Un dimanche avec Cervantès 5
Assieds-toi à ta place, et l’on ne te fera pas lever. (Miguel de Cervantès)
*toile signée Le Corrège
Assieds-toi à ta place, et l’on ne te fera pas lever. (Miguel de Cervantès)
*toile signée Le Corrège
La plume est l’interprète de l’âme : ce que l’une pense, l’autre l’exprime. (Miguel de Cervantès)
*toile de Nikolaï Gay
J’ai eu envie d’un dimanche en compagnie de Miguel de Cervantès. Comme ça. Sans autre raison que celle de dépoussiérer un peu quelques citations de l’auteur de Don Quichotte.
Et comme Cervantès était, paraît-il, barbu, j’ai fait appel à quelques lecteurs à barbe, en commençant par celui de l’artiste Sergei Khokhalev, afin de m’aider à vous présenter celles-ci.
Puisse ce dimanche en compagnie de Cervantès vous donner autant de plaisir que j’en ai eu à le concocter pour vous!
Quand j’ai vu la lectrice peinte par Michel Ghislain Stapleaux s’allonger sur le sofa, j’ai été certaine d’avoir fait le bon choix en sélectionnant pour les lectrices du soir le recueil de Joachim du Bellay. Elle est ainsi restée dans cette position un long moment avant de partir dans la nuit en laissant le livre ouvert sur ces mots :
Tout le parfait dont le ciel nous honore,
Tout l’imparfait qui naît dessous les cieux,
Tout ce qui paît nos esprits et nos yeux,
Et tout cela qui nos plaisirs dévore :
Tout le malheur qui notre âge dédore,
Tout le bonheur des siècles les plus vieux,
Rome du temps de ses premiers aïeux
Le tenait clos, ainsi qu’une Pandore.
Mais le destin, débrouillant ce chaos,
Où tout le bien et le mal fut endos,
A fait depuis que les vertus divines
Volant au ciel ont laissé les péchés,
Qui jusqu’ici se sont tenus cachés
Sous les monceaux de ces vieilles ruines.
Nul ne peut avec certitude mettre le doigt sur l’événement qui a poussé Patrick Dewaere à mettre fin à ses jours le 16 juillet 1982. Et ce n’est pas le but du livre de Mado Maurin, sa mère, qui réunit des entrevues qu’elle a réalisées avec ses proches et avec ceux avec qui il a travaillé.
Patrick Dewaere, mon fils, la vérité se veut plutôt un assemblage de souvenirs des uns et des autres, êtres qu’il a marqués et à qui il manque cruellement. Des gens qui n’ont pas su saisir la profondeur du mal de vivre de celui qui restera irremplaçable pour nombre de cinéastes. Livre de souvenirs, livre de regrets aussi, ponctués par ce cri d’une mère qui vit jour après jour avec cette absence et le remords. Livre dans lequel on entre en se demandant parfois s’il était bien utile de connaître certains détails parce qu’ils nous semblent trop intimes quand on pense à l’homme qui a toujours voulu garder secrète sa vie privée.
Et pourtant, certains témoignages sont si poignants qu’on se dit qu’ils sont nécessaires. Parce qu’ils sont de véritables hommages. Si tendres, si affectueux, si pleins d’amour pour celui qui a laissé derrière lui une filmographie qui annonçait qu’il aurait pu devenir le plus grand acteur français de son époque.
Je me souviens de ce 16 juillet. De mes larmes.
Il n’y aurait plus de films comme F… comme Fairbanks. Et nous ne verrions jamais Truffaut le diriger.
Le livre de Mado Maurin est accompagné d’un CD où on entend Patrick chanter ses textes et ses musiques. Mais je n’en dirai rien, je n’ai pas été en mesure de l’écouter. À moi aussi, il manque toujours.
Il y a cinq ans que le groupe québécois Blues gitan s’est dissous en laissant deux albums derrière lui, dont Eccoci, aux rythmes venus de Hongrie, d’Espagne, de Russie, d’Italie et d’ailleurs, un album plus gitan que blues où on retrouve dans certains titres en français cet accent québécois qui pourra beaucoup plaire à certains — entre autres, dans une version de La bohème un peu lancinante — et à d’autres, dont je suis, un peu moins.
Pour tout vous dire, malgré la belle dynamique qui unit chacun des membres de ce quintette quand l’un ou l’autre chante, ce sont les pièces instrumentales qui m’ont le plus emballée. Notamment quand la violoniste Kristin Molnar (née à Paris de mère hongroise et de père gitan), qui fait maintenant partie du groupe de flamenco Los Clavitos, laisse s’émouvoir son violon, notamment dans Tsiganskaia. Et pour bien illustrer cette énergie qui est le fil conducteur de cet album auquel semblent avoir pris plaisir tous les musiciens du groupe (on peut entre autres le constater à l’écoute de certaines chansons qui ont été enregistrées en public), je vous invite à écouter Sari siroun yar.
Et si je proposais à la lectrice du peintre Samuel Simpson Carr de m’accompagner dans la Loire?