Lali

4 septembre 2011

En vos mots 230

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

À l’heure où septembre vient de nous ouvrir les bras, à l’heure où Montréal fait face à une nouvelle canicule après un des étés les plus chauds que la ville ait connus depuis longtemps, j’ai eu envie d’offrir au lecteur du jour un peu de la fraîcheur que seuls certains parcs semblent nous offrir si on veut tout de même profiter de la saison sans s’enfermer à l’air climatisé.

C’est donc le lecteur de l’artiste Gustave Caillebotte qui va nous tenir compagnie jusqu’à dimanche prochain, le temps que vous l’examiniez de près afin de nous raconter son histoire — ou la vôtre à travers lui — en vos mots.

Suite dans sept jours. D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à ceux et celles qui les lisent.

5 commentaires »

  1. UN CHEMIN SANS HISTOIRE

    Derrière son journal se cache la nostalgie
    D’un long dimanche d’été;
    Dessous son chapeau de paille une solitude remplie
    D’une vie désenchantée.
    Traîne l’indifférence d’une femme à la fontaine
    Derrière son tablier.
    Deux humains, sans amour et sans haine
    Tranquilles et résignés.

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 7 septembre 2011 @ 6:07

  2. « Autour de ma maison

    Pour vivre clair, ferme et juste,
    Avec mon coeur, j’admire tout
    Ce qui vibre, travaille et bout
    Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.

    L’hiver s’en va et voici mars et puis avril
    Et puis le prime été, joyeux et puéril.
    Sur la glycine en fleurs que la rosée humecte,
    Rouges, verts, bleus, jaunes, bistres, vermeils,
    Les mille insectes
    Bougent et butinent dans le soleil.
    Oh la merveille de leurs ailes qui brillent
    Et leur corps fin comme une aiguille
    Et leurs pattes et leurs antennes
    Et leur toilette quotidienne
    Sur un brin d’herbe ou de roseau !
    Sont-ils précis, sont-ils agiles !
    Leur corselet d’émail fragile
    Est plus changeant que les courants de l’eau ;
    Grâce à mes yeux qui les reflètent
    Je les sens vivre et pénétrer en moi
    Un peu ;
    Oh leurs émeutes et leurs jeux
    Et leurs amours et leurs émois
    Et leur bataille, autour des grappes violettes !
    Mon coeur les suit dans leur essor vers la clarté,
    Brins de splendeur, miettes de beauté,
    Parcelles d’or et poussière de vie !
    J’écarte d’eux l’embûche inassouvie :
    La glu, la boue et la poursuite des oiseaux
    Pendant des jours entiers, je défends leurs travaux ;
    Mon art s’éprend de leurs oeuvres parfaites ;
    Je contemple les riens dont leur maison est faite
    Leur geste utile et net, leur vol chercheur et sûr,
    Leur voyage dans la lumière ample et sans voile
    Et quand ils sont perdus quelque part, dans l’azur,
    Je crois qu’ils sont partis se mêler aux étoiles.

    Mais voici l’ombre et le soleil sur le jardin
    Et des guêpes vibrant là-bas, dans la lumière ;
    Voici les longs et clairs et sinueux chemins
    Bordés de lourds pavots et de roses trémières ;
    Aujourd’hui même, à l’heure où l’été blond s’épand
    Sur les gazons lustrés et les collines fauves,
    Chaque pétale est comme une paupière mauve
    Que la clarté pénètre et réchauffe en tremblant.
    Les moins fiers des pistils, les plus humbles des feuilles
    Sont d’un dessin si pur, si ferme et si nerveux
    Qu’en eux
    Tout se précipite et tout accueille
    L’hommage clair et amoureux des yeux.

    L’heure des juillets roux s’est à son tour enfuie,
    Et maintenant
    Voici le soleil calme avec la douce pluie
    Qui, mollement,
    Sans lacérer les fleurs admirables, les touchent ;
    Comme eux, sans les cueillir, approchons-en nos bouches
    Et que notre coeur croie, en baisant leur beauté
    Faite de tant de joie et de tant de mystère,
    Baiser, avec ferveur, délice et volupté,
    Les lèvres mêmes de la terre.

    Les insectes, les fleurs, les feuilles, les rameaux
    Tressent leur vie enveloppante et minuscule
    Dans mon village, autour des prés et des closeaux.
    Ma petite maison est prise en leurs réseaux.
    Souvent, l’après-midi, avant le crépuscule,
    De fenêtre en fenêtre, au long du pignon droit,
    Ils s’agitent et bruissent jusqu’à mon toit ;
    Souvent aussi, quand l’astre aux Occidents recule,
    J’entends si fort leur fièvre et leur émoi
    Que je me sens vivre, avec mon coeur,
    Comme au centre de leur ardeur.

