Lali

7 novembre 2018

Tante Alice

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:29

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Les livres qu’on lit d’une traite sont de moins en moins nombreux. Or, c’est le cas du roman de Francis Dannemark, un de mes auteurs préférés, intitulé Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un). Je n’ai pu déposer le livre qu’après l’avoir lu d’un bout à l’autre sans m’arrêter.

C’est donc avec enthousiasme que je vous invite à lire l’histoire d’Alice, cette dame de 73 ans – qui est loin d’être une vieille dame – dont Paul fait la connaissance le jour des funérailles de sa mère, car il ne connaissait pratiquement de sa tante que son prénom. Et comme il a le temps, qu’elle a le temps, elle va lui raconter sa vie. Une vie digne d’un roman, vous l’aurez compris. Une vie avec ses joies, ses peines, où l’amour prend beaucoup de place : on n’est pas veuve huit fois pour rien, et sans tuer ses maris, en plus!

Dès qu’elle commence à se raconter, on s’attache à cette Alice, qui a (presque) tout vu et (presque) tout vécu. On veut tout savoir, comme Paul, lequel gobe chaque mot de ses aventures. Mais le mot « aventures » est-il le bon? Je n’en suis pas certaine. Peut-être que chapitres ou épisodes seraient des mots plus justes. Mais peu importe le mot, on veut tout connaître de celle dont on sait si peu en dehors des lettres qui sont parvenues à sa sœur au fil des cinquante dernières années. On veut la connaître, la découvrir, car on est sous le charme d’Alice.

Avec la finesse qu’on lui connait, Francis Dannemark nous livre ici un roman qui, malgré son semblant de légèreté, m’en est pas moins empreint d’une certaine gravité. Car en se livrant ainsi, sans pudeur, Alice met aussi fin à une série de secrets et de suppositions qu’on devine, même si les choses ne sont pas dites ainsi.

Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) est un véritable moment de bonheur. Qui vous fera presque regretter de ne pas avoir de tante Alice.

18 octobre 2014

Comme un secret

comme un secret

Je ne suis pas toute seule à ne pas aimer voir les feuilles tomber et à trouver difficile de laisser l’été derrière soi pour affronte l’hiver et sa froidure. C’est aussi le cas du garçonnet de Comme un secret, un album empreint de douceur et de tendresse, concocté par Émile Jadoul, pour le texte, et Catherine Pineur, pour les illustrations.

En effet, comment accepter que son ami l’arbre passe l’hiver tout nu? Excellente question! Mais le père de l’enfant a plus d’un tour dans son sac, et surtout plus d’une écharpe et d’une paire de mitaines dans ses tiroirs. L’arbre ne passera pas la saison froide déshabillé, foi de papa!

Prêt à affronter toutes les intempéries, l’arbre pourra donc accueillir le père Noël en temps et lieu et attendre le printemps au chaud. Pour le grand bonheur du gamin et le nôtre.

Comme un secret est un très bel album. Une sorte de clin d’œil à l’automne et à l’hiver, un rappel de s’habiller chaudement, une explication des saisons, un éloge de la patience et de l’attente. À mettre entre toutes les mains de ceux qui aiment la poésie. Comme un secret est en fait une sorte de poèmes en mots et en images.

13 septembre 2014

Voyage en train un peu fade

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:48

Du train où vont les choses à la fin d’un long hiver est une longue conversation entre deux inconnus dans un train en direction de Lisbonne. Pour tuer le temps. Pour dire tout haut ce qu’on n’ose pas dire tout bas, justement parce qu’on sait que l’autre est de passage et que les confidences s’arrêteront quand le train sera arrivé à destination.

Christopher, en est à l’heure des bilans, Emma aussi, en quelque sorte. Et ce qu’ils vont se dire ne changera pas le cours de leur vie, ils le savent bien. Mais il faut bien meubler le silence et trouver dans le regard de quelqu’un qui ne sait rien de soi quelque assentiment pour que tout prenne un sens.

