En vos mots 553
Mais qu’est-elle donc en train de noter dans son carnet? C’est ce que nous saurons dans une semaine, et pas avant, car aucun commentaire déposé sur la toile de Lizzie Riches ne sera validé avant.
Un court poème, une nouvelle, un paragraphe, choisissez ce qui convient le mieux pour faire vivre la scène livresque de la semaine, et n’hésitez pas à visiter http://lalitoutsimplement.com/category/en-vos-mots/ pour lire ce que les envosmotistes habituels ou ponctuels ont écrit. Peut-être cela vous donnera-t-il envie d’écrire à votre tour? C’est ce que nous découvrirons dans sept jours.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Elle avait noté fébrilement l’adresse, dans le carnet où elle était censée écrire ses impressions sur le site, plutôt magnifique malgré quelques déprédations, qu’elle était en train de visiter pour le cours d’architecture.
Et maintenant, elle se sentait un peu sonnée. Cette rencontre avait été si fugitive. Ils ne s’étaient plus vus depuis dix ans. Depuis le temps des amours enfantines.
Ils s’étaient reconnus tout de suite, même si elle avait eu l’impression qu’il avait pour sa part un rien hésité.
Et là, il était pressé. Il s’était enfui, ou presque, en lui donnant un rendez-vous: jeudi prochain à trois heures, au café des Arts.
Il avait toujours son air frondeur, et sa mèche rebelle. Cette allure qui, alors qu’elle était toute petite, l’avait tant charmée. A en perdre parfois le sommeil.
Elle cherchait à se souvenir pourquoi, et comment, ils s’étaient quittés. Le souvenir de leur rupture s’était comme éteint, comme effacé.
Peut-être n’y avait-il pas eu de rupture, mais une relation qui s’était peu à peu effilochée? Pourquoi?
Il lui semblait qu’elle en avait souffert. Puis qu’elle avait oublié.
Maintenant, elle se rendait compte que la plaie était toujours là, bien vive. Non cicatrisée.
Et de plus, elle avait oublié les circonstances de ce qui l’avait causée.
Elle allait le revoir. Enfin, si elle allait au rendez-vous. Pouvait-on manquer un rendez-vous? Etait-ce correct? Et était-ce souhaitable?
Elle avait l’impression qu’il lui avait jadis peut-être fait du mal. Un tel mal, qu’elle ait pu l’occulter, jusqu’à vivre jusqu’à ce jour sans plus du tout penser à lui. Et jusqu’à ne plus se souvenir de rien. Sauf de leurs premières rencontres, nimbées de grâce, à l’aube de l’enfance.
Elle restait songeuse. Qui était ce François qu’elle avait connu et qui était mystérieusement sorti, elle ne savait plus comment, de sa vie? Puis qui y revenait, sans crier gare?
Quelque chose en elle lui soufflait de se méfier. Mais peut-être tout le mal était-il au contraire venu de son ancestrale méfiance à elle. De sa défiance par rapport aux garçons, par rapport aux hommes.
Elle devait se faire confiance. Aller au rendez-vous, et ensuite user de discernement. Ne faire que ce quelle avait envie de faire, que ce qu’elle sentait juste pour elle. Dans le respect de soi et dans son ressenti.
Perplexe, elle regarda autour d’elle. Elle n’avait plus beaucoup la tête à prendre des notes, ni à observer. Son regard était tourné en dedans. Vers sa propre architecture. Vers les volutes de ses sentiments. Vers les colonnes d’ignorance qui se dressaient subitement. Vers les arcs en plein cintre qui découvraient en elle, soudain béantes, des ouvertures inexplorées, oubliées. Négligées. Des espaces inconnus, méconnus. A reconnaître.
Il avait suffi d’une rencontre pour faire remonter en elle des abîmes d’incertitude, de doute, d’hésitations.
Il avait suffi d’un regard pour la troubler. Ce genre de regard un peu moqueur qu’elle avait retrouvé par la suite parfois chez des hommes qu’on pouvait qualifier de pervers narcissiques.
Ce regard qui pourtant au début l’avait tellement attirée.
Elle irait au rendez-vous de jeudi. Et elle en aurait le cœur net. Elle saurait dire oui, ou non, de son propre chef. Ne se laisserait pas embobiner par une voix caressante ou un œil enjôleur. Elle le percerait à jour, et sa mémoire lui reviendrait. Parce qu’elle oserait la regarder en face.
Comment by Anémone — 16 novembre 2017 @ 7:53
Il y a du rose et puis du noir
Ou est-ce un bleu incertain
J’entends un murmure de guitare
Qui me rappelle Donovan
Beaucoup d’espace entre deux rives
Et l’Atlantique qui nous éloigne
Il y a tant de marins qui dérivent
Tout en rêvant de champagne
Mes mains rêvent de ton retour
L’automne est une douce saison
Pour quelques frissons d’amour
Et pour jouer les Cupidon
Il me plait de me dire qu’un jour
Nous reprendrons le fil de nos rires
On dit que l’amour c’est pour toujours
Et puisque le meilleur reste à venir
Je te tiendrai par la main
Et on se promènera au hasard
Sais-tu que dans l’aurore chaque matin
Un petit fil rose déchire le noir?…
Comment by Armando — 18 novembre 2017 @ 6:18