Lali

1 décembre 2010

Une nouvelle touchante pour d’autres beaucoup moins

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:10

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Je n’avais entendu que du bien à propos de l’écrivain belge Xavier Deutsch, si bien que j’avais hâte de me plonger dans son recueil de nouvelles intitulé Le tilleul Stalingrad. Or si la nouvelle éponyme qui ouvre le livre m’a énormément plu, il n’en est pas de même en ce qui concerne les autres. Autant j’avais été touchée, autant je suis restée froide à mesure que je passais de l’une à l’autre jusqu’à pousser un soupir de soulagement quand est arrivée la dernière page.

Et pourtant, l’écriture de Xavier Deutsch est sans contredit d’une grande maîtrise. Mais on n’arrive pas à s’attacher aux personnages, hormis — et je le répète— dans la première nouvelle. Ce n’est donc pas avec ce recueil de Xavier Deutsch que je deviendrai une inconditionnelle de cet auteur reconnu qui a reçu plusieurs prix littéraires. Mais je ne m’arrêterai pas à celui-ci avant de me faire une opinion définitive, promis. Affaire à suivre, donc.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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25 novembre 2010

Un jeu qui tourne mal

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C’est un tout petit livre (une soixantaine de pages) que nous offre l’écrivain Bart Moeyaert avec Oreille d’homme. Un auteur que j’ai découvert récemment et dont je vous ai parlé ici.

Dans ce roman destiné aux jeunes, on retrouve des enfants qui, à cause d’une dispute familiale, deviennent inséparables. En fait, cousin et cousine se suffisent à eux-mêmes et deviennent l’un pour l’autre cette part manquante qui leur était nécessaire pour exister. Enfin, c’est ce qu’ils croyaient jusqu’à ce que la famille se trouve à nouveau réunie à cause d’un enterrement et que Nisse montre son vrai visage. Un visage dur, voire monstrueux et même cruel. Un visage qui changera la donne du tout au tout et qui donnera aux lecteurs matière à réfléchir. Il est parfois des jeux qui vont trop loin et Bart Moeyaert nous le montre ici sans détour mais avec juste assez de subtilité.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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23 novembre 2010

Carrière solo, pour ne plus être une marionnette

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Décidément, l’auteur belge Nicolas Ancion, dont je vous déjà parlé deux fois récemment (à savoir ici et puis ) fait tout pour que je lise tous ses livres!

Son humour décapant, les belgicismes qu’il dépose au hasard des pages, son imagination sans bornes, tout est là pour faire de Carrière solo un roman qui saura plaire à nombre d’ados en démystifiant le beau monde du show-business qui n’est pas si beau que ça quand on voit comment on peut fabriquer un groupe à partir de rien et en manipulant la presse. Tel est en quelque sorte la toile de fond de ce roman qui raconte la fugue de Michaël qui en a marre d’être une marionnette au sein d’un groupe de quatre garçons qui se trémoussent sur scène afin que jeunes demoiselles (et leurs mères) en redemandent. Une fugue qui le mènera chez son ami Tony, en banlieue de Liège, et qui le sauvera de sa propre vie dans laquelle il n’est pas heureux. Un livre qui écorche le star système — ce qui n’est pas pour me déplaire — tout en étant un beau roman sur l’amitié. Un livre qui vous donne envie de vous étendre dans un champ pour regarder le ciel tandis que les vaches broutent tout à côté. Une envie de Michaël qui deviendra la vôtre si d’aventure vous parcourez ce roman au rythme enlevant où tout bouge plus vite que le Thalys!

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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22 novembre 2010

Un album pour suivre le parcours d’une lettre

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Quel bel album que celui proposé par l’artiste belge Catherine Fradier. Un album plein de tendresse qui raconte l’histoire d’une lettre couverte de cœurs qui va traverser la planète pour atteindre son destinataire. Non sans s’arrêter ici et là en passant de main à main.

Un album qui raconte le parcours d’une lettre. Tout simplement. Un bien bel album à ajouter à votre liste d’incontournables si vous avez de petites mains à gâter dans votre entourage. Il saura vous ravir tout autant que celui ou celle à qui vous l’offrirez.

Et si vous avez envie de faire plus ample connaissance avec Catherine Fradier, n’hésitez pas à parcourir son blog plein d’humour.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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18 novembre 2010

Quand adolescence rime avec secrets

Filed under: Mes lectures belges,Pour petites mains,Vos traces — Lali @ 19:10

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C’est au bord d’un lac, là où s’échangent des secrets, en douze scènes, que se déroule Embrasse-moi de Bart Moeyaert, natif de Bruges, un roman destiné aux ados. C’est là que Molly et la Fausse Blonde doivent faire part l’une à l’autre d’un secret. Mais la seconde se défile, ce qui donne lieu à la déception, la rancœur et tout ce qui peut agiter le cœur d’une adolescente peu entourée, laissée pour compte à cause de son obésité et qui espérait autre chose que cette fuite.

