
C’est au Salon du livre de Montréal en novembre dernier, à l’occasion de ma courte rencontre avec l’écrivain Armel Job que je me suis offert Helena Vannek, un roman que je lorgnais depuis longtemps. D’abord publié chez Robert Laffont en 2002, le roman, qui a reçu le le Prix Rossel des jeunes et le Prix des lycéens, a été repris en 2007 par Mijade.
Il n’est donc pas étonnant que le roman d’Armel Job soit étudié en classe dans nombre d’écoles en Belgique. Et j’ose penser que ses jeunes lecteurs doivent être aussi emballés que je l’ai été. Helena Vannek est un roman qui captive dès les premières lignes alors que nous faisons connaissance avec l’héroïne qui raconte au « je » son histoire, ou du moins une partie de celle-ci, à savoir celle qui suit le décès de sa mère et qui se termine à Anvers quelques années plus tard. Helena Vannek se déroule peu avant la Seconde guerre mondiale en Flandre et met en scène une famille où le père, marchand de chevaux (comme le grand-père de l’auteur) élève de façon très stricte ses deux filles et son jeune fils, lequel était le préféré de sa mère, trop vite emportée.
C’est Helena qui raconte, autant ses joies que ses amours et ses chagrins, tout en nous dressant un admirable portrait de l’époque, des mœurs qui lui sont propres et de ce coin de pays assez reculé où chacun a les yeux braqués sur ce que les autres font, prêt à critiquer une conduite, une phrase, ou même une robe jugée un peu trop décolletée. Nous apprenons dans la deuxième partie que ce que nous venons de lire est en fait une espèce de journal écrit à la demande de son médecin par Helena, de nombreuses années après les événements qui ont conduit au décès du jeune frère de celle-ci et à sa fuite avec celui qu’elle aime qui l’a abandonnée. Un journal qui est remis au fils d’Helena lors des funérailles de sa mère, lequel, ignorant la dépression de sa mère alors qu’il avait vingt ans, se charge de découvrir ce que cachent les zones d’ombre laissés par sa mère, celle-ci n’ayant probablement jamais pensé que son fils lirait ces pages. Ce qui va entraîner ce dernier au Québec où s’est installée sa tante qui lui révélera toute la vérité. Et quel coup de théâtre que cette vérité que sa mère n’a jamais voulu s’avouer.
Helena Vannek est un roman alerte, passionnant et émouvant. Un roman qui touche tellement les lecteurs d’Armel Job qu’il a fait dire à certains : « Helena Vannek, je la connais très bien », racontait l’auteur dans le cahier spécial paru à l’occasion du Salon du livre de Montréal. En ce qui me concerne, je dirai qu’Armel Job a créé avec le personnage d’Helena Vannek un personnage universel. Helena Vannek porte en elle les traces de nombre de femmes qui ont vu leurs rêves anéantis.
Helena Vannek : une histoire, un ton, une écriture. Une réussite.
Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».
