En vos mots 531
Pour ce nouvel En vos mots, je vous invite chez le barbier, une scène peinte par Ilya Bolotowsky, où se côtoient fort probablement des habitués. Certains lisent, d’autres discutent, tous commentent sûrement l’actualité ou parlent de la pluie et du beau temps.
À vous de nous livrer votre vision personnelle, qu’il mous fera plaisir de lire dans sept jours et pas avant, car aucun commentaire ne sera validé avant le prochain accrochage. Profitez-en pour lire les quelques lignes déposées sur la scène livresque de dimanche dernier. Des regards bien différents vous y attendent.
Et surtout, bon dimanche et bonne semaine à tous!
On dit les barbiers bavards.
Une exception: celui-ci.
Il aime son métier, pardi,
Mais pour lui, se taire est un art.
Il écoute.
Comme au café, mêmes joutes verbales.
Ils parlent de politique,
Ou de leurs affaires de ménage.
Il les laisse parler tout leur sôul.
Et se contredire entre eux.
Jamais il n’intervient, ne prend parti.
Si on le questionne, il élude.
C’est bien la façon la plus prudente
De garder ses clients.
Et entre nous soit dit,
De se préserver une paix
Triomphante.
Comment by Anémone — 11 juin 2017 @ 10:01
Chez Artur, ce matin-là, ce sont les premières pages des quotidiens matinaux qui ont donné naissance à l’amusante discussion entre les clients et le modeste barbier.
Pour une fois, on était loin des longues et éternelles discussions footballistiques. Encore moins de celles tournant autour des blagues à propos des politiques qui faisaient tant rire Artur. Lui qui se réservait bien de donner la moindre opinion pour ne pas engager de conversation virulente avec un de ses clients.
Barbier, c’est un métier d’écoute et de silence. On parle de tout pour autant que cela reste lisse et bon enfant.
Ce matin-là, on parlait d’un certain Arias. Barbier de son état. À qui un certain Picasso avait offert plus d’une centaine de ses travaux. Du plus modeste au plus élaboré. Faut dire qu’Arias et Picasso étaient devenus amis en exil. Et amis ils le sont restés tout au long de leur vie.
Les journaux disaient que les cadeaux de Picasso à son bon ami Arias pourraient se chiffrer en millions d’euros, mais que lui ne semblait pas accorder la moindre importance à ces chiffres mirobolants.
Quant à Artur, il ne faisait que continuer son travail. Imperturbable. Habillé de son légendaire sourire, sans qu’on sache ce qu’il pensait de la situation. Après tout, barbier, c’est un métier d’écoute et de silence.
Comment by Armando — 18 juin 2017 @ 3:09