Lali

15 juin 2012

Direction Trois-Pistoles

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:51

Je ne vous cacherai pas que j’ai dévoré les 100 premières pages du pavé que constitue Sur la 132 tant j’avais hâte de voir dans quelle aventure allait nous embarquer Théo, le héros, voire l’alter ego, imaginé par Gabriel Anctil. Je ne tairai pas non plus le fait que c’est avec beaucoup moins d’enthousiasme que j’ai lu les 400 qui ont suivi.

Je me réjouissais pourtant de partir à la conquête de la région en compagnie de Théo, riche publiciste décrocheur qui en avait marre de la vie insipide qu’il menait. Lui qui n’avait jamais eu froid aux yeux et à qui tout avait toujours réussi en a eu marre. Tout simplement. Et suffisamment pour laisser derrière lui le clinquant de tout acabit. Question de se refaire une santé. De vivre selon des valeurs qui n’existent pas dans le milieu de la publicité où les loups se mangent entre eux.

Il prend donc la route et s’installe dans une maison au bord de la 132 qu’il a louée à partir d’une petite annonce. C’est ainsi qu’il se retrouve à quelques kilomètres de Trois-Pistoles, ville qu’a quittée son grand-père maternel autrefois pour Montréal. Or, Théo n’a jamais été plus loin que Québec. Il n’a aucune idée de ce qui se passe au-delà de cette limite pas plus qu’il ne sait comment vivent ceux qu’ils s’apprêtent à côtoyer.

Il l’apprendra assez vite, car tout se sait dans les régions et bien vite chacun voudra faire connaissance avec cet étrange, du voisin d’en face aux plus éloignés en passant par les commerçants et la serveuse d’un des deux bars du coin. Et il nous le racontera dans les moindres détails. Probablement parce qu’il n’en revient pas de se retrouver au cœur d’un microcosme qui semble épargné par la recherche de la réussite.

Mais c’est peut-être un peu trop. Un peu trop de bière, de baloney, d’herbe, de matchs de hockey, de soirées de beuveries de toutes sortes. Un peu trop de détails, lesquels nous donnent l’impression d’une caricature ou d’un remake de Bienvenue chez les Ch’tis, façon roman et à la sauce québécoise.

Le résultat est un roman qui n’en finit plus de s’étirer et dont la surenchère de détails n’apporte rien de plus au lecteur qu’un profond agacement qui n’a d’égal que celui qu’il éprouve devant certains dialogues qui occupent des pages et des pages, si nombreux qu’on se demande s’ils n’occupent pas à eux seuls plus des deux tiers du roman.

J’avais pourtant dévoré les cent premières pages de Sur la 132. Je ne m’attendais pas du tout à ce que Théo se transforme en Philippe Abrams (le postier campé par Kad Merad) et adopte toutes les habitudes de ceux qu’il commence par dénigrer au point de devenir un des leurs.

« Qui trop embrasse mal étreint », dit un proverbe. Il est hélas approprié en ce qui concerne Sur la 132, un roman beaucoup trop long, bavard, caricatural à l’excès, dont il ne reste qu’un mal de tête propre au lendemain de brosse. Normal, puisque le roman relate le parcours du narrateur d’une soirée bien arrosée à une autre…

Texte publié dans

Titre pour le Défi Premier Roman

2 commentaires »

  1. Critique très argumentée ! 🙂

    Comment by Anne — 16 juin 2012 @ 6:25

  2. Ah ben c’est ballot! La couverture me paraît séduisante, le pitch intéressant… dommage que ça parte un tout petit peu trop dans tous les sens. Bon, un premier roman de 500 pages, on peut effectivement se demander si l’auteur n’aurait pas été bien inspiré de tailler un peu dedans, ne serait-ce que pour apprendre à être efficace…

    Comment by DF — 16 juin 2012 @ 9:29

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