ensemble sans que personne ne soit irrité. Je ne vais quand même pas fuir mon chez-moi pour avoir un peu de silence! Et je ne vais pas non plus me boucher les oreilles et me priver de la musique qu’ils réussissent à enterrer.

Mais tout cela me fait me demander deux choses. Suis-je en train de devenir moins tolérante ou y a-t-il ici un cas de manque de respect? Je crois que je suis adepte du « Vivre et laisser vivre » et ce, depuis toujours, et que c’est pour cette raison que je ne dérange jamais quiconque. Je crois que je peux me permettre d’attendre le même respect, mais déjà, je sens que j’ai beaucoup trop d’imagination. La tranquillité, c’était avant. C’est passé de mode.

28 janvier 2006

Quand la résolution de l’énigme nous est cachée

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 12:18

cache

Caché, le film de l’Autrichien Michael Haneke, laisse celui qui le voit dans un état de perplexité à l’issue de la représentation. En effet, l’issue attendue n’arrive jamais. On ne saura jamais qui a envoyé des cassettes de façon anonyme au critique littéraire Georges Laurent, interprété par un Daniel Auteuil d’une froideur à la hauteur de son personnage, intellectuel distant, sans tendresse pour personne, et encore moins de compassion, lui qui vit avec un sentiment de culpabilité depuis plus de quarante ans, sans vouloir l’admettre.

On ne saura pas non plus qui a fait des appels téléphoniques à répétition à Anne, interprétée par une Juliette Binoche pâle et vêtue de vêtements froissés, qui nous fait pitié, surtout quand on voit avec quel homme sans cœur elle vit. Pourtant, il y a drame, il y a tension quand le passé remonte jusqu’à Georges Laurent, lui qui a tenté toutes ces années de l’enterrer, de l’exclure volontairement de sa mémoire.

Par quel concours de circonstances quelqu’un a-t-il su ? Et ce quelqu’un, pourquoi se venge-t-il ainsi ? On ne saura jamais LA réponse, mais il y a là un bel étalage de possibilités. Pierrot, le fils de Georges ? Le fils de Magid, l’enfant devenu homme envers qui il a commis quelque chose d’irréparable ? Ces deux ados complices ? Voire même acoquinés avec la mère de Georges, délaissée, à qui il démontre une telle froideur qu’on en a froid dans le dos ? Quelqu’un dans l’entourage d’Anne qui aura découvert quelque chose et qui tente de fragiliser Georges, voire de l’humaniser ?

Qui est responsable de quoi ? L’enfant jaloux qu’a été Georges à 6 ans, sans comprendre ? Celui, celle ou ceux qui s’appliquent à faire ressurgir le passé ? Ou encore et toujours, Georges, impassible en quelque sorte, qui se refuse à se voir tel qu’il est ?

Qui sommes-nous, de plus, pour juger ses actes et ceux de la France de 1961 ?
Il reste une leçon à tirer de ce film. Une leçon bien simple. Il nous faudrait à tous plus de tolérance et plus de compassion, comme le suggère incidemment le Dalai Lama. Et aussi qu’il ne sert à rien de faire abstraction de nos erreurs, même les pires, elles nous hanteront toute notre vie. Il nous vaut mieux les assumer et apprendre de celles-ci.

Ceci dit, il y aura toujours une énigme irrésolue. À nous de choisir la ou les réponses.
Michael Haneke ne nous a pas menés en bateau, comme je le pensais à la sortie du film, mais bien ouvert les portes de la conscience et du questionnement. Et d’échanges, comme j’en ai rarement vus entre spectacteurs à la sortie d’une représentation.

27 janvier 2006

Et si on allait voir les chutes?

Filed under: États d'âme — Lali @ 9:03

montmorency

Comment font les gens pour avoir une vie si organisée ? Je les regarde courir après leur vie, entre l’épicerie du jeudi après le boulot, la sacrée télé du dimanche soir, les obligations qu’ils se font de fêter les anniversaire à la date précise, la marque de café dont ils ne dérogent jamais, les loisirs bien notés à l’agenda. Ils n’ont pas l’air malheureux, je le concède. Mais je serais incapable de vivre ainsi.

