Les chats du dimanche 7
Sonnet à Ménine
Ménine aux yeux dorés, au poil doux, gris et fin,
La charmante Ménine, unique en son espèce;
Ménine, les amours d’une illustre Duchesse
Et dont plus d’un mortel enviait le destin.
Ménine, qui jamais ne connut de Ménin,
Et qui fut de son temps des chattes de Lucrèce
Chatte pour tout le monde, et pour les chats tigresse :
Au milieu de ses jours en a trouvé la fin.
Que lui sert, maintenant, que dédaigneuse et fière
Jamais d’aucun Matou, sur aucune gouttière,
Elle n’ait écouté les amoureux regrets!
La Parque étant ses droits sur tout œ qui respire
Et de ne rien aimer tout le fruit qu’on retire,
C’est une triste vie, et puis la mort après.
Joachim Du Bellay, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier
*toile de Judy Wise