Lali

5 mars 2023

En vos mots 828

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose cette semaine de donner vie à cette illustration de l’artiste Gisela Navarro Fuster.

Comme le veut l’habitude, aucun texte ne sera validé, donc visible, avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes d’ici là.

Sur ce, bon mois de mars et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent!

5 commentaires »

  1. Sur le toit du livre

    Quel calme

    À lire si tard
    Les mots défilent
    Sur le fil de tes yeux las
    Ce sont mille et une phrases
    Vides, dévidées qui passent
    Sans traces
    Sur tes pensées

    Quel calme

    Comme les aiguilles qui tournent
    À pas romains le long des chiffres
    Valsent tes cils
    Se repasse le temps
    S’évadent tes rêves
    Se trouvent les lumières
    S’enferment les rideaux

    Quel calme

    Je songe à toi
    Tu songes à moi

    Une pensée s’infiltre doucement
    À travers ton corps détendu

    Et continue de se fondre dans ton cœur

    Comment by Cavalier — 6 mars 2023 @ 2:44

  2. Comme n’importe quelle histoire qu’on entend un jour ou l’autre, celle-ci pourrait être vraie. C’est pour cela que je la raconte.

    Je ne savais de Noémie que ce qu’elle me laissait savoir. Tout le reste n’était qu’imagination de ma part. Elle me disait, avec son sourire enfantin, que je savais déjà sur elle tout ce que je devrais savoir. C’est-à-dire trop.

    « Tu sais que le vieux Ernest est mon écrivain préféré, que Le matin des magiciens a été mon premier livre lu d’un bout à l’autre, que je peux rêvasser des heures sans fin devant Le baiser de Gustav Klimt, tu connais le goût de mes lèvres, tu sais que j’aime Cohen, Eva Cassidy, Cabrel et tu sais aussi qu’un jour, comme le chante Paul Daraiche, je partirai à l’autre bout du monde sentir le vent et les marées.
    Donc, mon cœur, tu sais tout ce qu’il faut savoir. Ne t’acharne pas à vouloir plus. Tout le reste m’appartient. Et n’appartient qu’à moi. »

    Et moi je la regardais en silence. Je m’interrogeais sur tant de mystère. Je me faisais des scénarios. Je m’imaginais des blessures. Ce qui est certain est que Noémie semblait se satisfaire ainsi, alternant entre moments d’une tendresse infinie et d’une absence inexplicable.

    Un soir de pleine lune, je me suis réveillé. Je l’ai cherché partout. Inquiet. J’ai fini par la trouver. Paisible. Assise sur le toit. Lisant au clair de lune.

    J’ai jugé bon de lui lancer : Comme ça, c’est là que tu te caches?…

    Et avec son sourire d’une tristesse infantile, elle m’a répondu : Zut, tu as découvert mon coin de paix, ma cachette préférée. Il me faudra en trouver une autre.

    Dès le lendemain, elle s’en est allée. Sans se retourner.

    Comment by Armando — 6 mars 2023 @ 6:42

  3. J’avais une faim de loup. Il était trois heures de l’après-midi et je n’avais rien avalé depuis la veille. À part une tasse de café froid, prise en toute en vitesse, le matin.

    De l’autre côté de la rue, ce café où la réputation des bagels n’était plus à faire. Je m’entends encore penser, l’eau à la bouche, à celui que j’avais savouré rue Saint-Viateur, à Montréal, en me disant qu’à Lisbonne ils ne pourraient jamais en faire d’aussi savoureux, mais que, la faim aidant, j’allais tenter le coup. Après tout, je n’avais que 5 euros en poche. Toute convoitise d’une belle et opulente sandwich jambon-fromage, avec une feuille de laitue, accompagnée d’une brune bien fraîche, ne serait qu’un mirage.

    Je brûlais d’impatience que ce satané trafic s’arrête pour traverser la rue. On aurait dit que la saloperie du feu faisait des manières pour se mettre au vert. Ou au rouge. Selon.

    Il m’a fallu une fraction de seconde. Peut-être moins. En tournant la tête, j’ai vu Alerte dans le métro, bien en évidence dans la vitrine du vendeur de bric-à-brac. Une vitrine que d’habitude je négligeais de mon regard de passant trop pressé.

    Le vendeur, négligé de sa personne, me regardait avec le sourire narquois de celui qui ne s’attendait pas à ce que quelqu’un veuille acheter ce bouquin.
    – Combien pour Alerte dans le métro?
    – 10 euros…
    – 10 euros?… Je n’en ai que 5…
    – Bon, va pour 5… mais uniquement parce que c’est vous, m’a t’il dit en ricanant.

    En sortant, j’ai regardé de l’autre côté de la rue et j’ai pensé à ce bagel, duquel je devrais me contenter en regardant la photo.

    J’avais une faim d’une meute de loups. Il était déjà 10 heures du soir quand j’ai rejoint ma petite chambre de bonne dans les combles d’un immeuble à peine habitable où je vivais dans une pauvreté aussi insouciante qu’heureuse.

    Il faisait tellement chaud. Je me suis assis sur le rebord de la fenêtre pour manger ma tranche de pain à peine beurrée avec un café fumant et savourer mon précieux achat. Sourire aux lèvres et au cœur.

    La nuit étoilée était propice à la lecture et aux rêves. Après quelques lignes, mon paisible silence a été interrompu par une toux légère. Très légère. Presque inaudible.

    Surgie de nulle part, elle était là. Assise sur le toit. Lisant, tout comme moi, paisiblement. Nos regards se sont croisés. Nous nous sommes souri.
    Puis je lui ai demandé : « Tu lis quoi?… »
    Elle m’a répondu : « Il te plait mon bouquin?… » Quelque peu étonné je l’ai lancé : « Comment ça ton bouquin?…»
    « C’est moi qui l’ai écrit, Patate… », a t’elle rétorqué, avec un sourire solaire avant de disparaître, me laissant, seul, avec le souvenir de son regard et ma tasse de café chaud. Et les étoiles.

    Comment by Zef — 10 mars 2023 @ 5:01

  4. Toi, envole-toi sur les Toits

    Un, deux, trois
    Saute-mouton bibliques
    Oniriques. Ton berger fatigué
    n’est plus là

    Laisse là ton livre, ta lecture
    Livre-toi au comptage
    Si sage
    Trop sage

    Regarde –
    Il pleut ma bergère
    Sur ton cœur
    Sautent les moutons sur tes rêves
    Sautent les moutons sur ta trêve …

    Oui –
    Mais alors, alors reprends donc ton livre
    Éteins ta chandelle
    Et lis, lis, lis
    Toute la nuit
    À l’envie

    Un, deux, trois
    Sur les Toits
    Sous la Lune
    Qui s’allume
    Insomnie, toi tu lis
    Mouton noir, il est tard

    Et toi … tu ne dors toujours pas

    Comment by Ffup de Bretagne — 10 mars 2023 @ 4:02

  5. C’est bizarre, dans les rêves tout est réalisable.
    Lire sur un toit peut me paraître confortable.
    Dans le réel il me faut canapé ou table,
    Lit, herbe douce ou plage de sable!

    Comment by anémone — 10 mars 2023 @ 13:31

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