À quoi ressemble le parc de Mariemont en hiver? Possède-t-il le charme discret et invitant de celui des jours d’été malgré la grisaille et les nuages? Les statues se sont-elles recroquevillées pour ne pas subir les affres du froid? Le paon fait-il encore la roue pour quelque touriste égaré? L’eau est-elle gelée? Certains sentiers toujours fermés parce que jugés trop dangereux?
Qu’en est-il de Mariemont à cette période de l’année? Est-il décoré, voire illuminé? Est-il encore pour certains un lieu de partage et de confidences? Est-il, comme pour Fabien, un lieu où il se retrouve, et où il m’a emmenée pour que je le connaisse davantage, que je sente, grâce aux allées et aux arbres qu’il fréquente depuis des années, un peu de lui?
Notre vie est ponctuée de grilles que nous franchissons, de sentiers que nous parcourons, de fausses pistes aussi, de détours qui n’ont pas de prix, de paysages à couper le souffle, d’arbres immenses, d’océans brumeux, de traces de pas sur le sable, de roches qu’on lance à l’eau, de feuilles mortes où on s’ébroue, de regards qui disent tout, de bancs où on ne prend pas toujours le temps de s’asseoir, de vents qui soulèvent, de clins d’œil complices, de neige durcie qui craque sous les pas, de couchers de soleil qui laissent muets, de pieds dans l’eau, de rires d’enfants, de glaces aux mille parfums, de pluies diluviennes, de cheminées qui fument, de mains qui se tendent, de cadeaux qui ne se déballent pas, de sourires inscrits à jamais, de paquebots qu’on regarde passer, de baisers échangés, de coquillages ramassés, de livres dévorés, de cafés sur des terrasses, de poèmes qu’on n’écrira jamais, de pelouses où s’étendre, de vols d’oiseaux, de chansons qui font danser, de recoins cachés qu’on croit être seuls à connaître, de cocottes de pin tombées qu’on ne ramasse pas…
Repenser au parc de Mariemont me fait curieusement entrer en moi et voir tout cela défiler, tout ce qui me fait vibrer et vivre. Car il est de ces lieux où on fait la paix avec soi-même.