Lali

20 décembre 2008

Anecdotes de libraire 33

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 10:26

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C’était il y a trois ans. Je vivais mes dernières semaines comme libraire et je ne le savais pas encore. Il n’y avait rien dans l’air qui annonçait que cette vie-là allait se terminer. Ou s’il y avait quelque chose, je ne le sentais pas ou mon subconscient se refusait à le voir. Curieusement, le souvenir de ces dernières semaines se dissipe. Je ne me rappelle plus quels titres avaient la faveur du public cette année-là, hormis la série Harry Potter et la trilogie de Marie Laberge. Comme si tout s’effaçait peu à peu, sauf quelques souvenirs qui ont la vie plus tenace et qui remontent à la surface au détour d’un titre ou d’un visage.

C’était il y a trois ans. Allait s’achever un vendredi de janvier un quart de siècle d’une vie que désormais je ne regrette plus et dont il me restera toujours des anecdotes à partager.

*sur une toile de Raymond Olivere

2 décembre 2008

Anecdotes de libraire 32

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Je n’ai jamais compris pourquoi ça se passait ainsi. Pourquoi à Noël les gens offrent tous les mêmes livres. Ceux à la mode. Ceux dont on parle. Si bien que la question qui revient en tout temps est de savoir si le livre pourra être échangé si la personne le reçoit deux fois – ce qui risque fort bien d’arriver quand on achète ce que tout le monde achète.

La question devrait pourtant être toute autre. Le livre plaira-t-il? Ai-je fait le bon choix? Y aurait-il quelque chose que je pourrais faire découvrir à qui j’offre un livre? N’y aurait-il pas un auteur que j’aime et que je voudrais faire aimer? Est-ce que je devrais choisir un livre qui se déroule dans une ville que cette personne aime? Et je pourrais continuer des heures à trouver de bonnes raisons pour choisir un livre.

Mais me reviendra toujours celle-ci. Pourrais-je le rapporter si jamais la personne l’a eu deux fois? Triste constat.

*sur des toiles de Teresa Salvatierra

15 novembre 2008

Anecdotes de libraire 31

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Nul ne peut prétendre connaître le poids des mots s’il n’a été libraire un jour. Seuls ceux qui ont transporté des caisses de dictionnaires savent combien le savoir peut peser lourd. Les Petit Larousse arrivent par caisses de huit, les Robert par caisse de dix.

*toile de Robert Beck

4 novembre 2008

Anecdotes de libraire 30

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Il a suffi d’un hasard de la vie, même si je ne crois pas trop au hasard mais plutôt à des rendez-vous qu’on n’avait pas prévus. Un de ces moments où vous basculez dans vos souvenirs parce que se trouve là, à votre table, à cette soirée d’anniversaire où vous ne connaissez pratiquement personne, quelqu’un que vous avez croisée souvent et qui fait partie de cette vie que vous n’oublierez jamais. Je parle, bien entendu, de cette vie de libraire qui a été la mienne pendant un quart de siècle et qui, toujours, me collera à la peau.

Il a suffi qu’elle soit là pour que tout d’une autre vie remonte à la surface. Surtout les gens. Ces gens du livre qui étaient les miens et dont j’ai pris des nouvelles. Ces gens qui me manquent, malgré cette vie qui ne sera plus jamais la mienne. Ces gens que j’ai plus que côtoyés.

Et je suis rentrée heureuse. D’un rendez-vous non prévu est né un vrai rendez-vous. Au salon du livre de Montréal dans deux semaines et demie. Pour le verre de l’amitié avec ceux que je n’oublierai jamais. Et qui, je crois, ne m’oublieront jamais.

*toile de Mike Eramdjian

30 octobre 2008

Anecdotes de libraire 29

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Il y a toujours en moi une libraire qui sommeille et probablement en sera-t-il toujours ainsi. Si bien que je ne peux m’empêcher de regarder les titres des livres que les gens lisent où que je sois. C’est plus fort que moi. Et je constate que les romans policiers ont toujours la cote, comme toutes les sagas en plusieurs tomes, et encore plus les faits divers. Les faits divers? Je réunis sous cette appellation ce que d’autres appellent les faits vécus et les autobiographies de ceux et celles qui trouvent dans l’étalage de leur vie personnelle une raison d’exister.

Je suis cynique? Ironique? On ne peut que l’être quand on constate que l’ex-maîtresse d’un ministre du gouvernement fédéral, après avoir étalé ses charmes à la lune dans des robes très glamour, étale maintenant tous les détails croustillants ou pas de sa vie privée pour se justifier d’être ce qu’elle est. On ne peut que l’être quand on voit une ex-star sortir des boules à mite de la mémoire collective pour raconter ce qui lui est arrivé de terrible et d’horrible pendant ces années sombres où elle a quitté l’affiche et les affiches. On ne peut que l’être quand on se rend compte que la collection des faits divers a remplacé dans certaines librairies les rayons philosophie ou poésie, ou les deux.

*sur une toile de Jean-Pierre Henaut

27 octobre 2008

Anecdotes de libraire 28

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Ils auront beau utiliser tous les il et tous les elle du monde, les écrivains et leurs personnages seront toujours pris l’un pour l’autre et à jamais indissociables. Et pourtant, combien sont différents les héros des romans et ceux qui les créent. Très souvent, même si pas toujours. Je ne m’aventurerai pas à dire la plupart du temps, mais très souvent oui.

