Lali

7 janvier 2006

Rechanter Santing avec Annemarieke

Filed under: Images indélébiles — Lali @ 21:44

santing

il y aura toujours Haarlem
dans mes souvenirs zigzag
la pièce bleue et le chat qui y dort
le thé au pamplemousse
et la voix de Mathilde Santing
il y aura toujours Haarlem…
loin de mes jours à contre-courant
pour mieux me perdre et me trouver
à l’idée d’un printemps sans fin
dans l’improbabilité des espoirs roses
de l’encre au bout de mes doigts

(Lali, Haarlem, avril 1985)

Il est des moments incomparables, et s’ils font notre quotidien pendant quelque temps, ils sont d’autant plus précieux. Et chaque minute avec Annemarieke, chez elle, en 1985, puis chez moi en 1988, a été heureuse et complice. La vie ne nous a pas réunies depuis, elle longtemps au Zimbabwe par la suite, mais nous nous retrouverons. Berkenstraat, Haarlem, dans la maison qui était celle de son grand-père, une maison dédiée à la musique avec le piano et le violoncelle d’Annick. Porte-t-elle encore ce surnom que je lui avais trouvé et qu’elle avait adopté d’emblée ? Simone et Suzanne sont-elles aussi blondes et vives qu’elle ? Sont-elles musiciennes ? Aiment-elles les livres comme celle qui m’avait découvrir Harry Mulish ?

Annick écoute-t-elle encore ses 33 tours de Mathilde Santing comme je vais le refaire bientôt, car je vais m’occuper de remettre ma table tournante en état. Et je chanterai à nouveau « Behind a painted smile » et « I’ve grown accustomed to her face ». Et quand ce sera fait, une lettre partira pour Haarlem, la ville de Frans Haals. Et je renouerai avec Annick; les Pays-Bas et la Belgique, c’est limitrophe. Et j’emmènerai Nath avec moi voir Annick. De canaux en canaux, nous visiterons après ceux de Bruges ceux d’Amsterdam.

Bien sûr, me voilà en train de fomenter un nouveau rêve.
Rien de meilleur pour passer à travers les décombres. Il faut voir loin, renouer avec le passé, et chanter. Et surtout se laisser emporter par nos rêves.

Lali pour toujours

Filed under: États d'âme — Lali @ 13:37

bibli1

Jour 1 de la nouvelle vie de Lali.
Une Lali qui n’a plus de livres à ranger sur ses rayons, plus de clients à servir, plus de commandes à préparer, peut-elle toujours s’appeler Lali, qui était au départ le diminutif de la libraire, affectueusement trouvé par Ric, qui appelait sa marraine ainsi?
Pourquoi pas?

Ce n’est pas parce qu’on n’exerce plus au quotidien le métier de libraire qu’on ne l’est plus de cœur. Et il n’est pas dit que je ne retournerai pas vendre des livres dans quelque temps, même si aujourd’hui, je fais plutôt le tour de mon jardin. Il y a tellement de voies possibles dans ce beau monde du livre et des mots, quelques-unes déjà empruntées à l’occasion, d’autres à découvrir, que peu importe le chemin que je prendrai il y aura toujours une libraire en moi. En effet, que fait un(e) libraire sinon que de donner le goût aux uns et aux unes de lire? Je ne pourrai pas changer, j’ai toujours été pratiquante, même avant d’être derrière un comptoir.

Et de plus, j’ai souvent préféré les livres aux gens, mais je me soigne!
Et s’il est quelque chose dont j’ai horreur, c’est bien le magasinage, et ce même ado, alors que ma sœur pouvait passer des heures dans les centres d’achats. Je la laissais partir avec Sylvie, elles n’avaient qu’à passer à la librairie, je n’avais pas autre part à aller, d’autant plus que c’était aussi une boutique de disques. J’étais heureuse dans une librairie. Et je crois que je le serai toujours, même si je n’y travaille plus jamais. J’irai en visiter, comme je le fais en voyage, ou comme mes parents pharmaciens visitaient des pharmacies, quand on partait en vacances.

Il en est dont je garde des souvenirs précis.
La librairie de la Fontaine, à Paris, fermée il y a quelques années déjà, et qui était consacrée au cinéma et au théâtre. Combien d’heures passées là? Je sais seulement qu’elle fut de tous les voyages à Paris, jusqu’à sa disparition constatée en 1997.
J’ai souvenir aussi de cette librairie sur quatre étages à Oxford. J’avais particulièrement apprécié le dernier étage où il y avait des livres dans une trentaine de langues, imprimées partout sur la planète. Et tout ce macrocosme se retrouvait là. Les livres faisaient la paix là où les hommes se battent.
Et il y a eu Lire et Délire, la librairie-café de la rue Roy, à Montréal. On trouvait là des éditions anciennes, des livres souvent hors commerce, des publications inattendues, des tables où s’asseoir et prendre un café. Et en soirée, des animations comme des projections de cinéma muet ou des récitals de poésie.

J’aime les librairies, et beaucoup plus que les bibliothèques. Il n’y a pas de silence religieux dans les premières, mais plutôt le débordement et l’enthousiasme, les conversations et les débats. Les découvertes et le plaisir.

Je continuerai de les fréquenter, mais pas tout de suite. Il y en a une en moi qui a été ma seconde maison pendant presque 22 ans et que je ne vais pas oublier de sitôt. Ni ces moments inoubliables de partage et les amitiés qui s’y sont nouées : Nathalie et Denis, Marie-Claire, Roch, Pierre, Françoise, Danielle, les deux Francine, Réjean, Marie-Christine. Et quelques autres.

Aujourd’hui, j’affirme que quoiqu’il arrive Lali restera Lali, l’amoureuse des livres et des mots.