Isolés de la populace
Par un mur en duralumin,
Les privilégiés de première classe
Sur le cuir posent leur popotin
Tout constipés derrière la glace
Leur beau ticket vert à la main,
Pour quelques centimes de surtaxe
Ils méprisent le Genre Humain
{Refrain:}
Dans les wagons de première classe
Du métropo-po-politain,
Y a pas de cris, y a pas de crasse,
Pas de pinces-culs prolétariens
Il y a là quelques douairières,
Entre deux toasts, entre deux thés,
Qui, le dimanche, s’offrent une croisière
De Lamarck à la Trinité
Il y a là quelques rombières,
Talons pointus, envisonnées,
Cils en carton et cœur de pierre,
Et les tétons amidonnés
{au Refrain}
Dans ces fourgons calorifiques,
J’allais oublier ces Dupont
Qui, comme titre honorifique,
Pour eux tous seuls, s’payent un wagon
D’autres reçoivent la rosette,
La croix des braves au Panthéon,
C’est à Notre-Dame de Lorette,
Qu’eux, ils méritent de la Nation
{au Refrain}
Oui c’est ainsi que nous vivons,
Chacun de nous numéroté,
Depuis les rois et les wagons,
Jusqu’à la Sainte-Trinité,
Alors, Bon Dieu ! Ne me parlez
Plus de l’égalité des races,
Même le métro nous rit au nez,
De Sébasto à Montparnasse
{au Refrain}
(Henri Tachan)
*toile de Patricia O’Neal