En vos mots 877
La semaine a à nouveau passé trop vite. Je n’ai donc pas eu le temps de faire le quart des choses que je me promettais de réaliser. Ma pile de livres à lire est donc aussi haute qu’elle l’était dimanche dernier, d’où le choix de cette illustration de Cyrridwen afin que vous la racontiez en vos mots.
Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, comme le veut l’habitude. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la toile de dimanche dernier, et même de commenter ceux-ci si vous le souhaitez. Il nous fera plaisir de vous lire.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Véronique a aujourd’hui deux livres de plus dans sa pile à lire. Comment va-t-elle y arriver? Il est vrai que sa bibliothèque, bien rangée, en comporte encore bien d’autres dont elle aimerait reprendre la lecture. Mais là il s’agit d’ouvrages neufs non encore lus, non encore classés. Il faut absolument qu’elle s’interdise de nouveaux achats dans les mois à venir! Résolution à laquelle elle ne se tiendra pas, elle le sait déjà. Et c’est sans compter les bouquins qu’on lui prête. « Ah celui-là je te le passe, tu vas adorer, je viens juste de le terminer! » Et Véronique ne sait pas dire non. Sauf en ce qui concerne les traités de politique dont elle n’a cure. A part cela, ses goûts sont dramatiquement éclectiques. Dramatiquement, vu l’abondance de matière que cette propension l’amène à traiter au quotidien. A ses choix personnels en matière de romans, de poésie, d’essais, s’ajoutent donc ceux de ses copines, mais aussi les livres plus techniques qu’elle se doit d’avoir lus pour son travail de restauratrice de tableaux anciens. Voilà pourquoi la pile à lire ne diminue pas, bien au contraire.
Comment by anémone — 15 février 2024 @ 14:44
Lisbonne, 18 février 2024
Ma chère B.,
As-tu déjà remarqué que de nos jours les librairies sont devenues aussi silencieuses et presque aussi vides que les églises?
Je me souviens d’un temps où des femmes en noir entraient dans les sombres églises pour offrir leurs prières à l’espoir de jours meilleurs. Je me souviens d’un temps où les libraires étaient des lieux de découvertes, d’amitiés et de conversations, en sourdine, sur tel livre ou auteur. Et on n’appelait que les vieux livres bouquins.
C’est sûrement par nostalgie que j’ai pour les livres une fascination que je ne m’explique pas. Je parle du livre en tant qu’objet. De ce parfum inattendu qu’il dégage. Du souvenir imaginaire des mains qui l’ont caressé voire usé, jusqu’à lui offrir un supplément d’âme. Du silence bercé par l’imaginaire de quelques lignes, qui nous prennent par le cœur et nous mènent vers ces lieux dont on n’avait jamais imaginé l‘existence, mais qui, après quelques lignes, nous semblent si familiers qu’on est troublés par l’impression de les avoir déjà vus. Quelque part. Un jour. Ailleurs. Dans une autre vie.
Comme l’abeille au printemps, je me nourris du pollen de quelques lignes de Thomas Mann, de Khalil Gibran, d’Alain Finkielkraut, de Kundera et de tant d’autres que je trouve dans mon jardin. Et je suis heureux. Et j’oublie tout. Vraiment tout.
Accoudée à une pile de livres, la jeune fille semblait suivre amusée mon ballet littéraire. Je l’ai senti, comme si elle épiait derrière mon épaule ce que je lisais. Nos regards silencieux se sont croisés et j’ai entendu sa voix heureuse me demander : « Vous cherchez quelque chose en particulier ou vous bouquinez pour passer le temps? » Et sans que je puisse lui répondre elle a poursuivi : « Je peux vous suggérer Graham Swift, sinon. »
Et c’est Jane, la toute jeune femme de chambre des Niven, sans famille et désoeuvrée qui m’a fait penser à toi. Passais-tu tes dimanches à lire où avais-tu un amant secret?…
Ne me réponds pas. En tout cas, pas tout de suite.
Je t’embrasse.
A.
Comment by Armando — 18 février 2024 @ 0:00