Un roman qui a le ton du secret tout en étant là son thème, tel était le défi de cet auteur prolifique. Un roman qui commence par nous dérouter, mais qui peu à peu nous emmène avec finesse dans les terres retranchées de l’adolescence dont nous ne sommes pas si loin, malgré tout. Celle des amitiés qui égratignent, celle du mal de vivre, celle des blessures jamais refermées. Un roman qui dévoilera son secret, tout comme son titre, à la toute fin.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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16 novembre 2010

Quand Sternberg se prend pour Dieu

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:42

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La déception

Le premier jour, Dieu se créa lui-même. Il fallait bien un commencement à tout.
Un commencement qui le laissait insatisfait. Il était assez lucide en effet pour juger qu’il aurait pu être plus réussi. Physiquement et moralement surtout, car il se trouvait bourré d’insupportables défauts. Parmi lesquels la vanité, la susceptibilité, l’agressivité, l’intolérance, la mesquinerie et la cruauté.
Pour se prouver qu’il n’était pas dupe de lui-même, il se fit un plaisir de créer l’homme à son image.

C’est sur ce ton incisif, ironique, parfois même cynique et caustique que se déploient les nouvelles mises en scène par le non moins mordant Jacques Sternberg qui est, selon moi, l’un des auteurs incontournables de la littérature belge, dans un recueil qui souligne l’omniprésence de Dieu. Et comme c’est toujours le cas avec Sternberg, ce qui fait qu’on aime ou pas, il y a des allers et venues dans le temps, quelques textes fantastiques, mais, et il faut le souligner car c’est là la force de cet Anversois de naissance, des traits d’imagination irrésistibles qui font qu’on rit jaune et qu’on grince des dents.

Ceux qui me lisent depuis un moment savent que j’aime cet auteur. Je l’ai d’ailleurs exprimé ici et , en plus de lui consacrer le dimanche 6 juin 2010.

C’est donc enchantée que j’ai déposé Dieu moi et les autres. Un des rares titres de cet auteur qu’il me restait à lire et que je recommande à ceux qui apprécient l’humour noir et le fantastique. Et qui ne crieront pas au meurtre parce que Dieu est égratigné au passage.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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10 novembre 2010

Paris, vers 1910

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:45

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C’est à Paris, autour de 1910, que se déroule l’action de Villa des Roses de l’auteur belge Willem Elsschot, plus précisément dans une pension tenue par un couple venu de province et où vivent des personnages de tous les horizons, des Français comme des étrangers et aucun Belge.

Certains sont là depuis longtemps, certains sont de passage, tous ne paient pas le même tarif et d’autres ne fréquentent la pension qu’aux heures de table. Ce sont ces petites histoires qui les lient, qui lient la logeuse (son mari est occupé par un procès qui dure des années et ne lui apporte aucune aide) à ses pensionnaires qui nous sont racontées finement. Des histoires qui prennent une autre tournure alors qu’arrive Louise, la nouvelle bonne et qui fera de ce roman aussi un roman d’amour.

Un roman d’époque, un roman de mœurs aussi, lequel a inspiré un film en 2002 qui a servi à la couverture du livre au moment de la réédition. Un roman qui vous fera sourire tant les personnages ont ceci de caricatural qu’on a l’impression de les connaître depuis toujours et d’être en mesure de prévoir leurs faits et gestes. Un roman qui invite lire d’autres titres de cet auteur qu’on commence à redécouvrir.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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6 novembre 2010

Une bonne dose de surréalisme belge

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:58

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Si le surréalisme belge et les belgicismes ne vous font pas peur, Écrivain cherche place concierge de Nicolas Ancion est tout à fait pour vous! Et si de plus, vous aimez être transportés dans un monde où toutes les balises habituelles ont été effacées, ce livre est encore plus pour vous! Mais si vous êtes du genre à avoir besoin d’avoir les pieds bien sur terre en continu, ce livre n’est vraiment pas pour vous.

Avertissement fait, passons aux choses sérieuses. Ou plutôt non. Car il n’y a rien de sérieux dans ce roman qui débute par une petite annonce que place un écrivain sans le sou et à court de début de livre mais non d’idées dans un journal. Une annonce qui trouvera preneur au bout de deux semaines et qui le fera débarquer en pleine campagne afin de devenir le gardien d’un château. Rien de moins! Mais c’est sans compter sur la présence d’un lapin en peluche, d’un ours qui adore le chocolat, surtout entre les repas et de manchots et phoques vengeurs alors que Victor, l’écrivain transformé en gardien, aspire à la tranquillité afin d’écrire et de rêver aux filles. Rappelez-vous, j’ai parlé de surréalisme!

