La lectrice démunie
Et c’est ainsi, par une simple lettre, la dernière dit-il, que se terminent l’échange épistolaire et leur liaison. Et c’est ainsi, en quelques lignes, qu’il signe sa sortie, la laissant là incréduble et démunie, défaite.
Celle qui se nourrissait de lettres, celle dont le regard s’allumait à chaque mot, celle qui s’était livrée comme jamais, celle-là, la lectrice d’Alice Williams, n’avait pas prévu ça. Ni imaginé une seule minute que ça arriverait. Elle qui ne demandait rien sinon que des mots en attendant qu’il puisse se faire un jour – sans savoir quand – plus présent. Elle qui rêvait en lisant ses phrases parce que jamais quelqu’un n’avait su trouver avant lui des mots qui la touchent à ce point. Elle qui, depuis quelques heures, doit se rendre à cette évidence que tout ce qui commence a toujours une conclusion. Tristement.
GRAINE D’HARMONIE
Aux sources de l’ignorance
Là où le temps n’est jamais né
Pas une ombre de tristesse
N’ourle les larmes de la joie
Quand passe l’écho du feu blanc
Les portes des gouffres s’ouvrent
Dans la nonchalance alanguie
D’un soupir de tendresse
Une dune émerge du sommeil
Enveloppée d’une rosée de douceur
Un funambule glisse sur un fil
Effleurant un pore harmonique
Un sourire s’ouvre dans la nuit
La mer s’emplit de sève boréale
Des tropiques rougissent émus
Sous la fleur d’un palmier
Echauffé par le vent d’une braise
Des vagues de chaleur parcourent
Les creux et déliés d’un lac
L’aurore descille les yeux d’une fractale
Les courbes de la vie se déhanchent
Des torrents verts surfent
Sur le miel d’un concerto
De souffles ardents et vifs
Fouettées par la cravache émue
D’éclairs circulaires et ouverts
Des rivières pourpres incendient les blés
Une étrave devient opercule crépusculaire
Caressant un ciel de paleur moirée
Dans les reins du feu la pluie enfle
Pour devenir microscopique supernova
Puissance resplendissante portant les soupirs
A leur point d’incandescence
Dans un tsunami implosif
Mille poignées de tremblements de terre plus loin
La mer resplendit sereine
Dans la main qui souffle sa caresse
Sur ses seins
Rien n’est jamais mort dans le creux
D’une paume sans atmosphère
Comment by gmc — 28 février 2007 @ 14:47