
Les premiers romans portant sur l’adolescence sont décidément légion en ce moment. Ta mère est folle de Brigitte Vaillancourt s’inscrit dans cette tendance, à une nuance près : il s’adresse non pas à un public adulte, mais à des lecteurs de 14 ans et plus.
D’entrée de jeu, j’avouerai avoir été un peu agacée par cette précision de l’éditeur. En effet, j’ai été libraire suffisamment longtemps pour savoir que les jeunes de cet âge ne cherchent pas des livres destinés à leur âge, mais bien des livres pour adultes. De plus, je ne peux que constater un autre problème inhérent à cette indication, laquelle constitue un casse-tête tant pour les libraires que pour les bibliothécaires. En effet, un roman destiné aux 14 ans et plus se range-t-il dans la section jeunesse ou chez les adultes?
Ceci dit, j’estime que le sujet intéressera peu la plupart des adultes. En effet, les problèmes d’Alex, 14 ans, aux prises avec une mère totalement folle – c’est loin d’être une figure de style – et partagée entre deux continents, l’Amérique et l’Afrique, risquent de les ennuyer tant tout cela est répétitif et ploie sous l’accumulation de détails. En effet, chacune des expériences vécues par Alex nous est relatée de A à Z.
Je ne suis pas certaine non plus que le roman touchera les jeunes ciblés. Les descriptions qui s’éternisent, une narratrice peu crédible, probablement parce que l’auteure prend trop de place, un rythme qui traîne, tout cela finira par les décourager d’aller jusqu’au bout de cette histoire qui n’en finit pas.
Pourtant, Brigitte Vaillancourt avait en main un sujet qu’elle aurait pu exploiter – la folie de sa mère, ses crises, ses égarements, ses réactions disproportionnées – au lieu d’en tirer des anecdotes qui ponctuent le roman alors qu’Alex découvre l’amitié, ses bons comme ses mauvais côtés, la drogue, l’amour, les valeurs familiales, souvent absentes, et tout ce qui tisse la vie des adolescents en proie à un nombre de questions pour lesquelles il n’y a pas toujours de réponse évidente, concise et surtout, claire.
Pour toutes ces raisons, Ta mère est folle semble être passé à côté de l’essentiel, malgré les bonnes intentions de l’auteure de nous livrer un portrait juste de cette époque charnière en mettant en lumière le quotidien d’une adolescente, intentions que je ne mets pas une seconde en doute.
Encore un autre roman sur l’adolescence, donc, qui aurait gagné à être resserré, qui comprend trop de dialogues n’ayant rien à avoir avec la langue des ados d’aujourd’hui. Pas mauvais, pas vraiment bon non plus, mais duquel on ne conservera que peu de souvenirs.
En s’éloignant de cet âge, Brigitte Vaillancourt trouvera sûrement sa voix et son public à l’occasion de son prochain roman, car elle sait déjà décrire avec beaucoup de justesse les personnages perdant pied, alors que d’autres auteurs préfèrent les éviter et rester dans le flou.
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