En vos mots 865

Déjà dimanche! Mais comment les semaines peuvent-elles passer si vite? Est-ce la question que se pose le lecteur peint par Henri de Braekeleer en examinant l’une des cartes de son atlas? À vous de nous le dire en racontant en vos mots ce que cette scène évoque pour vous.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes et de lire les commentaires déposés sur la scène livresque de dimanche dernier. C’est avec plaisir que nous vous lirons.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Nous étions d’accord. Depuis des mois qu’on discutait en cachette. On s’était juré de garder notre secret. Pas un mot à personne. Même pas à notre meilleur ami. Personne, c’est personne.
D’abord les bords du Tage. On se rendrait là où les pêcheurs laissent reposer leurs bateaux. Et on choisirait celui qui nous paraîtrait le plus solide. Puis, dans un coin du bateau, on mettrait les six grands pains de mie qu’on volerait dans le garde-manger, ainsi que quelques chouriços, deux ou trois paquets de fromage, du miel et au moins cinq litres d’eau. Et on couvrirait le tout d’une fine toile en caoutchouc. On avait vu faire ça dans un vieux film en noir et blanc, lorsque les pirates avaient quitté l’île.
Puis, le jour venu, on laisserait la nuit s’installer. On ferait semblant de dormir. Jusqu’à ce qu’aucun bruit ne perturbe le regard froid des images pieuses accrochées aux murs de l’orphelinat. Et on s’en irait. La grande aventure. Le large. Le tour du monde. La liberté. Magellan dans nos rêves.
Après avoir rasé les murs, il fallait traverser la grande cour jusqu’au grillage. Tout était calme. Soudain, le chien. Il n’arrêtait pas d’aboyer. Saloperie de clebs!… Et ce surveillant, épais comme une brute, qui nous regardait comme un Cyclope enragé. « Mais vous faites quoi, dehors à cette heure-ci?… Et en plus vous avez volé toute cette nourriture?… Mais vous vous croyez où, les petits morveux?… »
On lui a parlé de Magellan, Colomb, Vasco da Gama. Le tour du monde. Le petit bateau. L’aventure. On avait lu tout ça dans nos livres d’histoire.
Il était sourd à notre cause. Il fallait nous donner une bonne leçon. Servir d’exemple aux autres. On était des fous. Des rebelles. Des inconscients. Et ils nous ont frappés comme des bêtes. Alors qu’on était rien de tout cela. Juste des enfants. Des rêveurs. Rien d’autre.
Et chaque fois que je regarde une carte du monde …
Comment by Armando — 22 novembre 2023 @ 5:47
Quand il se sent trop à l’étroit, il navigue. Il traverse les océans, ou fait du cabotage. Il a visité des villes, des campagnes, des steppes, des déserts, des forêts tropicales. Il a longé des fleuves, rencontré des peuples inconnus. Il a fréquenté des palaces. Mais s’est aussi traîné à genoux sans vivres et même sans eau, pensant sa dernière heure venue, sans abri contre les intempéries et les bête sauvages. Il a trimé sur des caravelles, s’est affronté aux pirates, a été fait prisonnier et a pu s’évader miraculeusement grâce à l’amour d’une femme. Il s’est perdu en mer, nageant jusqu’à l’épuisement parmi les récifs et les requins, pour trouver au dernier moment une île merveilleuse, une sorte d’éden, où il a été accueilli dan la fête et la luxuriance par des autochtones en liesse. Il a vu des monuments magnifiques, des grottes superbes, des lagons d’un bleu intense et émeraude, des atolls rutilants de corail. Il a entendu la musique des sphères.
Quand il se sent trop à l’étroit, il voyage. Il ouvre son atlas, et il rêve. Il rêve aussi parfois qu’il fend les airs. Mais ceci n’est qu’un rêve, car tout ceci se passe au temps des nefs et des galères, quelques siècles avant le premier aéroplane.
Comment by anémone — 24 novembre 2023 @ 15:15