Les vers de Medjé 3
Le rêve apprivoisé
Mon rêve, laisse-moi pleurer près de ta joue.
Vois mon cœur endeuillé d’un sinueux chagrin
Qui s’afflige, s’éperle et glisse et tombe et joue
Sur tes doigts caressés par les humides grains
Du collier de ma peine, Ah, laisse sangloter
Contre ta tiède chair, ma pauvre âme en déroute
Plus douce en ce moment qu’une averse d’été.
Que ton regard est beau sur moi! Que je redoute
TA bouche qui veut boire, à ma bouche, mes pleurs!
Que j’ai peur, écoutant ta parole qui berce,
De ne plus savoir si je souffre de bonheur,
Ou si l’heure vraiment fut à ce point perverse!
J’ai dû longtemps souffrir, puisque je sais pleurer…
Ah, quel est donc ce cri de mon âme à la tienne,
Ce désarroi d’amante en mes bras apeurés,
En ma poitrine qui ne semble plus gardienne
De nos serments noués aux genoux de l’amour?
Pourquoi dois-je songer que ta main tant aimée,
Écartant mon destin, ébauche quelque jour
Le geste des adieux? À jamais abîmée,
Je sais que sans délai, sous le clair horizon
Qui chantera l’espoir à tes heures ravies,
Mes yeux plus désertés qu’une morte-saison
Regarderont partir ma vie avec ta Vie!
Medjé Vézina, Chaque heure a son visage
*choix de la lectrice d’Otto Herschel