Mais tout cela a quelque chose de plat et d’inutile, et de tellement moins réussi que Choses qu’on dit la nuit entre deux villes, dont le sujet est quasi le même, une rencontre entre deux inconnus, qui ne connaîtra probablement pas de suite. Car il y avait dans celui-ci un souffle, un ton, un regard, une poésie qui sont absents de ce voyage en train ou, du moins, qui se révèlent un peu fades quand on compare les deux romans publiés à vingt ans d’écart.

Mais qui n’a pas lu cette conversation entre deux étrangers réunis à l’occasion d’un mariage auxquels ils sont invités trouvera peut-être dans l’échange entre Christopher et Emma quelque chose qui le touchera.

Quant à moi, je compte bien vite oublier ce livre pour ne me rappeler que les autres romans de Francis Dannemark qui m’ont émue, attendrie, parfois bouleversée, dont Choses qu’on dit la nuit entre deux villes.

30 octobre 2013

Homère et la conséquence de ses actes

Comme Eva Kavian fait partie des rares écrivains en mesure de m’émouvoir à tous les coups, qu’elle écrive de la fiction pour les jeunes ou les adultes, ou de la poésie, j’ai du mal à être objective quand il m’arrive de parler de ses livres.

Je me suis donc plongée dans La conséquence de mes actes, son plus récent roman destiné aux adolescents, en sachant qu’il allait me plaire, peu importe ce que l’écrivaine belge — que je me promets de rencontrer un jour — allait me raconter. Or, il ne m’a pas fallu plus de deux pages pour que je mette tout de côté et dévore sans presque m’arrêter La conséquence de mes actes, qui relate avec beaucoup de sensibilité et d’humour, deux caractéristiques propres à tous les livres d’Eva Kavian, ce qui est arrivé dans les derniers mois à Homère Kisch, presque seize ans. Des événements dont il est le seul responsable (à part le départ de sa mère), d’où le titre du roman.

La conséquence de mes actes, c’est aussi le thème imposé pour son devoir de vacances de français. Comme si tout s’additionnait pour que l’adolescent fasse le bilan de sa vie. Aîné d’une famille de quatre enfants passablement plus jeunes que lui, Homère, accro à l’ordinateur et aux gazouillis (tweets, pour les francophones hors Québec), voit les événements s’enchaîner à toute vitesse dès la création d’un profil pour son père sur un site de rencontres. Le bibliothécaire et spécialiste de mythologie, qui a donné à ses enfants des prénoms rares (Homère, Ulysse, Priam et Cassandra) a, maintenant qu’il semble avoir réussi à organiser sa vie après sa séparation (sa femme étant tombée amoureuse d’une des amies du couple), l’envie de voir s’il est encore potentiellement attirant pour la gent féminine.

Eh oui! C’est même l’orthodontiste du jeune garçon qui va jeter son dévolu sur son père. Misère de misère! Et ce n’est là que le début des ennuis… Et même d’une montagne de problèmes de toutes sortes qui font faire réaliser à Homère à quel point il faut savoir mesurer la portée de certains gestes.

Cela donne un roman où la tendresse et l’amour viennent à bout de conflits, de méprises et d’erreurs de calcul, qui trouvent leur issue dans quelques scènes souvent humoristiques. Pour le plus grand plaisir des lecteurs qui ont été conquis par la spontanéité de cet Homère bien de sa génération.

La conséquence de mes actes : un héros attachant, une écriture alerte, un roman irrésistible.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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12 octobre 2013

Un ballon qui va loin!

Quand le ballon frappé par Jimmy, le meilleur footballeur du monde, atterrit au pôle Nord, c’est le début d’une extraordinaire aventure pour Pirmi qui n’a jamais vu une telle chose et qui imagine celle-ci tombée de la Lune parce qu’elle en a la forme. Comme un cadeau. Un cadeau unique et exceptionnel. Mais que faire d’une boule qui s’envole au moindre coup de vent, sur laquelle on ne peut pas s’asseoir sans tomber par terre et qui ne peut en aucun cas remplacer la peluche avec laquelle on dort? Jouer!

