Lali

1 novembre 2020

En vos mots 708

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Alors que novembre vient de poindre le bout de son nez, je vous propose de découvrir l’artiste québécoise Lizanne Pepin et de faire vivre en vos mots l’un de ses tableaux.

Aucun commentaire ne sera validé avant une semaine, comme le veut l’habitude, ce qui vous laisse amplement le temps d’écrire une histoire ou de nous proposer un poème, en plus de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier.

D’ici là, profitez-en pour regarder les feuilles colorées avant qu’elle ne soient toutes tombées. Ce sera chose faite dans peu de temps.

Et surtout, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à ceux qui les lisent.

3 commentaires »

  1. Lire dans la nuit,
    Sous les couvertures,
    Quand la lampe luit,
    Toute une aventure!

    Quand rien ni personne
    Ne vient nous restreindre,
    Qu’une nouvelle donne
    Commence à poindre.

    Echapper aux heures,
    Vivre son content,
    Cueillir le bonheur,
    Sans compter le temps.

    Comment by anémone — 6 novembre 2020 @ 19:19

  2. L’air chaud de la climatisation réversible lui caresse les épaules, les pages de son livre frémissent et ses yeux clignotent. Arrivera-t’elle à atteindre le bas de la page. L’index de sa main tente en vain de guider ses yeux, les lignes s’entremêlent, les mots ne se suivent plus. Sa vue se trouble.
    Demain soir, elle recommencera, mais vainement à comprendre le sens de ce paragraphe.

    Comment by LOU — 7 novembre 2020 @ 16:26

  3. 8 octobre 2002 – Papa et maman se sont encore disputés. J’ignore la raison de cette dernière dispute. Je suis persuadée qu’ils n’ont plus besoin de raison.
    Heureusement, les arbres changent de peau. Le vert est devenu une foison de couleurs. Bientôt il n’y aura plus rien. Juste un tapis de feuilles mortes. Je me réjouis à l’idée de me dire qu’après l’hiver, le printemps viendra tout effacer. Et que la vie reprendra des couleurs.

    1er novembre 2002 – Un silence lourd traine dans la maison ce matin. Dans le jardin de la maison d’en face, Halloween amuse encore les enfants. Il y a des citrouilles partout. J’aurais bien aimé les rejoindre. Je crois que je serais heureuse d’être une sorcière.

    15 novembre 2002 – Le frère de papa, l’oncle Paul, est venu diner à la maison. Je me suis demandé ce qu’il était venu faire. Marthe et moi devions être invisibles. Ou presque. Il semble qu’il se soit à peine aperçu de notre présence. À table, ils n’ont échangé que des mots banals et décousus. Je me suis souvent demandé à quel moment j’allais comprendre la raison de sa visite. Je n’en ai découvert aucune. Il est parti comme il est arrivé, sans s’apercevoir que Marthe et moi sommes des êtres de chair.

    30 novembre 2002 – Demain décembre. Noël est partout. Papa a demandé s’il devait acheter déjà le sapin. Maman a répondu de faire comme bon lui semblait. Personne ne me demande mon avis. À Marthe, encore moins. Je pense à ce pauvre sapin. Combien d’autres seront condamnés à embellir les maisons juste parce que c’est la tradition, alors qu’ils seraient bien plus heureux dans la forêt. En compagnie de leurs semblables.

    3 décembre 2002 – Papa est venu me demander ce qui me ferait plaisir pour Noël. Une famille, je lui répondu. Il m’a regardé longuement, avant de me demander « ce que je voudrais pour de vrai ». Je lui ai répondu « Papa tu me fatigues! Si tu n’as rien d’autre à me dire, je veux que tu sortes de ma chambre. » Il s’est en allé en murmurant « Putain de merde! » Sa prière favorite. Adorable.

    15 décembre 2002 – Marthe, ma petite sœur, a écrabouillé la crèche en porcelaine blanche de maman. Je me retiens de rire en voyant maman pleurer en ramassant ce qu’il reste de la Vierge. Marthe a l’air atterrée par la désespoir de maman. Surréaliste, mais amusant. Enfin un truc drôle. Merci Marthe. Je t’adore.

    17 décembre 2002 – Papa parle de punir Marta pour avoir cassé la gueule de la Vierge Marie. En porcelaine blanche. Marthe pleure. Maman ne dit rien. J’en profite pour dire qu’ils auraient dû féliciter Marthe puisque la crèche était moche. Froide et sans âme. En colère, Papa m’annonce que je serai aussi punie. Il en a marre de mon insolence. Maman ne comprend pas puisqu’elle trouve que moi et Marthe on est des « pourries gâtées ». Tiens, papa et maman semblent d’accord. Il était temps. Même si la raison de leur alliance soudaine ne les honore pas.

    22 décembre 2002 – Je suis à bout. Nous avons de nouveau diné en groupe. Je dis bien en groupe et pas ensemble, puisque nous ne partageons rien. Pas de mots. Pas de câlins. Pas de rires. Pas de rêves de demain. Rien. Juste des Tiens-toi bien à table, Parle pas la bouche pleine ou encore des Après tu vas te brosser les dents et au lit… J’ai envie de crier. De leur dire de grossièretés du genre : Putain… merde… conards… Faites chier!… Mais je regarde Marthe. Elle a le regard si triste. Est-ce que le mien lui ressemble?…

    23 décembre 2002 – Je m’enferme dans ma chambre. Dans mes écouteurs, Mylène. C’est une belle journée. Je ferme les yeux. Je pense à Marthe. J’avais tant d’amour à lui offrir. J’aimerais tant croire que si je pars, papa et maman…

    Marthe relit pour la énième fois ces quelques lignes du journal intime de Melody, pour ne pas la perdre pour toujours.

    Comment by Armando — 8 novembre 2020 @ 5:04

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