    Alors les tendres fleurs et les insectes frêles
    M’enveloppent comme un million d’ailes
    Faites de vent, de pluie et de clarté.
    Ma maison semble un nid doucement convoité
    Par tout ce qui remue et vit dans la lumière.
    J’admire immensément la nature plénière
    Depuis l’arbuste nain jusqu’au géant soleil
    Un pétale, un pistil, un grain de blé vermeil
    Est pris, avec respect, entre mes doigts qui l’aiment ;
    Je ne distingue plus le monde de moi-même,
    Je suis l’ample feuillage et les rameaux flottants,
    Je suis le sol dont je foule les cailloux pâles
    Et l’herbe des fossés où soudain je m’affale
    Ivre et fervent, hagard, heureux et sanglotant. »

    Emile Verhaeren

    Comment by Denise — 8 septembre 2011 @ 5:04

  3. Des mots comme des feuilles d’automne
    De mon cœur se sont envolés
    L’encre des souvenirs m’empoisonne
    Plus de vous dans mon encrier

    Et je m’offrirai des mots nouveaux
    À l’encre nouvelle de l’espoir
    Et j’habillerai mes quelques mots
    De la lumière tendre d’un soir
    À l’heure où le ciel rougit encore
    Et où la lune lui ouvre les bras
    Puisque l’amour est plus fort
    Et que la vie c’est comme ça

    Je partirai vers d’autres visages
    Il y a tant des gens à aimer
    Il y a encore tant de pages
    Des mots qui rêvent de s’envoler
    Libres comme des oiseaux
    Qui s’envolent vers la vie
    Comme des jeunes fougueux
    Et puis un arbre pour faire un nid

    Vous viendrez longtemps m’épier
    C’est là votre seule gloire
    C’est votre moyen d’exister
    De bon matin jusqu’au soir
    Et je vous laisse mes mots usés
    Qui vous donnent tant de joie
    Visages et prénoms oubliés
    Puisque la vie c’est comme ça

    Et les arbres encore dénudés
    Attendront impatiemment
    Que je remplisse mon encrier
    Avec les mots du printemps

    Comment by Armando — 11 septembre 2011 @ 6:34

  4. L’ÉPOQUE OÙ J’ÉTAIS BELLE

    Tu faisais semblant de ne pas me voir quand je passais,
    Et je faisais semblant de ne pas voir que tu me voyais.

    La robe à rayures était la seule que je possédais,
    De loin, tu ne pouvais pas voir son pan effiloché.

    Plus tard, tu me dirais que c’était l’éclat de mon teint,
    Ma fraîcheur qui t’appelait comme une sirène au matin.

    Plus tard, je te dirais que c’était mon regard solennel
    Qui a fait que tu m’aimes à l’époque où j’étais belle.

    Les époques s’effilochent comme les pans, comme les teints,
    Et l’amour aussi, et la vie, et les rêves, tous éteints.

    Les teints, les sirènes, la fraîcheur, les regards
    Ne durent qu’un moment, et puis, on est vieillards,

    Mais un peintre l’a immortalisée, irréelle,
    Cette rencontre de l’époque, où oui, j’étais belle.

    Comment by joye — 11 septembre 2011 @ 9:42

  5. Adélaïde lit le chapitre Lettre III du petit livre (tout petit) que lui a confié sa grand-mère :
    “Conseils d’une Mère à ses Filles” de Mme PERMOND. Livre de 1911 et qui a l’assentiment de l’Eglise.
    “De la réserve que doit garder une femme.”
    “Dès le début de ces instructions, je vous disais, mes chères enfants, que la réserve doit être une des premières qualités de la jeune fille. Celle d’une jeune femme ne doit pas être moindre. La retenue doit être presque la même ; je crois volontiers qu’on pardonne plus facilement à une jeune fille une action, une parole imprudente, en disant qu’elle ne comprend pas la portée, qu’à une jeune femme qui doit se rendre compte de l’importance de ses actions et des ses paroles. De plus, une jeune femme, ne devant plus chercher à plaire qu’à son mari, doit apporter une grande réserve dans ses conversations avec les jeunes gens. Son mari l’en aimera, et l’en estimera davantage.
    Un jeune homme, en se mariant, veut sa femme pour lui tout seul, et, certes, il a raison. Rien ne paraît plus révoltant que ces jeunes femmes aimables et agaçantes avec les jeunes gens dans les réunions mondaines, et qui ont l’air de n’accorder aucune attention à leur maris. Si elles entendaient comme on les juge, elles seraient bien désillusionnées. On aime s’amuser avec elles ; c’est drôle de flirter avec les femmes des autres ; mais ces mêmes hommes qui les entourent et les flattent ne les voudraient pas pour compagnes de leur vie ; et si le mari, par amour-propre ou par dignité, n’ose pas montrer sa souffrance, ou faire une scène de jalousie, ses sentiments d’affection et d’estime pour sa femme n’en reçoivent une rude atteinte.
    …”
    Edifiant, non que l’éducation d’alors des jeunes filles ?
    Education, à laquelle, on a heureusement échappée ! OUF !

    Comment by LOU — 11 septembre 2011 @ 15:08

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire