Lali

14 décembre 2014

L’art d’être grand-père 2

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BUSSY (Simon)

Mon âme est faite ainsi que jamais ni l’idée,
Ni l’homme, quels qu’ils soient, ne l’ont intimidée;
Toujours mon cœur, qui n’a ni bible ni Coran,
Dédaigna le sophiste et brava le tyran;
Je suis sans épouvante étant sans convoitise;
La peur ne m’éteint pas et l’honneur seul m’attise;
J’ai l’ankylose altière et lourde du rocher;
Il est fort malaisé de me faire marcher
Par désir en avant ou par crainte en arrière;
Je résiste à la force et cède à la prière,
Mais les biens d’ici-bas font sur moi peu d’effet;
Et je déclare, amis, que je suis satisfait,
Que mon ambition suprême est assouvie,
Que je me reconnais payé dans cette vie,
Et que les dieux cléments ont comblé tous mes veux.
Tant que sur cette terre, où vraiment je ne veux
Ni socle olympien, ni colonne trajane,
On ne m’ôtera pas le sourire de Jeanne.

Victor Hugo, L’art d’être grand-père

*toile de Simon Bussy

L’art d’être grand-père 1

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DAWSON BISHOP ELWELL (Mary) - 3

Comme c’est aujourd’hui l’anniversaire de celui qui a été et est toujours mon idole, même s’il est décédé depuis trente ans, j’ai eu envie de dédier ce dimanche à mon grand-père maternel. J’ai donc invité quelques lecteurs aux cheveux blancs à partager des extraits de L’art d’être grand-père de Victor Hugo, dont celui peint par Mary Dawson Bishop Elwell pour ces premiers vers :

Ah! vous voulez la lune? Où? dans le fond du puits?
Non; dans le ciel. Eh bien, essayons. Je ne puis.
Et c’est ainsi toujours. Chers petits, il vous passe
Par l’esprit de vouloir la lune, et dans l’espace
J’étends mes mains, tâchant de prendre au vol Phoebé.
L’adorable hasard d’être aïeul est tombé
Sur ma tête, et m’a fait une douce fêlure.
Je sens en vous voyant que le sort put m’exclure
Du bonheur, sans m’avoir tout à fait abattu.
Mais causons. Voyez-vous, vois-tu, Georges, vois-tu,
Jeanne? Dieu nous connaît, et sait ce qu’ose faire
Un aïeul, car il est lui-même un peu grand-père;
Le bon Dieu, qui toujours contre nous se défend,
Craint ceci : le vieillard qui veut plaire à l’enfant;
Il sait que c’est ma loi qui sort de votre bouche,
Et que j’obéirais ; il ne veut pas qu’on touche
Aux étoiles, et c’est pour en être bien sûr
Qu’il les accroche aux clous les plus hauts de l’azur.

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