Lali

7 juin 2011

« C’était au temps du cinéma muet… »

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:13

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C’est au hasard des rayons, en ne cherchant rien de particulier qu’un titre, un sujet et un quatrième de couverture ont attiré mon attention. La photo de Gloria Swanson y était pour quelque chose, tout comme celle en médaillon d’Erich von Stroheim. J’ai d’ailleurs tout de suite pensé à Sunset Boulevard (connu en français sous le nom de Boulevard du crépuscule) où l’une interprète le rôle d’une actrice qui a connu la gloire du temps du cinéma muet alors que le second s’est glissé dans la peau d’un serviteur allemand, ironie du sort pour celui qui toute sa vie a bien insisté sur le fait qu’il était Autrichien d’origine et pas Allemand.

Or, c’est plutôt à une Gloria Swanson et à un Erich von Stroheim d’une autre époque que nous avons affaire dans ce roman cinématographique, historique, social et psychologique de Joséphine Dedet. Celle où le réalisateur (qui fut aussi acteur et romancier) est connu sous le nom de « l’homme que vous aimerez haïr » alors que les films qu’ils réalisent sont amputés par la censure et qu’il dépasse constamment les budgets par ses extravagances.

À l’heure où s’ouvre le roman, nous sommes en plein tournage du Bourbier (nom fictif donné au film pour les besoins d’allusions alors que le film n’avance pas, s’enlise même, tout en engloutissant des montants d’argent faramineux et que les cinéphiles connaissent sous le nom de Queen Kelly) alors que Gloria Swanson est à la fois la productrice du film et son héroïne. Ou plutôt un de deux investisseurs puisque l’autre producteur n’est nul autre que celui qui annonçait à tout venant que son fils aîné serait un jour le président des États-Unis. Joseph Kennedy en personne. Le mari de Rose, la fille du maire de Boston à qui il fit beaucoup d’enfants, dont un président, et qui, selon les rumeurs de l’époque, avait une aventure avec la grande star du cinéma muet qu’était Gloria avant que le cinéma parlant ne vienne changer la donne.

Nous sommes donc en plein tournage. Des lettres anonymes circulent. Von Stroheim (qui est le narrateur du roman) improvise des scènes et des dialogues tout en espionnant les allées et venues tout comme les visites et les conversations de Gloria, sa voisine de chambre.

Prêtre et putes, chantage, secrets, il y a dans le roman de Joséphine Dedet le climat glauque des films d’Erich Von Stroheim. Mais la censure n’est pas passée par là. Il n’y a donc pas de scènes coupées. Ce qui nous donne un roman irrévérencieux où travers, caprices et mensonges se disputent le haut de l’affiche alors que la carrière de réalisateur de Von Stroheim touche à sa fin.

Un roman qui plaira aux cinéphiles, il va sans dire. À ceux qui aiment les romans historiques aussi. Même si la fiction prend ici le pas sur l’Histoire. Et même si tout ça n’a rien à voir avec Bruxelles, vous aurez envie de fredonner « C’était au temps du cinéma muet… »

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