Il me faut de la fantaisie, il me faut la liberté. Parce que j’ai été élevée ainsi, fort probablement. Avec des parents qui travaillaient dur, mais qui savaient faire la fête d’un rien. Qui pouvaient réveiller leurs filles à 23 heures pour aller manger des frites chez Lesage. Et celles-ci qui s’endormaient sur la route du retour, entre le rêve et la réalité, avec au coin de la bouche peut-être un grain de sel. Des parents qui improvisaient des voyages en vingt minutes. Et on était en route pour Québec, pour aller voir les chutes Montmorency prises dans la glace, alors qu’une demi-heure plus tôt on n’y pensait même pas.

Mes parents ont toujours su improviser et je crois que c’est un beau cadeau qu’ils m’ont fait en m’inculquant cette notion. Je suis rarement prise au dépourvu et ça ne peut venir que de là. Je décide vite et je fonce. Non, non, je ne suis pas une écervelée, mais je suis mon cœur et mon intuition. Et je ne m’en veux pas si parfois il m’arrive de me tromper. Cela fait partie du jeu pour lequel il n’existe aucune règle.

J’aime l’idée de ne pas savoir tous les détails d’une journée. J’aime penser que peut arriver quelqu’un à l’improviste, que je peux partir pour Québec ou au cinéma dans une heure, que rien n’est fixé dans le béton de l’ordre du jour. En fait, je me demande s’il ne m’est pas plus difficile de tenir un rendez-vous fixé pour une date lointaine que de me décider vite fait. Aurais-je du mal avec les contraintes? Va savoir.

Et si on se faisait un pique-nique dans le salon? Et si on allait au cinéma? Et si on allait voir les chutes?

26 janvier 2006

Quand sangs italien et irlandais donnent Satriani

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 16:53

satriani

Parce que j’aime les chansons à textes, parce que j’aime la musique classique, je ne devrais pas aimer quelque chose qui vibre autrement ? Vraiment pas.
J’aime trop la vie, j’aime trop découvrir, pour me limiter, pour me cantonner à quelques genres. Il me faut tout explorer. Et combien de musiques, de rythmes, de chansonniers, d’horizons ai-je pu découvrir parce que dans mon entourage on sait que je suis toujours partante pour écouter ?

Il me semble que c’est avec Michel que j’ai partagé le plus intimement la musique. Qu’il m’a ouvert sur des paysages insoupçonnés. Que sans lui je n’aurais jamais eu ce contact privilégié avec la musique celtique, ni une introduction au nouvel âge et encore moins une passion pour les grands guitaristes. De flamenco, bien entendu, mais aussi de classique ou de rock endiablé.

C’est lui qui m’a fait connaître Joe Satriani, il y a quatorze ans. Guitariste fou, technicien incroyable, Satriani dort sûrement avec ses instruments, car je ne crois pas avoir vu de lui une photo où il n’en serre pas une dans ses bras. Si j’aime tous les albums de Satriani, j’avoue avoir une préférence pour The extremist. Et il y a sûrement deux raisons à cela. D’une part, je trouve que cette appellation lui convient très bien: il n’y a pas de tiédeur ou de demi-mesure chez lui. D’autre part, j’ai vu le spectacle qui a suivi la sortie de ce CD le 8 décembre 1992, au Spectrum. Et je dansais encore en sortant de là. Il a injecté quelque chose en moi, c’est forcé. Quelque chose qui ne m’a plus quitté.

Celui-là et quelques autres, je les dois à un guitariste/violoniste. Merci Michel.

La Haye pour Mondrian

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:09

mondrian

Petra et Paul avaient décidé de réunir quelques amis autour d’un souper, pendant mon séjour à Haarlem. Je ne les connaissais pas, mais Annemarieke avait si bien parlé de moi que je me suis sentie tout de suite à l’aise. Une de ces soirées magiques où le français, l’anglais et le néerlandais se mélangeaient, les deux premières langues pour que je puisse participer à la conversation, la troisième quand ensemble mes hôtes tentaient de trouver comment traduire pour moi une expression sans la galvauder.

Mais de cette soirée, ce que je retiens, c’est la passion de Paul pour Mondrian.
Il n’était pas historien d’art, ni peintre, ni critique. Mondrian, il l’avait découvert dans une des visites scolaires au musée, encore gamin. Le reste, il l’avait appris seul. En lisant, en faisant le tour des expos de l’artiste. Mondrian, pour tout vous dire, c’était le dada de Paul. D’ailleurs, je me souviens des sourires des autres quand Paul a décidé de me donner un cours. Enfin, Paul allait pouvoir s’éclater! À lui seul, il m’a appris plus sur Piet Mondrian que bien des articles que j’ai lus depuis.

