Lali

4 janvier 2006

Jeu d’associations

Filed under: États d'âme — Lali @ 14:01

cloture

La vie est-elle autre chose qu’un jeu de mémoire et d’associations? Je me le demande, alors que j’ai l’impression de jouer à ça depuis aussi loin que je me souvienne. Car autant suis-je une solitaire et très bien dans ce choix, autant je puis être une rassembleuse, comme me le disait il y a quelques années mon ami Bertrand.

J’adore mêler les gens, créer des liens entre eux, et j’ignore d’où cela me vient. Mais j’y trouve un plaisir fou. Il faut dire que je suis aidée par une mémoire exceptionnelle, que je tiens de mon grand-père qui, à 80 ans, était toujours un fabuleux conteur d’histoires et se rappelait de tous les événements comme du prénom de chacun des personnages qui avaient croisé sa longue vie.

Plus souvent qu’autrement, et ce depuis certainement vingt ans, un indice dans une conversation fait en sorte que je puisse mettre deux personnes perdues de vue en contact, qu’elles se connaissent directement ou indirectement. Ainsi, hier, moi qui suis à 6000 km de deux Belges qui n’ont qu’une demi-heure de route entre elles deux, je les ai mises en contact, à cause d’un élément anodin qui a attiré ma curiosité. L’une est allée à l’école avec le frère de l’autre, pour tout vous dire.

Pour plusieurs, cela semble exceptionnel des histoires comme celles-là.
Je ne pousserais pas les choses jusqu’à dire que j’en fais mon pain quotidien, mais disons que je suis de moins en moins surprise quand de telles choses arrivent. Je souris, je remercie ma mémoire et les hasards de la vie, sans chercher si je suis programmée pour réaliser ces mises en scène souvent amusantes.

Je pense à cette fois où Marc, tellement fou des livres qu’il ne laissait passer aucune ligne, aucune préface, aucune table des matières, s’était attardé à la dédicace de l’auteur et m’avait regardée curieusement. Il connaissait aussi un Réjean T. comme celui à qui l’auteur dédiait le livre… et moi aussi. Vous étonnerez-vous si je vous dis qu’il s’agit d’un seul et que c’est moi qui ai fait voir la jolie dédicace à Réjean?

Je pense à mon amie Hélène qui, il y a de nombreuses années, commençait à travailler dans une nouvelle école. Il fallait qu’elle échoit dans celle où ma seule autre amie enseignante en France enseignait aussi!
Je pense à mon amie Monique, Parisienne, alors qu’elle vivait à Montréal et dont un de ses confrères de l’EDF-GDF est venu à son tour travailler chez nous. Il fallait bien que le François en question suive des cours de delta… à l’école de mon cousin. Ou que Jean-François, le plus vieil ami de Monique au Québec, qui a aussi vécu en Allemagne, soit celui des serveurs du Lux, alors qu’il faisait ses études, avec qui j’avais des atomes crochus, et qui ne venait pas me demander toutes les dix minutes si je voulais un autre café et me laissait écrire, tranquille.

Mais, je l’avoue, sans clés de départ, sans une certaine curiosité de ma part, sans ma mémoire, je crois que certaines anecdotes n’arriveraient jamais. Or, j’aime à penser qu’Alexandra, rencontrée dans un avion et avec qui j’ai fêté une Saint-Jean à La Rochelle, par un livre de psychologie qu’elle vient de publier qui m’est passé entre les mains, habite maintenant en Abitibi. Cette même Alex qui avait accompagné au bal des finissants un copain arrivé plus tard. Celle-là même dont le voisin qui était de la fête à La Rochelle ne sait pas que j’ai fêté à nouveau la Saint-Jean avec lui, chez Sonia, quelque dix ans plus tard.

Ou alors Jean, revu cet automne après un long moment, Jean dont j’ai connu une des conjointes et qui me parlait il y a deux mois d’un copain à Liège… Justement, ce copain dont je ne savais pas les liens avec Jean, je devais le rencontrer en juillet dernier, mais c’était un peu trop juste entre mon arrivée et son départ pour Montréal.

Je m’amuse à chaque fois de ces jeux de hasards, de mémoire et d’associations.
Et celle d’hier me laisse pantoise. Je sens qu’il y en a deux qui vont devenir des amies, et que ça ne serait peut-être pas arrivé sans mon œil de lynx et mon grain de sel. Et je souris. Vraiment.