Donc, si vous aimez ne pas savoir où vous allez, ce livre est tout à fait pour vous. Vous ne vous ennuierez pas une seconde. Vous y croiserez même un policier très avenant qui laisse sa carte de visite à Victor en lui disant ceci : « Et quand vous aurez terminé votre travail, je suis prêt à le relire pour les fautes d’orthographe. Je suis très calé dans ce domaine, j’en fais moi-même beaucoup. »

Nicolas Ancion, un auteur à découvrir en parcourant son blog et dont je vous avais déjà parlé ici. Et dont je vous parlerai sûrement encore!

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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4 novembre 2010

Bruges plus qu’une toile de fond

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:52

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Un roman dont le personnage principal n’est ni Hugues Viane, ni son épouse disparue, ni son sosie dont il s’entiche, mais une ville, tel est le roman de l’écrivain belge Georges Rodenbach (1855-1898). Une ville : Bruges. Bruges où tout est mort, où tout s’enlise, Bruges la religieuse, Bruges à la fin du XIXe siècle, où chacun sait tout sur tout le monde et où le commérage va bon train.

Bruges où s’est exilé Hugues Viane depuis son veuvage il y a cinq ans et où chaque jour il caresse du bout des doigts ce qui a appartenu à l’aimée. Bruges dont il parcourt chaque soir les rues. Bruges où le temps semblait s’être arrêté, Bruges où il n’y avait que le passé et plus d’avenir, Bruges où il s’éteignait dans la nostalgie. Bruges où, au détour d’une de ses promenades, il croisera Jane, dont tout lui rappelle ce qu’il a perdu. Tant et si bien qu’elle l’obsédera jusqu’à ce qu’il la retrouve. Non pas pour effacer le passé, mais pour le prolonger. Car à ses yeux aimer Jane n’est pas trahir dix ans d’amour ni celle qui les lui a donnés mais bien l’occasion d’aimer encore pas tout à fait la même, mais pas tout à fait une autre.

Mais Jane n’est pas celle qu’il a épousée. Et s’il en a fait sa maîtresse en l’installant dans une maison à l’autre bout de la ville, c’est justement pour ne pas qu’elle entre tout à fait dans sa vie, pour ne pas qu’elle remplace celle qu’il a perdue. Et plus il se rend compte des différences qui existent entre les deux femmes, plus il se sentira trahi. Et plus Bruges le prendra dans ses bras, lui fera comprendre son erreur d’un lieu de pèlerinage à un autre, là où il trouve refuge alors que sa vie se désagrège sous le poids des regards, celui de Jane, le sien, et de tous les autres dont il voudrait bien se cacher.

C’est Jane elle-même qui signera sa fin. Inconsciente. Dans un geste qui ne pouvait qu’en attirer un autre.

Un roman puissant qui a inspiré en 1920 au compositeur autrichien Erich Wolfgang Korngold l’opéra Die tote Stadt (La ville morte), qui connut un succès dès sa parution en feuilleton et qui fit de Georges Rodenbach le premier écrivain belge à réussir dans la capitale française, lequel vous pourrez apprendre à connaître davantage en visitant le site qui lui est consacré. Un roman marquant de la littérature belge et à juste titre considéré comme un chef-d’œuvre du symbolisme.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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2 novembre 2010

Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:18

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Courage, folie, curiosité, probablement tout ça et une envie de comprendre ont poussé Nicole Malinconi à rencontrer Michelle Martin, l’épouse et la complice de Marc Dutroux, emprisonnée à Namur, cette dernière ayant en tête d’écrire un livre.

Mais ce livre ne sera jamais écrit. Seul existera celui de Nicole Malinconi, Vous vous appelez Michelle Martin, qui relate ici les rencontres des deux femmes. Leurs conversations. Les questions auxquelles l’une tente d’échapper et les réponses que l’auteure n’aura jamais.

Un livre difficile parce qu’un sujet difficile. « Au fond, pourquoi écrire cela? Est-ce que je le sais? Est-ce que la raison peut même être posée, sans distinguer entre vous et moi? Je pense : ce qui s’est passé fait écrire, quoi qu’il arrive, parce qu’il y a une nécessité à écrire, comme intransigeante, comme imposée par le terrible de ce qui arrive, faisant que ce terrible sera dit, ne pourra plus passer inaperçu » affirme l’auteure en s’adressant à celle qui se veut une victime.

Mais ce n’est pas elle la victime, même si elle tente de le faire oublier à celle qui l’écoute en racontant son enfance malheureuse. Comme si toujours le pourquoi de ceci expliquait le cela. Et l’auteure ne se laisse pas prendre au jeu. Ce livre n’est pas un plaidoyer en faveur de Michelle Martin. Ce n’est qu’un constat, qu’une suite d’échanges d’où les remords sont absents, même si l’auteure a tenté à maintes reprises de sortir autre chose d’elle que des faits.

Un livre difficile, oui. À ne pas mettre entre toutes les mains, non plus. Mais dont je sors soulagée : il n’aidera pas à faire de Michelle Martin autre chose que ce qu’elle est, à savoir une coupable consentante.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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