Le barman du Ritz
Je ne me lasse pas de lire des romans portant sur la Seconde Guerre mondiale, l’Occupation et la Résistance, surtout lorsqu’ils s’inspirent de faits réels et mettent en scène des personnages qui ont existé. Je ne pouvais donc qu’être attirée par le premier roman de Philippe Collin, Le barman du Ritz.
Ce barman, c’est Frank Meier, autour duquel tout gravite, le bar du Ritz à Paris ayant été une plaque tournante lors de l’Occupation, l’hôtel ayant accueilli pendant cette période des officiers de la Wehrmacht, des écrivains, notamment Sacha Guitry, des collaborateurs, des résistants, des membres du jet set, comme Coco Chanel, et abrité des employés pas tous irréprochables.
Chacun, en effet, a tenté de tirer le meilleur parti possible de la situation, Frank Meier, comme les autres. Si son activité la plus importante demeure la création de cocktails, laquelle a fait sa réputation, ce ne fut pas la seule. Le barman, originaire du Tyrol, donc parlant allemand, était aussi juif. Il s’appliqua donc pendant quatre ans à cacher ce détail important et à protéger d’autres personnes, comme Blanche Auzello, l’épouse du directeur du Ritz, elle aussi juive de naissance. Il n’hésita pas non plus à obtenir de faux passeports pour qui devait masquer ses origines, en échange d’une rémunération. Autrement dit, Frank Meier joua sur deux tableaux. Il ne fut pas le seul. De nombeux livres sur le sujet en ont traité.
Le roman de Philippe Collin est ponctué d’extraits du journal (imaginaire) du barman, ce qui nous donne une certaine vision de l’intérieur. Mais c’est ce que j’ai le moins aimé du Barman du Ritz. Ces interventions cassaient le rythme, même si elles portaient un éclairage sur certaines situations. Cela ne m’a nullement empêchée de dévorer ce roman que je recommande à quiconque s’intéresse à cette époque de l’Histoire.
Finalement, il faudra que je lise un jour un roman d’Ernst Jünger, qui séjourna au Ritz à cette époque, à titre d’officier adminitratif militaire, et que je ne connaissais que de nom et qui est un des personnages importants du Barman du Ritz. Bien des livres nous mènent à des découvertes et à d’autres livres. C’est un des bonheurs de la lecture.
La reine du Ritz, comme l’avait appelée l’écrivain Samuel Marx, est née Blanche Rubenstein à Brooklyn et est morte à Paris. Elle était actrice à l’époque du cinéma muet et résistante franco-américaine. Elle avait été la maîtresse d’un prince égyptien avant d’épouser Monsieur Auzello. Elle avait dirigé l’hôtel Ritz dans les années 1920. On raconte que les mariés ont vécu heureux. Lui plein de maîtresses et Blanche sans jamais rompre les liens avec son beau prince égyptien.
Entrée dans la résistance avec son amie Lily (qui travaillait au Maxim’s). Elles ont été arrêtées par la Gestapo en 1944. Torturée à la prison de Fresnes un mois durant. Lily y laissera sa vie au grand chagrin de Blanche.
Monsieur Auzello, licencié par l’héritier Charles Ritz, dépressif, tue Blanche avant de se suicider dans leur appartement de l’avenue Montaigne.
Comme quoi il y a des vies tellement intenses que seule la réalité peut écrire.
Comment by Armando — 27 novembre 2024 @ 23:04