Fleurs du midi 5
Lassitude
Il est de ces longs jours d’indicible malaise
Où l’on voudrait dormir du lourd sommeil des morts;
De ces heures d’angoisse où l’existence pèse
Sur l’âme et sur le corps :
Alors on cherche en vain une douce pensée,
Une image riante, un souvenir fécond;
L’âme lutte un instant, puis retombe affaissée
Sous son ennui profond.
Alors tout ce qui charme et tout ce que l’on aime
Pour nos yeux dessillés n’a qu’un éclat trompeur;
Et le bonheur rêvé, s’il vient, ne peut pas même
Vaincre notre torpeur.
Louise Colet, Fleurs du midi
*choix de la lectrice de Camille Pissarro