En vos mots 491
C’est encore l’été ici. Et pour toute la semaine, semble-t-il. Ce qui a donné l’idée à la lectrice de l’artiste Shiho Nakaza de s’installer sous son arbre préféré afin d’y lire en toute tranquillité.
Vous joindrez-vous à elle? Entamerez-vous la conversation? Découvrirez-vous le titre de son livre? C’est ce que nous saurons dans une semaine au moment de la validation des textes déposés d’ici là, inspirés par la scène livresque de la semaine.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
Lire sous un arbre par une belle journée d’été
N’est guère si aisé qu’il puisse y paraître.
Quand ce ne sont pas les chants d’oiseaux
Qui rivalisent à nous distraire,
Ou les parfums multiples et entêtants
De mille variétés florifères,
Ce sont les vrombissements d’insectes,
Et cette douceur indicible de l’air
Qui concentre toute notre attention
De façon si autoritaire.
C’est le soleil.
Ce sont le friselis de la rivière.
La forme des nuages,
Le phrasé du vent.
Lire sous un arbre par une belle journée d’été
Relève sans exagérer du prodige,
Et exige des efforts énergiques et persévérants.
Lire sous un arbre par une belle journée d’été,
N’est-ce pas trouver plus sage
De se livrer séance tenante
A l’oeuvre de nature tout entière,
Avec tous nos sens…
Et délaisser l’ouvrage?
Comment by Anémone — 4 septembre 2016 @ 14:10
Qui tourne des pages à l’ombre du vieil arbre ?
De qui ces écrits ?
Qui est t’il ce scribouillard ? …
Oui ! … Au fait ! … qui est-il ?
Répondre pour d’autres, il s’en sent bien incapable.
Répondre pour lui ? En est-il capable ?
Oui ! … Qui ?
Celui qui a meublé tout ces instants. Ces quantités d’instants.
Essayant de les joindre tant bien que mal les uns aux bouts des autres pour faire une Vie.
Leur vie.
De ces instants, qu’il laisse traîner derrière lui dans son sillage, bien des écris.
Bouts de papiers crayonnés, feuilles dactylographiées.
Mais à qui sont t’ils dédiés ?
IL ne se sent pas le fort d’écrire à qui que ce soi.
Pour parler de lui ? Que nenni !
Pour donner conseil ?
Les conseils ne sont ni lus ni écoutés.
Il écrit l’Instant, simplement pour tenter de le figer.
Arrêter le temps ne serais-ce qu’un instant.
Le fixer en quelques lignes, où il s’y promène avec son Amour.
Ici le Temps n’a plus cours.
Aujourd’hui s’enlace avec Hier, tout en embrassant Demain.
Il en a plein de tiroirs de ces feuillets.
Instants de Vie, moments intenséments vécus, mais si vulnérables à l’oubli.
Là, bien à l’abri du Temps, qui s’acharne à tout effacer ce qu’il touche.
Là, où jeunesse ne connaît point vieillesse.
IL les entasse et ne les détruirait certes pas.
Pas question pour lui de faire disparaître deux fois ceux qui ne sont plus, mais qui sont bien vivants en ces Pages.
Il s’y retrouve avec sa Belle, s’embrassant sous chèvrefeuille.
Papotant doux mots, sur leur banc, là-bas sous vieux tilleul.
Instants focalisés en quelques mots malhabiles illuminant ces lignes.
Lignes qui courent s’évanouissent en quelques horizons méconnus.
Continuant ce Chemin plus ou moins chaotique où ils tiraient à deux leur Charrette.
Charrette qui a roulé sur bien des plaisirs, bien des soucis et qui cahin-caha, va de mot en mots de ligne en lignes, de page en pages. Va!
Oh ! Il n’est point Écrivain.
IL se confie simplement là en quelques notes, gribouillées vite fait, sur le bord d’une table, n’importe où.
En somme, pas plus écrivain que peintre.
Si il peint, c’est pareillement l’Instant qu’il pense figer.
Une couleur qui passant, l’a caressé.
Une forme qui s’est dégagée, est venue s’enroulée se lover en lui, en son esprit, en son cœur.
L’as-t-il fixé sur la toile ?
Pas souvent, comme l’Instant elle lui a glissé entre les doigts, lui a échappé.
Alors il est là, peiné devant sa toile.
Il arrive que l’Émotion prenne pinceaux et palette.
C’est l ‘Émotion qui se fixe sur la toile.
Elles sont là ces toiles, elles n’entrent pas dans les tiroirs des Écris.
Parfois, l’Émotion rencontre une Ame qui passait par là.
Il lit cela dans les yeux qui la contemple.
-Elle te plait ?
La vraie réponse est dans l’élan, dans le regard.
-Alors, elle est à toi !
Et là, c’est un peu de lui qu’il partage.
Si quelques unes se promènent en quelques coins de ce Monde.
Bien des croûtes sont restées en sous-pente.
Bah ! Si une ou deux peuvent remplacer un carreau cassé, il aura fait bonne œuvre et sera content pour peu que sa signature soit dans le bon sens.
Quand au recueil de Poèmes, leur Lectrice s’étant retirée sans bagage, il est suffisamment épais pour remplacer le pied d’un vieux meuble.
Pauvre prothèse poétise à sa façon.
Sa Lectrice en sourira.
Peut-être qu’un jour, certains de ces Instants ressortiront dans un autre Futur, qu’ils feront nouveau Présent.
Ils entendront :
Qui était t’il ? Oui ! … Au fait ! … Qui je suis je ? Se demande t-il.
Peut-être tout naïvement qu’un simple Mot, errant de ligne en ligne, de Page en Pages cherchant sa Belle…
Cette délicieuse Rime!
Alors, là bas sous le vieux tilleul, il croit y voir sa Belle Endormie feuilletant de pages en pages, de lignes en lignes, de mots en mots, simple promenade en leur Vie….
Comment by 10Douze27 — 5 septembre 2016 @ 11:10
L’image devenait de plus en plus petite, de plus en plus évanescente, le ciel se confondant avec les feuilles, les nuages avec le soleil, la pluie avec la terre et le livre, le livre dont elle tournait les pages, une à une… Et comme les mots disparaissaient de sa vue, laissant une petite musique dans l’esprit et dans l’âme, un visage s’estompait, pour son plus grand soulagement, mais toujours tournant les pages du livre à écrire, elle se dit et répéta qu’il valait mieux ne pas trop y songer.
Mais elle n’avait pas encore retrouvé la force de concentration dans la lecture.
Par quoi faudrait-il commencer, pour cela ?
Comment by Pivoine — 7 septembre 2016 @ 4:31
Un après-midi qui s’efface
Le souvenir pour toute trace
De tout ce que nous avons perdu
À force de ne penser qu’à nous
Il n’y a rien de plus universel
Qu’un arc-en-ciel, une hirondelle
Une tendre caresse du vent
Le rire heureux d’un enfant
Parfois on dit qu’on manque de rose
D’un peu d’amour ou d’autre chose
Alors qu’il nous faudrait presque rien
Pour apaiser tant de chagrins
Un vieux bouquin pour seul ami
Les bras d’un arbre pour seul abri
Et voilà que pour un bon moment
J’oublie l’inépuisable course du temps
Comment by Armando — 11 septembre 2016 @ 1:53