C’est ce que feront Pirmi et ses amis dans cette jolie aventure illustrée par Émile Jadoul, à la fois illustrateur et auteur, à qui on doit un grand nombre d’albums, notamment à l’école des loisirs. Une aventure qui donnerait presque envie de jouer au football. Presque, j’ai dit.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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8 octobre 2013

La petite vieille du rez-de-chaussée

Si vous me ressemblez un peu, vous allez craquer pour La petite vieille du rez-de chaussée. Vous la voudrez même pour voisine. C’est si agréable quelqu’un qui vous donne le bras pour traverser la rue. Car c’est ce qu’elle fait la voisine du rez-de-chaussée. Même si elle ne vous connaît pas. Que vous soyez jeune ou pas. Et même si vous avez les cheveux verts. Tout ce qu’elle veut, c’est votre bras. Pas longtemps. Juste le temps de traverser la rue dans un sens puis dans l’autre. C’est que la dame du rez-de-chaussée, même si elle n’est plus aussi rapide et téméraire que dans sa jeunesse, aime bien sortir tous les jours pour faire ses courses.

Elle ne vous a pas encore saisi le bras au vol? Vous ne l’avez jamais vue en action? Elle est pourtant rapide, la petite dame. En moins de deux, elle se pend à votre bras en souriant et ne vous lâche pas avant d’avoir atteint le trottoir d’en face.

Enfin, d’habitude. Aujourd’hui, quelqu’un lui a refusé son aide avec tant de rudesse et de méchanceté qu’elle est restée bouchée et figée, clouée au sol. En état de choc. Incapable de faire le moindre mouvement. Ce qui va attirer les gens du quartier qui la connaissent et surtout une famille qui habite le même immeuble qu’elle. Tous leurs essais semblent vains pour la sortir de cet engourdissement qui se prolonge. Mais la vieille dame de l’immeuble n’est plus en mesure de s’exprimer verbalement ou physiquement. Il faut décidément faire appel au médecin, lequel saura exactement ce qu’il faut faire pour que cesse cette torpeur.

Il va sans dire que chacun tirera profit de cette expérience et que tout est bien qui finit bien. Mais ce n’est pas sans qu’une réflexion s’impose sur le rôle de chacun dans nos sociétés où trop de personnes âgées et seules sont livrées à elles-mêmes alors qu’elles pourraient tant apporter à autrui.

Un bel album. Sensible. Émouvant. Superbement illustré par Ian De Haes.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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5 octobre 2013

Tout là-haut

Imaginez une petite fille qui marche sur un fil sa poupée à la main. Imaginez les pays qu’elle traverse, les gens qui la regardent. Imaginez que rien ne l’arrête dans sa course et que beau temps, mauvais temps, elle va là où son fil va, sans savoir où cela la mènera. Imaginez-la, confiante en la vie.

Imaginez toutes ces choses à découvrir. Plus loin. Toujours plus loin. Au delà d’une montagne ou d’une rivière. Imaginez au bout du fil une rencontre. La raison de cette longue marche. Comme si le destin attendait son heure.

Imaginez tout cela. Puis ouvrez Tout là-haut, le magnifique album de l’auteure belge Inge Van Gestel qu’a illustré Jan-Marie Oriot. Coup de foudre garanti.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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2 octobre 2013

Quand l’amour s’en mail

L’écrivain d’origine belge Jean-Marie Defossez a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il a même reçu plusieurs prix littéraires pour Les Arckans. Et pourtant, rien ne le prédestinait à l’écriture. De docteur en zoologie, pour accéder à son rêve de gamin de devenir un « savant », il a quitté le monde des sciences et est devenu écrivain afin de devenir un « disant ». Et ce, il y a environ dix ans.

Je n’avais jamais entendu parler de lui avant de mettre la main, tout à fait par hasard, sur Quand l’amour s’en mail, un roman destiné à un lectorat adolescent. Et féminin, ai-je envie d’ajouter, puisqu’il me semble plutôt impossible que des garçons puissent être intéressés par cette histoire de filles qui met en scène Claire, quinze ans, laquelle rêve de ne plus être laissée pour compte malgré sa timidité et choisit de fréquenter les salles de clavardage afin de tenter de rencontrer celui qui va lui permettre de sortir de sa coquille.

