Le remplaçant
Quand Agnès Desarthe a décidé d’écrire l’histoire de son grand-père, elle pensait que ça n’intéresserait que les membres de sa famille. Elle ignorait que cela allait la mener aussi loin, à cette enquête mettant en lumière des questions restées pour la plupart sans réponse ou auxquelles à l’époque on avait répondu de façon évasive pour ne pas troubler le passé, voire même le présent.
Or, rien n’est jamais tout noir ou tout blanc. Et à mesure qu’elle dressera le portrait de celui qui fut le grand-père de remplacement, le premier mari de sa grand-mère et père de sa mère ayant péri à Auschwitz, Agnès Desarthe tisse pour nous une très belle histoire. Pleine de tendresse, de regrets aussi. Parce que celui qu’elle considéra comme son grand-père, qu’elle aima pour ce qu’il était, alors qu’il ne fut jamais un héros, le seul et unique héros ayant été celui qui ne revint pas des camps de l’horreur, ne fut peut-être pas estimé et autant aimé qu’il le méritait. Il n’était pas parfait, mais qui l’est? Il avait perdu sa première femme, la grand-mère avait perdu son premier mari. Ils s’étaient connus avant. Cela simplifiait les choses quand il a fallu réapprendre à vivre.
Or, si la raison a pris le pas sur l’amour, faut-il empêcher les autres d’aimer? D’aimer l’homme qui ne fait pas de bruit et qui traverse le siècle sans devenir un héros? C’est la question que se pose Agnès Desarthe à mesure que se construit ce faux roman plus proche du récit que de la fiction, où il est aussi question de Janusz Korzock, directeur de l’orphelinat du ghetto de Varsovie, qui fut lui aussi un remplaçant.
Sobre et pudique, Le remplaçant est un texte émouvant. Sur ce que nous sommes, sur nos racines, sur ce qui nous lie à ceux qui nous aiment qui n’a souvent rien à voir avec les gènes, sur ce qui demeure quand on croit avoir tout oublié.
intéressant!
dans ma famille, il y a eu « une remplaçante »…
Comment by Adrienne — 5 mars 2013 @ 0:21
Là tes mots me frappent au coeur, les derniers et les larmes montent…
Comment by LOU — 5 mars 2013 @ 8:26