Lali

27 janvier 2025

Le libraire de Wigtown

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:54

J’ai beau ne plus travailler en librairie depuis 19 ans, je demeurerai une libraire dans l’âme toute ma vie, je crois. Et je serai toujours attirée par les livres où il est question de librairies et où les personnages sont des libraires. Je ne pouvais donc qu’ajouter à ma pile de livres à lire, ou plutôt à mes piles de livres tant elles sont nombeuses, Le libraire de Wigtown. Mais il n’est pas resté là longtemps. J’avais trop envie de me plonger dans les aventures de Shaun Bythell, qui tient une librairie de livres d’occasion à Wigtown depuis 2001.

Wigtown, ai-je appris dès les premières pages de ce journal de bord quotidien qui s’étale sur un an, est la ville écossaise du livre. Chaque automne s’y tient un festival du livre très prisé, et ce n’est pas le seul événement littéraire qui fait vivre cette petite communauté. En effet, chaque année, des prix sont remis à des poètes qui ont retenu l’attention du jury. Et Wigtown compte 17 librairies et entreprises liées au monde du livre.

The Bookshop est l’une de ces librairies. Et pas la moindre, car elle est la plus importante librairie de livres d’occasion de toute l’Écosse. C’est donc avec un plaisir sans faille que j’ai lu Le libraire de Wigtown.

Chaque chapitre nous donne à lire les aventures au quotidien mois par mois. On voit donc défiler les clients réguliers de la librairie comme ceux qui sont de passage, des gens qui veulent se départir de livres et qui pensent qu’ils en tireront une fortune, les personnes qui travaillent à la librairie, les amis et connaissances de Shaun Bythell. Tout cela donne lieu à des anecdotes cocasses et à une réflexion sur le métier de libraire.

Chaque chapitre commence par un extrait des souvenirs de George Orwell de la courte période où il a été libraire, que vous pouvez lire en version originale ici. Curieusement, comme le fait remarquer Shaun Bythell, ce qu’a écrit Orwell dans les années 1930 est encore d’actualité à quelques détails près. Ce qui a vraiment changé la donne ces dernières années est la vente en ligne et l’arrivée d’Amazon. Voici ce qu’en disait Bythell en 2016 : « Si Amazon semble profiter aux consommateurs, une multitude de personnes invisibles pâtissent des conditions dissuasives que la firme impose aux vendeurs : les auteurs ont vu leurs revenus s’effondrer au cours des dix dernières années, tout comme les éditeurs – ce qui veut dire qu’ils ne peuvent plus se permettre de prendre de risque avec des écrivains inconnus. Au bout du compte, cela nuit à la création elle-même, et les professions intermédiaires ont disparu. Amazon semble obsédée par l’idée d’égaler l’offre de ses concurrents, voire de vendre moins cher encore – au point qu’on se demande parfois comment elle peut bien en tirer profit. La triste vérité est la suivante : à moins que les auteurs et les éditeurs ne s’unissent pour résister au géant de la vente en ligne, le monde du livre finira complètement sinistré. » La situation s’est sûrement aggravée depuis.

J’ai tellement aimé Le libraire de Wigtown que j’aurais envie de me rendre en Écosse pour voir cette librairie de plus près, prendre part au festival et piquer une jasette avec Shaun Bythell. Pour le moment, je vais me contenter de commander Petit traité du lecteur. Je n’en ai donc pas fini avec les réflexions de ce libraire écossais.

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