Et pourtant. Combien de fois ai-je entendu des conversations pour le moins étonnantes où un lecteur me parlait du mal de vivre d’un écrivain, parce que le personnage de son plus récent roman en souffrait et qu’il ne faisait pas la différence entre les deux? Combien de fois aussi ai-je vu des auteurs décevoir certains lecteurs parce qu’ils ne ressemblaient pas à leurs héros? On n’a jamais demandé à Renoir de ressembler à une de ses lectrices bien en chair…

Pourquoi faudrait-il donc qu’un écrivain et son personnage principal ne fassent qu’un? Voilà quelque chose que je ne saisis pas. Comme si le seul fait d’écrire devait faire écrire sur soi, parler de soi, développer autour de soi. Et la fiction dans tout ça? Et le regard observateur du créateur auquel le peintre a droit, pourquoi devrait-il être retiré de l’écrivain?

Peut-être serait-il temps de lire un livre comme on regarde un tableau? En oubliant ce qu’on sait de l’auteur ou ce qu’on ne sait pas, pour simplement se laisser porter par ce qu’il raconte et son style?

*sur une toile de Mark Laguë

22 octobre 2008

Anecdotes de libraire 27

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 5:42

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J’ai toujours été fascinée par le fait que les gens ne retiennent pas ce qu’ils devraient retenir, mais par tous des détails qu’ils déforment. Je fais ici référence aux clients des librairies qui, j’en suis quasi certaine, sont des copies conformes de ceux qui fréquentent les boutiques de disques et qui peuvent décrire sans peine la robe de la chanteuse dont ils ne savent pas le nom, qui chantait une chanson dont ils ne savent pas le titre non plus.

Ainsi, combien de fois les clients des librairies vous résumeront-ils des résumés qu’ils ont lus en arrangeant l’histoire à leur manière de telle sorte qu’elle n’aura plus rien à voir avec celle du départ? Combien de fois aussi faudra-t-il que le libraire, au hasard des renseignements, trouve celui qui pourra le mener au livre en question à force de décortiquer l’un ou l’autre de ceux-ci?

Oui, je serai à jamais fascinée par ces gens qui oublient l’essentiel et qui vous raconteront aussi pendant trois heures un film qui en durent deux et dont ils ont aussi oublié le titre.

*toile de Pam Mayos

23 septembre 2008

Anecdotes de libraire 26

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 6:07

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Parfois je repense à certains clients. Tout simplement parce que j’ai récemment fait un tour chez mon libraire et que sont installées sur les tables des sagas en cours ou terminées. Tout de suite, j’ai pensé à certaines personnes qui adoraient les sagas, qui attendaient la suite avec impatience et auxquelles je téléphonais quand celle-ci paraissait. Et je crois bien que j’ai souri. Parce que je n’ai jamais vraiment tout à fait compris cet engouement pour des séries qui ne finissent jamais (ou presque). Parce que je me lasse des mêmes personnages à la longue. Oui, j’ai souri. Je ne suis plus là pour suivre tout ça, mais les séries et sagas en tout genre pullulent plus que jamais, et je n’ai pas à retenir les titres, et je crois que c’est cette idée qui m,a fait sourire.

*toile de Kay Stanford

9 septembre 2008

Anecdotes de libraire 25

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 7:01

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J’ai été étourdie. Il est vrai que je n’étais pas allée chez mon libraire depuis juillet, lui préférant la bibliothèque et une librairie d’occasion. Et j’ai été étourdie comme je l’étais quand je voyais arriver septembre et ses caisses de nouveautés. Tous ces livres pour lesquels il faudrait faire de la place en tuant ceux qui étaient là et qui avaient eu la vie trop courte. Si courte que je les découvrais alors que leurs jours étaient comptés.

J’ai tourné quelques pages. J’ai attrapé celui qui faisait envie à maman pour lui faire surprise. Je suis allée au comptoir des réservations chercher le livre conseillé par Agnès. Et j’ai encore tourné quelques pages. La tête me tournait. Autant j’avais aimé ce métier, le contact avec les gens, autant je n’aime toujours pas que les livres disparaissent des rayons avant d’avoir vécu.

*toile de Sol Okpu

4 septembre 2008

Anecdotes de libraire 24

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 23:27

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Fin d’après-midi, j’ai reçu un appel de la librairie. Le livre que m’a conseillé Agnès est arrivé. Joie. Grande joie.

De plus, je me réjouis d’avance de la petite marche pour aller le chercher, de l’instant où je le caresserai du bout des doigts, du moment où je rentrerai pour en savourer quelques pages.

Et cet événement m’a rappelé d’autres moments de joie. J’étais si heureuse de téléphoner pour annoncer que le livre attendu était arrivé, surtout quand il avait été long à venir, parce que le distributeur ne l’avait pas en stock et qu’il fallait qu’il le commande d’Europe. Ou parce que c’était un livre qui n’était pas encore paru ici et que je surveillais son arrivée pour quelqu’un qui serait heureux.

Éprouvent-ils la même joie les libraires d’aujourd’hui ou est-ce pour eux une corvée de faire tous ces appels? Il faudra que je pose la question.

*toile de Patrick Hughes

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