Les vers de Sophia 32
La lectrice de James Cahill s’est mise à rêver dès les premiers vers de Sophia de Mello Breyner. Il suffisait d’une ville.
Lisbonne
Je dis :
« Lisbonne »
Quand je traverse – venant du Sud – le fleuve
Et la ville où j’arrive s’ouvre comme si elle naissait de mon propre nom
Elle s’ouvre et se dresse dans son étendue nocturne
Long scintillement de bleu et de fleuve
Corps amoncelé de collines –
Je la vois mieux parce que je la dis
Tout se montre mieux parce que je dis
Tout montre mieux son être et sa carence
Parce que je dis
Lisbonne avec son nom d’être et non-être
Ses méandres d’insomnie de surprise et de ferraille
Son éclat secret de chose de théâtre
Son sourire complice de masque et d’intrigue
Pendant qu’à l’Occident la vaste mer se dilate
Lisbonne oscillante comme une grande barque
Lisbonne cruellement construite le long de sa propre absence
Je dis le nom de la ville
-Je dis pour voir