Et surtout, parce qu’il m’a parlé du triptyque intitulé Evolution, j’ai pris le train pour La Haye, ville de fonctionnaires et sans intérêt que je ne pensais pas voir. Et il pleuvait tant ce jour-là que quand je suis arrivée au Gemeentemuseum, j’étais trempée. J’ai même laissé une mare derrière moi devant le guichet, même si mon attente n’a pas été longue, car le musée était tout simplement désert.

Et je n’ai rien vu du musée, je n’en ai pas fait le tour. Je n’ai vu que les Mondriaan. Ses célèbres carrés de couleur, bien entendu. Mais surtout le triptyque pour lequel je m’étais déplacée, et qui occupe à lui seul une salle. Peint en 1911, il s’inscrit dans la lignée de ses lectures de Rudolf Steiner et du fait qu’il ait joint la société de Théosophie. Mais ce n’était pas cela qui m’intéressait, et ce n’est toujours pas le contexte que je vois et qui m’attire. Mais bien ces bleus, le côté géométrique et le regard intense.

Peut-être que beaucoup ne verront rien dans ces toiles.
Plus de vingt ans ont passé depuis ce jour de mars et je conserve encore cet émerveillement. Un jour, il me faudra retourner à La Haye. Pour Mondrian.

25 janvier 2006

Des escaliers invitants

Filed under: États d'âme,Mon Montréal — Lali @ 8:12

esca

Qui vient à Montréal pour la première fois le remarque tout de suite: Montréal est une ville aux escaliers extérieurs. Dans quelque quartier que vous vous trouviez, les escaliers parent les rues. Certains peints de jolies couleurs, d’autres agrémentés de paniers de fleurs en été. Et en hiver, de véritables casse-cou, dans certains cas. Ce qui fascine toujours. Pourquoi des escaliers dehors dans un pays au climat si rude ?

escb

Ces escaliers extérieurs, je les vois comme une invitation. Beau temps, mauvais temps, ils vont jusqu’au trottoir cueillir l’arrivant. Les monter, c’est aller à la rencontre des autres, de ceux qui nous attendent. Pour un café, une soirée, un repas, un bout de causerie. Je ne dis pas que certains ne sont pas malaisés à monter, parce que très à pic. Comme celui chez mes grands-parents maternels, quand j’étais enfant. Rien que d’y penser et mes genoux vacillent. Mais il fallait peut-être celui-là pour que plus un escalier ne me fasse peur !! Pour qu’un jour je puisse descendre et monter celui de la rue Fabre avec une poussette pour une promenade avec ma filleule ? Et tellement d’autres, en pleine noirceur, pas toujours sûrs parce que pas entretenus. Mais avec chaque fois l’assurance de trouver en haut de ceux-ci sourire et chaleur de l’amitié.

esccc

Parfois, on n’a pas bien long à monter pour arriver, mais ces quelques marches, je les aime. Et c’est toujours heureuse que j’arrive en haut de ceux-ci. Comme si chaque fois, ce sera la fête. Et ça l’est, puisque l’amitié est là.
Comme j’aime mon Montréal et ses marches. Même si parfois elles sont casse-cou parce que glacées. Mais elles sont à l’image de notre quotidien. Il y aura toujours des escaliers qu’on peut grimper sans réfléchir tant on les connaît et d’autres, moins sûrs, qu’on examinera bien avant de s’y aventurer. Il faut juste oser. Car au bout de l’enfilade de marches nous attend sûrement un moment exceptionnel.

escd

24 janvier 2006

Je ne bouderai pas mon plaisir, jamais !

Filed under: Revendications et autres constats — Lali @ 14:08

davidcassidy

Comment font-ils, dites-moi, tous ces intellectuels ou pire, ces pseudo intellectuels, pour poser des jugements de valeur sur tout, et particulièrement sur les créations artistiques les plus diverses ? Comment arrivent-ils à toujours détruire ? Sont-ils inconscients ? Sont-ils trop bêtes pour bouder leur plaisir ? Ont-ils rayé de leur mémoire leur adolescence, leur innocence ?

