En vos mots 312
Pour l’En vos mots de ce dernier dimanche de mars, le premier de l’heure d’été pour le continent européen, j’ai eu envie de vous offrir une scène livresque différente de toutes celles auxquelles vous avez eu droit jusqu’ici.
C’est ainsi que j’ai pensé à l’artiste tchèque Barbara Issa Wagnerova, à l’imagination débordante, que je vous invite d’ailleurs à visiter.
Puisse sa toile vous inspirer quelques lignes. En vers ou pas. Il n’y a pas de règles au pays de Lali. Et comme le veut l’habitude, les textes déposés seront validés dans une semaine et pas avant.
D’ici là, bon dimanche et joyeuses Pâques!
Benjamin m’a dit
Que pour déguiser son ennui
Il s’inventait des nuits d’été
Des berceuses pour les fées
Et que quelquefois il racontait aux nuages
Ses plus beaux rêves, jolis voyages
Benjamin m’a dit
Que pour mieux vivre sa vie
Il écrivait des histoires secrètes
À l’encre bleue des poètes
N’ayant pour seule fortune
que les reflets d’argent de la lune
Benjamin m’a dit
Qu’il n’avait pas d’autres amis
Que la tristesse solitaire des anges
Et des livres accrochés comme du linge
Qui rêvaient d’être un jour caressés
Par des petits enfants émerveillés
Benjamin m’a dit
Que la vie est comme un fruit
Qu’on déguste chaque jour
Et que puisqu’il n’y aura pas de retour
Nous avons le tort de grandir
De ne pas nous voir vieillir
Benjamin m’a dit
Que vivre n’est qu’un cri…
Comment by Armando — 4 avril 2013 @ 10:50
SUR LE TOIT DU LIVRE
Aux hauteurs perspectives sont les grands étendages, aux hauteurs perspectives du livre du matin.
Je lis, vous lisez, dans la ville des grandes maisons à épingle, où l’on met à sécher les lettres sur un fil.
Nous dépassons la bure du Monarque, suspendue, toute brunie, avec deux écharpes de mots qui s’échappent, du côté :
Ah, comme le geste de la femme sait jauger l’horizon !
Nous dépassons la bure de la Reine, suspendue, toute brunie, avec deux échardes de mots qui lézardent, à côté :
Ah, comme l’évasion de l’homme sait réduire l’horizon !
Et peut-être que la proportion ne range-t-elle pour la femme que la hauteur de l’homme, et qu’elle ne soit perdue. Qu’elle ne soit jetée aux vents.
Aux pleurs des grands géants ignares sur le ciel bleu des lignes délavées du livre.
Et puis quoi ? N’y a-t-il donc plus aucun toit pour s’évader de la maison délaissée ?
Comment by Cavalier — 6 avril 2013 @ 5:00
LUSTUCRU C’EST LA CRUE
Cauchemardesque! Ah quelle nuit!
La grande rivière sort de son lit.
Son eau envahit le village.
Elle grimpe jusqu’au premier étage.
Tous nos beaux livres sont détrempés.
On monte les meubles jusqu’au grenier.
Le printemps nous prend en otage
Pour commencer son grand ménage.
La crue nous fait un pied de nez
Puis s’en retourne se coucher.
Comment by Puff — 6 avril 2013 @ 7:07