Lali

« J’avais le sentiment de maîtriser un énorme chantier dont j’extrairais une miniature de la modernité réduite à sa plus simple complexité : une femme raconte sa propre histoire à travers celle d’une autre », écrit Nathalie Léger, laquelle est partie à la recherche de la femme, de l’actrice et de la cinéaste Barbara Loden, connue pour quelques rôles au cinéma et pour son unique film, Wanda.

Où est le vrai? Où est le faux? Jusqu’à quel point son unique film est-il inspiré par un entrefilet dans le journal? Quelle part d’elle-même a-t-elle glissé dans le personnage de Wanda qu’elle a choisi d’interpréter, s’estimant la seule capable de jouer ce rôle? Où s’arrête la vie de Barbara? Où commence celle de Wanda?

Ce ne sont là que quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre l’auteure dans une brillante analyse où sont mis de l’avant ceux que Barbara Loden a fréquentés (notamment son mari, le cinéaste Elia Kazan), ses lectures sur le sujet et ses lectures tout court.

Nathalie Léger à la recherche de Barbara Loden, c’est un peu Duras cherchant son Aurélia Steiner. Un peu, mais pas vraiment. C’est surtout une femme fascinée par une autre. Une femme qui a beaucoup lu et qui nous livre au fil de sa quête et de son enquête ce qu’elle a retenu des essais et de la fiction qui l’ont nourrie. Ce qui l’a troublée d’une époque, d’un film. Tant et si bien qu’elle devient aussi importante que celle qui l’a inspirée.

Qui des trois, Barbara, Wanda ou Nathalie porte l’histoire? Aucune. Ou alors toutes. À la manière de coureuses qui se relaient sur une piste. Ce qui nous donne un récit fouillé et documenté, empruntant plusieurs pistes, et nous laissant seuls juges de ce qui appartient à l’une ou à l’autre.

Supplément à la vie de Barbara Loden, une belle réussite.