J’essaie de comprendre. Je constate. Et ce que je constate n’a rien de réjouissant. Nous sommes entourés de ces intellos nés trentenaires avec un jugement sur tout, sans enfance derrière eux, et qui veulent nous diriger dans nos choix. Qui évitent les sentiers de la rime, qui ont inventé le mot kitch, qui s’horripilent devant ce qui plaît à une majorité, qui se font élitistes au profit d’un charabia qu’eux seuls comprennent. Comme si le nom d’une fleur, s’il sort d’un livre de botanique, en latin s’il vous plaît, sent meilleur que le banal mot français.

Non, mais arrêtez, pitié. Il y a une vie en dehors de vos beaux échafaudages et de vos théories.
Quoique je devrais à mon tour apporter des nuances. Il y a les intellectuels purs et durs, il y a les intellectuels snobinards… et il y a les intellos qui ne se prennent pas au sérieux et qui se souviennent.

J’ai toujours un frisson dans le dos quand on m’appelle l’intello de service. Peur qu’on me mette dans la catégorie des sans humour et des sans adolescence. Peur que je ne sois prise pour celle que je ne suis pas. Intello peut-être, mais pas que ça. Je ne veux pas être résumée par ce seul mot. Je revendique le droit de dire que j’aime des trucs qui font dresser les cheveux sur la tête de ces bien intentionnés. Et des trucs absoluement décriés, ce qui a l’heur de me faire encore plus plaisir.

Et je n’ai nulle honte à dire qu’adolescente j’ai parcouru la ville à bicyclette pour trouver des photos de David Cassidy. Que j’ai couvert mes murs et rempli des cahiers de photos tirées de magazines. Aucune honte. Et aucune à dire que certaines chansons mielleuses me plaisent. Je ne mettrai pas de côté mon plaisir au profit des valeurs supposément sûres de ces usurpateurs d’émotions. Qui peut-être, se gavent de Dalida en cachette, tout en la démolissant sur la place publique.

Je suis une intello, mais je ne fais pas partie du monde des intellectuels. Et je m’en porte très bien, merci. Ne me limitez pas à cela, regardez-moi vraiment. Et si un jour je dérape, si je n’ose plus dans un café chanter aussi fort que Dassin à la radio, c’est que je serai des leurs. Et ce sera le jour le plus triste de ma vie.

23 janvier 2006

Delvaux, comme un appel

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:14

delvaux

Il a peint des femmes aux seins nus et des gares. Ainsi, pourrait-on résumer l’œuvre de Delvaux. Et ainsi restreindre la qualité de son regard, son sens du lyrisme et son imaginaire.

Or, j’aime Delvaux pour son impudeur sobre. J’aime Delvaux pour la tendresse qu’il semble éprouver pour les femmes-mannequins qu’il a posées dans des décors peut-être empruntés à Jules Verne, qu’il a tant affectionné. J’aime Delvaux pour ses chemins de fer, parce que ses trains semblent ne jamais arriver ni partir, mais en mouvance continuelle. J’aime l’univers surréaliste qu’il a peint avec minutie et souci du détail.

Et j’aime particulièrement ce Train du soir où je me sens comme cette jeune fille minuscule face au train qui entre en gare. Me verra-t-il ? M’emmènera-t-il vers de nouveaux horizons ? C’est plus que ça, je ne me sens pas comme elle, je suis elle, quand je contemple cette toile. Car Delvaux sait nous inclure, je ne sais pas par quel processus. Il nous invite, nous fait participer au grand déploiement. Nous ne sommes jamais tout à fait spectateurs, mais participants. Car chaque tableau a une histoire à raconter, et encore plus à inventer.

Je voudrais au prochain voyage en Belgique aller à Saint-Idesbald, là où se trouve la fondation Delvaux. Me nourrir de son imaginaire et écrire. Car il y a trop longtemps que Delvaux est en moi, porteur de quelque chose qui germe et doit éclore.

Il m’appelle. Comme la musique appelle Pierre Rapsat, dans une de ses chansons.
Il y a des cris auxquels on devra bien un jour ou l’autre répondre. Celui-ci se fait de plus en plus pressant.
Je suis en attente de ce train pour partir au pays de l’imaginaire de Delvaux. Un univers qui croise ceux de Magritte et de Dali, mais qui s’en démarque et s’en écarte. Un pays imaginaire aux confins de la mémoire et de la création. Un pays que j’ai envie de vous raconter. Mon train finira bien par arriver, je le sens.

Page suivante »