Mais ce n’est pas parce qu’elle est en mesure de vaincre sa timidité maladive en se dissimulant derrière un écran qu’elle est en mesure de franchir le pas et de sortir du virtuel.

Hésitations, déceptions, erreurs de parcours, rencontres organisées, cœur qui s’emballe, peurs, mises au point, rêves (qui peuvent sembler impossibles), tout est là pour tenir la jeune lectrice en haleine et lui rappeler de ne pas faire confiance à tous et de garder les yeux ouverts sur le réel et ceux qui en font partie. Un livre qui ne changera pas le cours de la littérature jeunesse, mais qui se lit avec plaisir. Parce qu’il y a dans beaucoup de jeunes filles une Claire qui sommeille.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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13 septembre 2013

Terminus Odéon

Alex a disparu alors qu’il se rendait à sa leçon de violon. Lui est-il arrivé un accident? A-t-il été enlevé? A-t-il fait une fugue afin d’assister à un spectacle de son père chanteur qu’il n’a pas vu depuis des années ou pour une autre raison? La police enquête sans trouver de véritables pistes, ce qui est loin de satisfaire son professeur de violon qui est attaché à l’enfant. D’ailleurs, ceci pousse ce dernier à chercher de son côté un indice qui pourrait le mener à Alex. Or, ce qu’il trouve dans un premier temps ne résout en rien la toile qui semble s’être tissée autour de la disparition d’Alex, de l’étui de violon vide au personnage assez louche qui fréquente le quartier.

Tout semble indiquer qu’Alex est parti de son plein gré pour Paris. Mais pourquoi? Est-il parti seul? S’est-il laissé influencer par un ami ou par un adulte de son entourage? En promettant à la mère d’Alex de le retrouver, son professeur de violon n’avait sûrement aucune idée de ce à quoi il s’engageait ni à quelles embûches il se verrait confronté alors qu’il croyait atteindre son but.

Terminus Odéon devrait captiver tout adolescent aimant les romans d’aventure, car il n’y a ici aucun temps mort — ce serait plutôt le contraire tant tout défile à une vitesse grand V. De plus, l’auteur de La mémoire blanche connaît son métier et n’hésite pas à semer çà et là de fausses pistes, ce qui ajoute au plaisir de ce roman destiné aux jeunes, lequel vous fait voir du pays, de Charleroi à Paris, en passant par Bruxelles.

Comme quoi le violon peut mener à tout!

Titre pour le Challenge Des notes et des mots

et pour le Challenge « Littérature belge »challenge.gif

4 septembre 2013

Ernest et Célestine, musiciens des rues

Quand j’étais libraire, je me faisais une joie de mettre sur les rayons un album mettant en vedette Ernest et Célestine, héros imaginés par l’illustratrice et auteure jeunesse Gabrielle Vincent. J’ai toujours trouvé à ceux-ci beaucoup de charme et de douceur.

L’album Ernest et Célestine, musiciens des rues nous raconte une histoire toute simple, comme c’est chaque fois le cas d’entrée de jeu. Cette fois-ci, c’est le toit de la maison qui va avoir besoin d’être réparé avant l’hiver. Mais ça coûte cher et il faut trouver l’argent pour être en mesure d’effectuer cette dépense. C’est alors que Célestine a l’idée de sortir du grenier le violon d’Ernest et qu’elle réussit à le convaincre de se jouer dans les rues. Mais le résultat est loin d’être concluant malgré le talent de l’ourson.

Mais ce n’est pas ça qui va arrêter Célestine. C’est ainsi qu’elle décide d’apporter sa contribution toute personnelle à l’entreprise et de chanter, accompagnée par Ernest. C’est le succès!

Si l’album ne s’écarte pas des adages qui laissent entendre qu’il vaut toujours mieux s’allier quand on vise le succès, il n’en demeure pas moins que cet album est agréable à lire et qu’il constitue en soi un beau message sur l’amitié.

Titre pour le Challenge Des notes et des mots

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