Jô n’attend plus rien. Comme si tout ce qui fait partie de l’espoir s’était enlisé il y a bien longtemps. Si longtemps. Et pourtant, Jô n’a pas l’âge de celles qui ont renoncé ou déjà tout vécu de ce que la vie apporte. Tout n’est pas derrière elle. Mais Jô n’y croit pas, n’y croit plus. N’y a peut-être même jamais cru.
À 38 ans, elle a choisi le renoncement. Il ne lui arrivera plus rien. C’est ce qu’elle pressent, ce qu’elle ressent. Ça ne fait pas pas mal, c’est juste un constat. Elle peut vivre avec. Elle vit déjà avec.
Cela, Maria Judite de Carvalho, l’auteure notamment de Tous ces gens, Mariana…, le dépeint avec finesse, sans tomber dans le pathos. Ce petit monde qui entoure Jô. L’homme qu’elle n’épousera pas. L’enfant qu’elle n’aura pas. L’amie qui parle, mais qui n’écoute pas. Celui qui est parti. Ces gens qui se tiennent au bord de sa vie, qui ne la connaissent pas vraiment, parce qu’elle n’a jamais tout à fait accepté qu’ils fassent partie de son intimité. Et aussi avec une certaine tendresse. Car, malgré tout, malgré le fait qu’elle ait abandonné, ou semble l’avoir fait, Jô est attachante. Émouvante.
On peut regarder les bateaux sans vouloir prendre la mer. C’est ce qu’il faut retenir de ce court roman qui fait vibrer en soi des rêves jamais éteints.