Les vers de Sophia 36
La lectrice de John Lavery est comblée. Elle qui aimait tant Byron ne pouvait qu’aimer Sophia de Mello Breyner. Surtout quand elle parle de lui ainsi :
Écriture
Dans le palais Mocenigo où il habita seul
Lord Byron utilisait tous les grands salons
Pour voir sa solitude de miroir en miroir
Et la beauté des portes que personne ne franchissait
Il écoutait les rumeurs marines du silence
Et l’écho perdu des pas dans un couloir lointain
Il aimait l’éclat lisse du sol poli
Les hauts plafonds où s’enroulaient les ombres
Et même s’il ne s’asseyait que sur une chaise
Il aimait regarder les chaises vides
Sans doute personne n’a besoin d’un si grand espace vital
Mais l’écriture exige des déserts de la solitude
Et des choses qu’on regarde comme on regarde ailleurs
Nous pouvons l’imaginer assis à sa table
Imaginer le cou long et épais
La chemise ouverte et blanche
Le blanc du papier les traces de l’écriture
Et la lumière de la bougie – comme dans certains tableaux –
Qui rendent le tout attentif