Tante Alice
Les livres qu’on lit d’une traite sont de moins en moins nombreux. Or, c’est le cas du roman de Francis Dannemark, un de mes auteurs préférés, intitulé Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un). Je n’ai pu déposer le livre qu’après l’avoir lu d’un bout à l’autre sans m’arrêter.
C’est donc avec enthousiasme que je vous invite à lire l’histoire d’Alice, cette dame de 73 ans – qui est loin d’être une vieille dame – dont Paul fait la connaissance le jour des funérailles de sa mère, car il ne connaissait pratiquement de sa tante que son prénom. Et comme il a le temps, qu’elle a le temps, elle va lui raconter sa vie. Une vie digne d’un roman, vous l’aurez compris. Une vie avec ses joies, ses peines, où l’amour prend beaucoup de place : on n’est pas veuve huit fois pour rien, et sans tuer ses maris, en plus!
Dès qu’elle commence à se raconter, on s’attache à cette Alice, qui a (presque) tout vu et (presque) tout vécu. On veut tout savoir, comme Paul, lequel gobe chaque mot de ses aventures. Mais le mot « aventures » est-il le bon? Je n’en suis pas certaine. Peut-être que chapitres ou épisodes seraient des mots plus justes. Mais peu importe le mot, on veut tout connaître de celle dont on sait si peu en dehors des lettres qui sont parvenues à sa sœur au fil des cinquante dernières années. On veut la connaître, la découvrir, car on est sous le charme d’Alice.
Avec la finesse qu’on lui connait, Francis Dannemark nous livre ici un roman qui, malgré son semblant de légèreté, m’en est pas moins empreint d’une certaine gravité. Car en se livrant ainsi, sans pudeur, Alice met aussi fin à une série de secrets et de suppositions qu’on devine, même si les choses ne sont pas dites ainsi.
Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) est un véritable moment de bonheur. Qui vous fera presque regretter de ne pas avoir de tante Alice.